Déclin de la lecture, crise dans l’industrie du livre, détérioration des compétences linguistiques et interprétatives des étudiants, éducation supérieure de moins en moins lettrée au profit d’une économie de la connaissance en expansion constante, érosion de l’attention réflexive, voire menace d’abrutissement collectif : ces préoccupations quant aux effets des avancées socio-technologiques sur notre rapport au savoir, au langage et à l’écrit ne datent pas d’hier. Déjà en 1988, l’écrivain George Steiner s’inquiétait de la disparition imminente de la culture livresque face à l’envahissement des nouveaux médias d’information et de divertissement électroniques (à l’époque, la radio, la télévision et les jeux vidéos, principalement), qu’il accusait de « s’approprier les ressources de temps et de perception autrefois réservées au domaine du livre1 ». Symptomatique d’un attachement nostalgique aux modes traditionnels de lecture, ainsi qu’à l’idée d’une expérience littéraire profonde, silencieuse et concentrée, ce type de discours s’est généralisé, ces dernières années, sous la forme d’une lamentation mélancolique dirigée contre l’instauration d’un « nouveau régime de distraction numérique dominé par l’image et l’hyperlien2 ». Selon le diagnostic sans appel posé par Nicholas Carr dans son livre The Shallows: What The Internet is Doing to Our Brains (2010), par exemple, la surcharge informationnelle à laquelle nous expose aujourd’hui la technologie entraîne une inévitable dégradation du cerveau lecteur et, corrélativement, un changement radical des modes de pensée liés aux domaines des arts, des lettres et des Humanités3. Sans nier l’importance de ces transformations, lesquelles sont attestées par une pléthore d’études scientifiques4, il convient toutefois de se demander si prendre acte des bouleversements qui affectent les pratiques de lecture à l’heure de la « culture de l’écran » doit nécessairement se traduire par le regret d’un âge révolu. Ce moment charnière de notre histoire culturelle et intellectuelle n’est-il pas plutôt l’occasion de reconsidérer l’acte de lire dans sa complexité intrinsèque et, ce faisant, de lui redonner son statut problématique et critique ?
Telle est précisément la question que pose l’exposition Exercices de lecture, par l’entremise d’œuvres et de projets qui, chacun à leur manière, témoignent d’un rapport renouvelé à la lecture, conçue en tant que lieu d’expérimentation productif et comme espace de questionnement critique. En réponse à une situation dont les enjeux débordent largement la sphère académique – tout comme les frontières de l’Occident, d’ailleurs –, cette exposition examine comment différentes stratégies mises en œuvres par des artistes et des penseurs et penseuses affiliés au monde de l’art contribuent à rouvrir la réflexion sur ce qu’implique et signifie (encore) de lire à notre époque. […]
Katrie Chagnon
Lire la suite- George Steiner, « The End of Bookishness ? », Times Literary Supplement, 8-14 juillet 1988, p. 754 (traduction libre). Il convient en outre de mentionner les travaux de l’historien de l’art Jonathan Crary sur l’attention humaine, qui révèlent que le problème de la distraction remonte en fait à la fin du 19e siècle, avec l’émergence de l’industrialisation moderne. Jonathan Crary, Suspensions of Perception : Attention, Spectacle, and Modern Culture, Cambridge et Londres, MIT Press, coll. OCTOBER Books, 1999.
- Yves Citton, Pour une écologie de l’attention, Paris, Éditions du Seuil, 2014, p. 190.
- Nicholas Carr, The Shallows : What The Internet is Doing to Our Brains, New York et Londres, W. W. Norton & Company, 2010. Dans ce livre, Carr défend la thèse selon laquelle la lecture à l’écran, et l’utilisation d’Internet en général, affectent non seulement le fonctionnement cognitif du cerveau, mais aussi sa structure morphologique.
- Ces études sont trop nombreuses pour qu’il soit possible ici d’en donner un juste aperçu. Les lecteurs et lectrices intéressés par la question peuvent se référer à l’excellente synthèse effectuée par N. Katherine Hayles dans son article « How We Read : Close, Hyper, Machine », ADE Bulletin, no 150, 2010, p. 62-79.
