Peter Mörtenböck and Helge Mooshammer, A World of Matter, 2015. Installation view at the Leonard & Bina Ellen Art Gallery, Concordia University, Montreal. Photo: Paul Litherland

How can art and media practices challenge the anthropocentrism of debates concerning earth's “natural resources”? Comment les pratiques artistiques et médiatiques peuvent-elles remettre en question l’anthropocentrisme des débats concernant les « ressources naturelles » de la Terre ?

Lonnie van Brummelen and Siebren de Haan, Episode of the Sea, 2014.

Ursula Biemann and Paulo Tavares, Forest Law, 2015. Installation view at the Leonard & Bina Ellen Art Gallery, Concordia University, Montreal. Photo: Paul Litherland

Consider the agency of the interface. Your movements are intrinsically linked, so where does "it" end and "you" begin? Examinez l’agentivité de l’interface. Vos mouvements sont intrinsèquement reliés, alors où se termine-t- « elle » et où débutez- « vous » ?

What kinds of beliefs, habits, and conventions are at work in your perceptions? Quels types de croyances, d’habitudes et de conventions sont à l’œuvre dans vos perceptions ?

3D mountain asset available for purchase from the Unity 3D store

Juridical person: Magpie - Muteshekau Shipu River

How might acknowledging situatedness influence how we read rules and regulations, and the texts that seek to explain them? Comment reconnaître que la position située peut influencer la façon dont nous interprétons les règles et les règlements ainsi que les textes qui tentent de les expliquer ?

Rules of Extraction Règles d'extraction

Rules of Extraction is a web-based creative research project realized as part of the Expanding Exhibitions residency at the Leonard & Bina Ellen Art Gallery. It expands on the exhibition World of Matter: Exposing Resource Ecologies (WoM) presented at the Leonard & Bina Ellen Art Gallery in 2015, and co-organized by Krista Lynes and Michèle Thériault.

WoM investigates the complex ecologies of primary materials through a series of research-based exhibitions, events, publications, and a multimedia platform. The project is aimed at decentering the human and recentering interdependence in a departure from, and a critique of, the colonial-capitalist worldview that seeks to assert dominance over more-than-human worlds.

Règles d’extraction est un projet de recherche-création en ligne réalisé dans le cadre de la résidence Déployer l’exposition à la Galerie Leonard & Bina Ellen. Le projet a pris forme en lien avec l’exposition World of Matter : exposer l’écologie des ressources (WoM).

Présentée à la Galerie Leonard et Bina Ellen en 2015 et co-organisée par Krista Lynes et Michèle Thériault, WoM examine les écologies complexes des matières premières à travers une programmation axée sur la recherche comprenant des expositions, des événements, des publications ainsi qu’une plateforme multimédia. Le projet vise à décentrer l’humain et à recentrer l’interdépendance en s’éloignant de façon critique d’une vision du monde coloniale et capitaliste qui cherche à affirmer sa domination sur les mondes « au-delà de l’humain ».

WoM’s diverse mix of artists, scholars, and journalists articulate their critiques using visual source material, inviting an artistic engagement with issues that are loaded and intricate. The art exhibition becomes a medium for activism, a tool for public sensitization, and an inspiring source for further research on its subject matter. The artistic framework allows for different sociopolitical contexts to be put into relation with one another and for a sense of interconnectivity to emerge as the visitor traces how struggles, questions, and grievances related to extractivism are shared worldwide.

Les divers artistes, chercheur·se·s et journalistes faisant partie de WoM articulent leurs critiques à partir de sources visuelles invitant à un engagement artistique envers des enjeux lourds et complexes. L’exposition devient un support pour l’activisme, un outil pour sensibiliser le public et une source d’inspiration pour de futures recherches sur le sujet. Le cadre artistique permet à différents contextes sociopolitiques d’être mis en relation les uns aux autres et de faire émerger un sentiment d’interconnexion alors que le·la visiteur·se constate comment les luttes, les questions et les réclamations liées à l’extractivisme sont partagées à travers le monde.

