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SIGHTINGS
MESURES

Inauguré en 2012 à l’occasion du 50e anniversaire de la collection permanente de la Galerie Leonard & Bina Ellen, le programme d’expositions satellites SIGHTINGS a été conçu comme une plateforme d’expérimentation et de réflexion critique afin de questionner les possibilités et les limites de l’espace du « cube blanc » moderniste. Ce programme est associé à un module de présentation cubique situé dans un espace public de l’université, que des artistes et des commissaires sont invité.e.s à investir en proposant de nouvelles stratégies de monstration artistique.

La programmation 2020-2021 de SIGHTINGS prend place à l’extérieur des limites du pavillon Hall de Concordia pour se déployer en ligne en réponse aux enjeux du cube dont le format est repensé en un site ouvert et virtuel. Le cycle de projets explorera la notion de mesure – comme un moyen de négociation, de calcul et de représentation de zones intermédiaires insaisissables. La mesure est souvent définie comme un indicateur abstrait ou un ensemble d’actions et de procédures réglementaires conçues et implantées afin de gérer, prévenir ou redresser une situation : avec le temps, les nouvelles mesures deviennent les pratiques standards par défaut. La présente édition de SIGHTINGS considère la mesure comme une façon d’interpréter et de comparer les agents, subtils ou moins subtils, qui imprègnent indistinctement les êtres, les espaces et les choses, qui les lient de façon invisible et régit leurs relations; ce qui détermine la distance et la proximité, l’accès et l’isolement.

Le programme SIGHTINGS est élaboré par Julia Eilers Smith.

SIGHTINGS 31
What is a weed ?
Makandal/Tagny, What is a weed, capture d’écran, 2021.
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Io Makandal est une artiste interdisciplinaire qui vit à Johannesburg, en Afrique du Sud. Sa pratique, axée principalement sur le dessin, la photographie, les matières organiques et l’installation, s’intéresse aux incarnations féministes et environnementales des processus, de l’entropie, de l’opposition binaire entre nature et artifice, entre vie et mort, au sein d’écologies urbaines et d’espaces hybrides, dans un contexte de transition environnementale. 

Eve Tagny est une artiste qui vit à Tiohtià:ke/Montréal. Sa pratique se penche sur les rapports entre le cheminement du deuil et les rythmes, les cycles, les formes et les matériaux de la nature en tant que modèles par excellence pour inspirer le renouveau. Oscillant entre l’écriture, la photographie, la vidéo et l’installation, son travail explore les multiples chemins de la résilience empruntés par des communautés culturellement hybrides afin de se défaire d’un patrimoine colonial et patriarcal, et de concevoir des avenirs durables.

1er février – 16 mai 2021   

Un projet collaboratif en ligne coréalisé par Eve Tagny et Io Makandal   

« What is a weed?
 Oh, what is a weed? » — Julian Bannerman, Great Gardens: Trematon Castle

Une mauvaise herbe
se définit comme une plante qui pousse librement là où elle n’est pas désirée. Cette dénomination se fonde donc sur une perception humaine de ce qui est désirable dans un contexte donné, plutôt que sur des caractéristiques propres à la plante.

Les pratiques liées à la végétation, telles que l’aménagement paysager et le jardinage, ont longtemps représenté une velléité de contrôle et de conditionnement de la nature, un désir de la dompter et de l’assujettir à l’utilisation humaine de l’espace. Le geste de désherber les plantes indésirables fait partie intégrante de ces pratiques. Quel avantage y aurait-il, dès lors, à renoncer à notre contrôle sur ces indésirables ? S’agirait-il là d’un terrain pour ensemencer une révolution de réensauvagement, une résistance tranquille ou s’agit-il d’une utopie inatteignable?

Une mauvaise herbe,
une plante dénigrée, déracinée, et pourtant, une plante qui pousse, voire s’épanouit dans des zones aux sols troubles, formant un terrain d’entente avec les autres, leurs racines robustes telles de petites guérisseuses soignant les blessures de la terre appauvrie.

Lorsqu’on leur permet de survivre dans l’environnement urbain, les mauvaises herbes revendiquent les espaces mitoyens, l’entre-deux, le surplus – le « Tiers paysage », tel que décrit par l’auteur et jardinier Gilles Clément.

Les mauvaises herbes,
connues pour leur croissance vigoureuse, parfois même agressive, peuplent ces nouveaux territoires de la nature, un terreau fertile pour réfléchir à l’adaptabilité et la résilience sur des territoires contestés.

 

What is a weed? vise à cartographier, suivant une méthodologie collaborative et transcontinentale, un tiers paysage axé sur les plantes, où les mauvaises herbes peuvent servir de guide à des réflexions explorant des enjeux de désirabilité, de flux migratoires, de colonialisme botanique, de scissions entre corps et nature et de tensions entre environnements organiques et synthétiques.

 

Traduction Luba Markovskaia    

Io Makandal est une artiste interdisciplinaire qui vit à Johannesburg, en Afrique du Sud. Sa pratique, axée principalement sur le dessin, la photographie, les matières organiques et l’installation, s’intéresse aux incarnations féministes et environnementales des processus, de l’entropie, de l’opposition binaire entre nature et artifice, entre vie et mort, au sein d’écologies urbaines et d’espaces hybrides, dans un contexte de transition environnementale. 

Eve Tagny est une artiste qui vit à Tiohtià:ke/Montréal. Sa pratique se penche sur les rapports entre le cheminement du deuil et les rythmes, les cycles, les formes et les matériaux de la nature en tant que modèles par excellence pour inspirer le renouveau. Oscillant entre l’écriture, la photographie, la vidéo et l’installation, son travail explore les multiples chemins de la résilience empruntés par des communautés culturellement hybrides afin de se défaire d’un patrimoine colonial et patriarcal, et de concevoir des avenirs durables.

Nous tenons à remercier Alex Nawotka et Carms Ng pour le développement web de ce projet, Charlotte Dion pour son assistance durant la phase initiale, ainsi que Julia Eilers Smith et l’équipe de la Galerie Leonard & Bina Ellen.

Nous souhaitons reconnaître — en tant qu’artistes qui portons ce projet animé par des interrogations sur la nature, le paysage, l’environnement — que nous réalisons ce travail tout en étant situées sur des terres autochtones colonisées.

Alors que nous tentons de reconsidérer et remettre en question nos perceptions sur la nature et les rapports à celle-ci issus de l’idéologie occidentale impérialiste, nous reconnaissons que nous bénéficions de privilèges territoriaux-coloniaux settler. Cette position nous confère un niveau de sécurité qui nous permet d’entreprendre des projets tels que celui-ci, visant le désapprentissage de certains mécanismes et approches nuisibles au façonnement d’avenirs durables et égalitaires.