Entretien de lecture
Entretien de lecture présentait chaque semaine pendant toute la durée de l’exposition une conversation vidéo dans laquelle un membre de la communauté de l’Université Concordia parle de ses pratiques de lecture.
Concept Entretien de lecture : Corinn Gerber; Coordination du projet : Laura Horrocks-Denis
Toutes les vidéos figurent dans la section Audio | Vidéo.
Dernière vidéo : Zoe Wonfor
L’intégralité de l’essai écrit par la commissaire de l’exposition Katrie Chagnon peut être lu et téléchargé dans la section Textes et documents de ce site.
Nous tenons à remercier tous les artistes et les différentes personnes ayant participé à la conception et à la réalisation de cette exposition. Nous souhaitons également souligner l’aimable collaboration des galeries René Blouin, Montréal ; Polaris, Paris ; et Frith Street, Londres ; ainsi que du Musée d’art contemporain de Montréal.
Produit avec l’appui du Frederick and Mary Kay Lowy Art Education Fund.
Le programme contemporain de la Galerie Leonard & Bina Ellen bénéficie du soutien du Conseil des Arts du Canada.
LA COMMISSAIRE
Katrie Chagnon est conservatrice de recherche Max Stern à la Galerie Leonard & Bina Ellen de l’Université Concordia et termine un doctorat en histoire de l’art à l’Université de Montréal. Dans sa thèse, elle propose une analyse critique, psychanalytique et féministe de la place du fantasme dans les écrits des historiens de l’art contemporains à partir des cas de Michael Fried et Georges Didi-Huberman. Katrie Chagnon est également active dans le milieu de l’art contemporain depuis maintenant plus d’une dizaine d’années en tant qu’auteure, critique d’art et commissaire d’exposition. Parmi ses publications figurent l’étude Phénoménologie et art minimal : une mise à l’épreuve critique de la dialectique œuvre-objet dans l’esthétique phénoménologique (Presses universitaires européennes, 2010), une monographie sur l’artiste québécois Alexandre David (à paraître en 2016), ainsi que de nombreux articles, essais et textes de catalogues d’exposition. Elle vit et travaille à Montréal.
FermerARTISTES ET OEUVRES
Fiona Banner est née à Merseyside, au Royaume-Uni, en 1966. Elle a obtenu son baccalauréat en arts visuels de la Kingston Polytechnic en 1989 et sa maîtrise en arts visuels du Goldsmiths College de Londres en 1993. En 2003, elle a été mise en nomination pour le Turner Prize. L’essentiel du travail de Fiona Banner explore les problèmes et les possibilités du langage écrit. Ses premières œuvres ont pris la forme de « wordscapes » (paysages de mots) ou de « still films » (films immobiles) – des comptes rendus détaillés de longs métrages (dont les sujets vont de la guerre à la porno) ou de séquences d’événements, rédigés dans ses propres mots. Ces pièces s’apparentaient à des blocs de textes pleins, souvent de la même forme et de la même taille qu’un écran de cinéma. Le travail actuel de Banner comprend la sculpture, le dessin et l’installation, mais le texte demeure toujours au cœur de sa pratique. Récemment, elle s’est tournée vers la tradition classique du nu, s’attachant à l’observation du modèle vivant et à la description écrite de la pose et de la forme dans une veine similaire à ses premières transcriptions de films. Ayant souvent recours à des pièces d’avions militaires comme supports de ces descriptions, Banner juxtapose le brutal et le sensuel, accomplissant un cycle presque complet d’intimité et d’aliénation.