Planetarity

Central to WoM’s critical and aesthetic strategy is the notion of planetarity, developed by philosopher and theorist Gayatri Chakravorty Spivak. According to Spivak, planetarity calls for radical alterity as an ethical approach, in which “the planet is in the species of alterity, belonging to another system; and yet we inhabit it, on loan.” Spivak invites us to embrace “the defamiliarization of familiar space” as planetarity’s blurry alterity dissolves the distinctions between in and out, us and them, me and you. In Rules of Extraction, water is presented as an embodiment of, and a metaphor for, planetarity. At once pervasive and elusive, it circulates through all forms of life on Earth.

Planétarité

Au cœur de la stratégie critique et esthétique de WoM se trouve la notion de planétarité développée par la philosophe et théoricienne Gayatri Chakravorty Spivak. Selon Spivak, la planétarité appelle à l’altérité radicale comme approche éthique dans laquelle « la planète relève de l’altérité, elle appartient à un autre système; et pourtant nous l’habitons, c’est un emprunt ». Spivak nous invite à embrasser la « défamiliarisation de l’espace familier » alors que l’altérité floue de la planétarité dissout les distinctions entre l’intérieur et l’extérieur, entre eux·elles et nous, entre vous et moi. Dans le projet Règles d’extraction, l’eau incarne et devient une métaphore de la planétarité. À la fois invasive et insaisissable, elle circule à travers toutes les formes de vie présentent sur Terre.

Footnotes

  1. Gayatri Chakravorty Spivak, Death of a Discipline (New York: Columbia University Press, 2003), 72.
  2. Ibid., 77.
  1. Gayatri Chakravorty Spivak, Death of a Discipline, New York, Columbia University Press, 2003, p. 72.
  2. Ibid, p. 77.

Thinking and Mapping with Water

Thinking with water —a loosely-defined methodology for which we draw from the eponymous volume of essays — can help catalyze processes of defamiliarization, as looking to, feeling through, and dwelling within water offer alternatives to the objectification and commodification that define mining practices. Permeating the spaces it encounters, water is a connective agent that is itself permeable. Such responsiveness fosters a sense of interconnectivity, which troubles the hard boundaries that mining companies attempt to draw around their activities. Unanticipated spillages go unaccounted for; fluid seeps between the cracks. Who pays the price when the responsibilities of the mining companies are enshrined in law and end up as a line drawn on a map?

Penser et cartographier avec l’eau

Penser avec l’eau – une méthodologie vaguement définie pour laquelle nous nous inspirons du volume d’essais éponyme – peut aider à catalyser les processus de défamiliarisation, puisque regarder, ressentir et habiter l’eau offrent d’autres possibilités à l’objectification et à la marchandisation qui définissent les pratiques minières. En imprégnant les espaces qu’elle rencontre, l’eau est un agent de liaison lui-même perméable. Une telle réactivité favorise le sentiment d’interconnexion qui trouble les frontières rigides que les entreprises minières tentent de dessiner autour de leurs activités. Les déversements imprévus ne sont pas répertoriés; des fluides coulent entre les fissures. Qui paie le prix quand les responsabilités des entreprises minières sont inscrites dans les lois et qu’elles finissent par n’être qu’un tracé sur une carte ?

Footnotes

  1. Cecilia Chen, Janine MacLeod, and Astrida Neimanis, eds. Thinking with Water (Montreal: McGill-Queen’s University Press, 2013).
  1. Cecilia Chen, Janine MacLeod, et Astrida Neimanis, eds. Thinking with Water, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2013.

Although thinking with water helps to approach planetarity, it also exposes a darker side: one must also think alongside polluted waters, soiled waters, toxic waters. Water is crucial to any extractive mining endeavour—to process the ore being extracted and to filter and discard the waste. In Rules of Extraction, we examine three case studies of extractive mining by Canadian companies through engagement with the waterbodies most affected: we follow the contaminated stream of the Porgera River in Papua New Guinea, the vanishing waters of the Cuilco River in Guatemala, and the waters of Lakes 1 and 2 waiting to be displaced in Eeyou Istchee, northern Quebec, Canada. With these case studies as the grounds for our critique, we are confronted with a conundrum: how can we carry out this research and (re)present our findings in a way that avoids reproducing the extractive relationships we are condemning?

Bien que le fait de penser avec l’eau permet d’aborder la planétarité, l’exercice expose aussi un côté sombre : il nous faut également réfléchir avec les eaux polluées, les eaux usées, les eaux toxiques. L’eau est essentielle à tout effort d’extraction minière – afin de transformer le minerai extrait, ainsi que de filtrer et de rejeter les déchets. Dans Règles d’extraction, nous examinons trois études de cas d’extraction minière par des entreprises canadiennes en nous intéressant aux plans d’eau les plus affectés : nous suivons le cours d’eau contaminé de la rivière Porgera en Papouasie-Nouvelle-Guinée, les eaux en voie de disparition de la rivière Cuilco au Guatémala et les eaux des lacs 1 et 2 en attente d’être déplacées à Eeyou Istchee, dans le Nord-du-Québec au Canada. Avec ces études de cas comme fondement à notre critique, nous sommes confrontées à un dilemme : comment pouvons-nous mener cette recherche et (re)présenter nos observations tout en évitant de reproduire les relations extractives que nous condamnons ?

Footnotes

  1. Cecilia Chen, Janine MacLeod, and Astrida Neimanis, introduction to Thinking with Water, Chen, MacLeod, and Neimanis, eds. (Montreal: McGill-Queen’s University Press, 2013), 12.
  1. Cecilia Chen, Janine MacLeod et Astrida Neimanis, introduction à Thinking with Water, Chen, MacLeod, et Neimanis, éd., Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2013, p. 12.

Taking Part in an Extractive Economy

Extractivism usually brings to mind the idea of matter being physically extracted from the Earth, but it can also be enacted in more abstract and less explicit ways, through extraction of knowledge, identity, and appropriation. Research can be said to engage in such motion; in extracting information from texts, stories, and contexts, researchers―at once aware and complicit―are inevitably part of this extractive economy. Representation, too, is always enmeshed to some extent in extractivism. It necessarily focuses on certain elements at the expense of others, all from a deeply situated cultural, social, and political position.

Prendre part à une économie extractive

L’extractivisme évoque souvent l’idée de la matière physiquement extraite de la Terre, mais cela peut aussi être mis en œuvre de façons plus abstraites et moins explicites à travers l’extraction de connaissances, de l’identité et par l’appropriation. On peut dire que la recherche s’engage dans un tel mouvement; avec l’extraction d’informations provenant de textes, de récits et de contextes, les chercheur·euse·s – à la fois conscient·e·s et complices – prennent inévitablement part à cette économie extractive. La représentation est également toujours liée dans une certaine mesure à l’extractivisme. Elle s’attarde nécessairement à certains éléments en dépit d’autres, tout cela à partir d’une position culturelle, sociale et politique profondément située.

As both research and representation are central to Rules of Extraction, we recognize that our engagement with each case study is done from a Tiohtià:ke/Montreal-based academic perspective, which entails that we are sheltered and removed from the extraction sites in question and from firsthand experience with the issues at stake. Our visual representations attest to the incompleteness characterizing our research. In relying on free and prefabricated 3D applications to create our environments and scenes, we are mindful, and critical, of the meaning that such “free assets” may carry. Consciously or not, they are created from and participate in a very specific worldview, one that understands trees, water, or even mountains as malleable objects. In this way, they play a part in a narrative where humans act as masters over a nature that must bend to their will—a domination narrative similar to the one perpetuated by extractive enterprises. In using this technology and these “free assets,” we engage critically in this larger extractive economy. Our aim is to subvert this mode of representation in openly speaking to the simulative nature of the medium.