Trance, 1997
Livre-cassette
22 cassettes audio, dessin et boitier cassette en plastique
Enregistrement audio transféré sur support numérique, 13 heures
Avec l’aimable concours de l’artiste et de la Frith Street Gallery, Londres
Trance est l’enregistrement audio d’une performance de lecture d’une durée de 13 heures effectuée par l’artiste britannique Fiona Banner à partir du livre The NAM qu’elle a rédigé la même année. Dans ce livre de 1000 pages, Banner a décrit plan par plan six films célèbres sur la guerre du Vietnam – Apocalypse Now, The Deer Hunter, Hamburger Hill, Platoon, Full Metal Jacket et Born on the Fourth of July –, tous relatés du début à la fin et enchaînés les uns aux autres de manière à former un seul et même long scénario. Trance a été conçue en réaction aux commentateurs qui décrivaient The NAM comme un livre « illisible ». Ensemble, ces deux œuvres soulèvent la question herméneutique de la lisibilité des textes, question qui acquiert aujourd’hui une pertinence accrue compte tenu des restrictions attentionnelles de plus en plus grandes auxquelles nous soumet l’usage de la technologie.
En 1997, l’artiste a enregistré sa lecture sur 22 cassettes audio individuelles. En 2012, l’enregistrement a été transféré sur un support numérique pour des fins de conservation et d’exposition.
Un exemplaire du livre The NAM est disponible à l’accueil de la galerie pour consultation.
LIENS
Site web de l’artiste
Vanity Press (maison d’édition de l’artiste)
Heart of Darkness chez Four Corners Books, 2015
Entrevue avec Fiona Banner par Natalie Hegert dans Huffington Post, 2015
Fiona Banner: “Legal Deposit,” BOMB Magazine, 2010
Alan Woods, “Reading The NAM” dans Afterall Journal, 1998 (voyez aussi: Matthew Higgs en conversation avec Fiona Banner, même numéro)
Critique de The NAM par Stephen Bury dans Art Monthly, 1997
David Barrett sur Fiona Banner dans Art Monthly, 1996
Simon Bertrand est né en 1980 et est diplômé de la maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal. En 2011, il a été récipiendaire de la bourse du Conseil des Arts du Canada pour son projet Retranscription de L’Énéide. Ses oeuvres ont été exposées lors du Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul, entre autres, et son travail fait partie de nombreuses collections privées au Québec et au Canada. Il est représenté par la Galerie René Blouin depuis 2014.
Retranscription de La Bible – Nouvelle traduction, 2009-présent
Papier, bois, crayon à l’encre 0.05 et La Bible – Nouvelle traduction
Avec l’aimable concours de l’artiste et de la Galerie René Blouin, Montréal
La lecture en tant qu’épreuve temporelle prend des proportions considérables chez Simon Bertrand, dont la pratique de retranscription réactualise la figure antique du scribe (ou du copiste), autrefois responsable de la transmission du savoir au moyen de l’écriture. En s’imposant la tâche titanesque de recopier à la main l’intégralité de certains « grands récits fondateurs1 » de la culture occidentale, tels que L’Épopée de Gilgamesh, L’Odyssée d’Homère, Œdipe Roi de Sophocle ou encore La Bible, l’artiste introduit une forme d’anachronisme dans notre expérience littéraire contemporaine, nous invitant à réfléchir sur le sens et la place qui peuvent encore être donnés, de nos jours, à ces écrits canoniques. Dans le cadre de l’exposition, Bertrand poursuit sa Retranscription de La Bible – Nouvelle traduction, travail de longue haleine entamé en 2009 auquel il confère une valeur inaugurale et programmatique. Caractérisée par ses dimensions imposantes – calculées à l’échelle du texte dont elle offre une transcription visuelle –, cette œuvre matérialise la temporalité de l’acte de relecture, qui s’incarne à travers le geste scripturaire de l’artiste et les mouvements de son corps parcourant la surface de papier d’une extrémité à l’autre. La virtuosité apparente de l’exercice est par ailleurs contredite par de nombreuses ratures qui, gardant la trace de chaque erreur, révèlent les défaillances et maladresses de l’exécution manuelle.
L’artiste sera présent afin de travailler à cette œuvre et d’échanger avec le public le soir du vernissage, ainsi que les samedis 21 novembre, 5 décembre, 9 et 16 janvier, de 14 h à 17 h.
- Cette expression est empruntée à Thierry Hentsch, Raconter et mourir : aux sources narratives de l’imaginaire occidental, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2002.