Étant donné que la recherche et la représentation sont au cœur de Règles d’extraction, nous reconnaissons que notre engagement envers chaque étude de cas se fait à partir d’une perspective universitaire basée à Tiohtià:ke/Montréal, ce qui implique que nous sommes à l’abri et éloignées de ces sites d’extraction et d’une expérience de terrain des enjeux dont il est question. Nos représentations visuelles confirment l’inachèvement qui caractérise notre recherche. En nous appuyant sur des applications 3D gratuites et préfabriquées pour créer nos environnements et nos scènes, nous sommes conscientes, et critiques, de la signification que peuvent revêtir ces « ressources gratuites ». Consciemment ou non, elles sont créées à partir d’une vision du monde très précise à laquelle elles participent, celle qui considère les arbres, l’eau et même les montagnes comme des objets malléables. En ce sens, elles jouent un rôle dans un récit où les humains agissent en maîtres sur la nature qui doit se plier à leur volonté – un récit dominant similaire à celui que perpétuent les entreprises minières. En utilisant cette technologie et ces « ressources gratuites », nous nous engageons de façon critique dans cette plus vaste économie extractive. Notre objectif est de subvertir ce modèle de représentation en parlant ouvertement de la nature simulatrice du support.

Footnotes

  1. V’cenza Cirefice and Lynda Sullivan, “Women on the Frontlines of Resistance to Extractivism,” Policy & Practice: A Development Education Review 29 (2019): 80.
  1. V’cenza Cirefice et Lynda Sullivan, « Women on the Frontlines of Resistance to Extractivism », Policy & Practice: A Development Education Review 29, 2019, p. 80.

Engaging with Rules and Norms

Far from claiming that the insight we offer mirrors the lived realities of people who are confronted with extractive mining practices, our aim, rather, is to demystify the rules and norms leveraged by Canadian mining companies so as to make room for their refutation. Here, rules are explored from a legal standpoint, while norms are approached in terms of how we conceive of, and relate to, water: the source of all life and an unavoidable sacrifice for mining practices. We are seeking to understand what those rules and norms are, and how they are used by states, corporations, and local residents to partake in or counter resource extraction. Thinking with water can provide a way into those intricate legal networks, as well as a vocabulary and an alternative milieu from which to question and problematize them. In the three case studies, we interweave different streams of thought: an informational stream, a legal and rule-oriented stream, and a philosophical stream. We invite you to navigate those waters and to think with them.

Interagir avec les règles et les normes

Loin de penser que le regard que nous proposons est le reflet des réalités vécues par les gens qui sont confrontés à des pratiques d’extraction minière, notre objectif est plutôt de démystifier les règles et les normes dont tirent parti les entreprises minières canadiennes et de créer de l’espace pour leur réfutation. Ici, les règles sont explorées à partir d’un point de vue juridique, alors que les normes sont abordées sous l’angle de notre conception de l’eau et de notre relation avec celle-ci : la source de toutes vies et un sacrifice inévitable pour les pratiques minières. Nous cherchons à comprendre quelles sont ces règles et ces normes, et comment elles sont utilisées par les États, les entreprises et les résident·e·s locaux·ales pour prendre part ou pour s’opposer à l’extraction des ressources. Penser avec l’eau peut offrir une voie d’accès à ces réseaux juridiques complexes ainsi qu’un vocabulaire et un milieu alternatif à partir desquels les questionner et les problématiser. Dans ces trois études de cas, nous entrelaçons différents courants de pensée ; un courant d’information, un courant juridique et axé sur les règles, et un courant philosophique. Nous vous invitons à naviguer ces eaux et à penser avec elles.

Porgera River Rivière Porgera

Cuilco River Rivière Cuilco

Lakes 1 & 2 Lacs 1 et 2

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