LIENS
Site web de l’artiste
Nicolas Mavrikakis sur l’exposistion de Mona Hatoum et Simon Bertrand à la Galerie René Blouin dans Le Devoir, 2014
Portrait vidéo à propos de Retranscription de la Bible sur La fabrique culturelle, 2014
Chantal Guy sur l’exposition Assembler, dessiner, transcrire, à la Galerie de l’UQAM dans La Presse, 2009
Né en 1972 et ayant grandi à la Nouvelle-Orléans, Clayton Cubitt est un photographe, cinéaste et écrivain qui travaille à New York. Circulant entre les mondes de l’art, de la mode, de la publicité et de la musique, il est le créateur de la série virale d’art vidéo Hysterical Literature. Il a travaillé pour divers clients dans le monde de l’édition et de la publicité, incluant la Brand New School, Converse, The Guardian, Nike, Microsoft, Rolling Stone, le Smithsonian, Vogue et le Times Magazine. Son travail a été exposé au MASS MoCA et à la Prospect Biennial. On a écrit à son sujet dans Dazed & Confused, Vanity Fair, Interview Magazine, Nowness et Tokion, entre autres. Ses vidéos d’art et de musique ont été visionnées plus de cinquante millions de fois.
Hysterical Literature, 2012-2015
Série de 11 vidéos
Durées variables
Avec l’aimable concours de l’artiste
Le projet Hysterical Literature, réalisé par le photographe et cinéaste new-yorkais Clayton Cubitt, consiste en une série de 11 « sessions » vidéos d’une durée de 5 à 10 minutes au cours desquelles des femmes assises à une table, face à la caméra, lisent à haute voix des extraits d’œuvres littéraires de leur choix. Sous la table, à l’insu des spectateurs et hors du contrôle de ces lectrices, un assistant les stimule avec un vibromasseur, perturbant ainsi leur lecture, d’abord concentrée, puis ponctuée d’hésitations, d’efforts de contenance, d’interruptions, pour culminer dans l’abandon à la jouissance. Diffusées sur Internet et visionnées plus de 45 millions de fois dans 200 pays, ces vidéos explorent le rapport entre le textuel et le sexuel, le corps et l’esprit, ainsi que la frontière ténue qui sépare l’érotisme de la pornographie en art, sans toutefois en adopter les codes visuels et esthétiques. Associant l’orgasme féminin au « plaisir du texte », pour reprendre l’expression de Roland Barthes, ce projet met en évidence l’inconfort que génère encore l’expression de la sexualité des femmes, et soulève un questionnement quant aux implications féministes de la prise en charge de sa représentation par un homme.
La série Hysterical Literature et les essais qui l’accompagnent peuvent aussi être consultés en ligne à l’adresse suivante : hystericalliterature.com
LIENS
Site web de l’artiste
Hysterical Literature
Clayton Cubitt sur Vimeo
Entrevue avec Ana Finel Honigman dans Interview Magazine
Ricardo Cuevas travaille à partir d’un cadre conceptuel qui s’appuie sur le texte, le livre et la photographie, prenant en compte les divers discours relatifs à la sélection, au document et à l’archive. Son travail explore sans cesse les potentialités d’incompréhension, de traduction et de fragmentation. Ricardo Cuevas est né à Mexico en 1978. Il a participé à plusieurs expositions collectives internationales, dont 10 Mexican Photographers: A Select End-of-the-Century Generation (à la Lehigh University Art Galleries, en Pensylvanie), Never Odd or Even (à la Marres, House for Contemporary Culture à Maastricht et au Revolver Archiv für aktuelle Kunst de Francfort), Master Humprey’s Clock (au Stanley Brouwn pavilion du Appel Arts Centre d’Amsterdam) et Das phantastische Geheimnis des exotishen Universums (à la Galerie Ostermeier de Berlin). Plus récemment, il a participé à la troisième Triennale de Guangzhou. Sa première exposition individuelle a eu lieu au Banff Centre for the Arts en 2003. En 2005, il a présenté Beyond Love and Democracy, une exposition individuelle, à la Gallery 44 de Toronto. Son travail a été commenté dans le New York Times et le Globe and Mail. En 2007, on lui a attribué une résidence à l’International Studio and Curatorial Program de New York.
Index/Criminal Offenses, Chapter 11, 2008-2015
7 livres en braille, graphite
Avec l’aimable concours de l’artiste
Index/Criminal Offenses, Chapter 11 (2008-2015) est une œuvre performative que l’artiste mexicain Ricardo Cuevas a créée en réponse au USA PATRIOT Act, loi instaurée dans la foulée des événements du 11 septembre 2001 en vertu de laquelle le Gouvernement américain peut non seulement écouter les appels téléphoniques et lire les courriels de toute personne soupçonnée de terrorisme, mais aussi consulter la liste de ses emprunts dans les bibliothèques publiques. Afin de mettre en lumière cette atteinte à la liberté intellectuelle – qu’ont d’ailleurs dénoncée plusieurs associations de bibliothèques américaines –, Cuevas a demandé à des personnes non voyantes d’effectuer la lecture de certaines pages de livres en braille qu’il avait préalablement recouvertes de graphite, gardant ainsi la trace du passage de leurs doigts sur le papier. Originalement performé en 2008 dans le cadre d’une résidence au International Studio and Curatorial Program à New York, cet exercice de dessin a été refait pour la présente exposition à partir d’exemplaires de El Aleph (1949), un recueil de nouvelles de Jorge Luis Borges dont l’édition en braille comprend quatre volumes, et du roman Pedro Páramo imprimé en trois volumes. En rendant littéralement visible l’acte de lire et sa traçabilité dans le contexte des politiques actuelles d’accès à l’information, Index/Criminal Offenses montre qu’exercer son droit de penser librement ne va plus, aujourd’hui, sans une certaine conscience du contrôle idéologique auquel sont soumis nos comportements socioculturels.
Cette œuvre est présentée dans le hall de la bibliothèque Webster, située au 2e étage du pavillon McConnell de l’Université Concordia.
LIENS
Site web de l’artiste
Never Odd or Even #2, édité par Mariana Castillo Deball, 2011
(le #1 incluant une contribution de l’artiste est épuisé)
From Aachen to Iser à la Fonderie Darling, Montréal, 2011
Master Humphrey’s Clock à deAppel, Amsterdam, 2008
Brendan Fernandes est un artiste canadien d’origine kényane et indienne. Il a terminé un Independent Study Program au Whitney Museum of American Art en 2007, après avoir a obtenu sa maîtrise en arts visuels de l’University of Western Ontario en 2005 et son baccalauréat en arts visuels de l’Université York de Toronto en 2002. Son travail a été exposé sur le plan international, entre autres au Solomon R. Guggenheim Museum, au Museum of Arts and Design, au Art in General et au Sculpture Centre de New York, au Musée d’art contemporain de Montréal, au Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa, au Andy Warhol Museum de Pittsburgh, à la galerie d’art de l’Université York de Toronto, au Deutsche Guggenheim de Berlin, à la Bergen Kunsthall, au Stedelijk Museum d’Amsterdam, à la Bienniale de la Ville de Québec, à la troisième Triennale de Guangzhou et à la Albright-Knox Art Gallery lors de la Western New York Biennial. Il a été finaliste du prix Sobey en 2010, et retenu parmi les candidats pour les prix de 2013 et de 2015. Une tournée nationale canadienne de son travail, organisée par la Kitchener-Waterloo Art Gallery, se poursuit jusqu’en 2016. Il participe actuellement à l’exposition Disguises: Masks and Global African Art, organisée par le Seattle Art Museum, qui sera reprise en tournée au Fowler Museum of Cultural History de Los Angeles et au Brooklyn Museum de New York. En 2014, il a reçu un Robert Rauschenberg Residency Fellowship et sera artiste en résidence au département de Dance Studies de la Northwestern University d’Evanston en 2016.
Performing Foe, 2009
Vidéo
2 min 41 s
Avec l’aimable concours de l’artiste
Performing Foe est une suite de la vidéo Foe (2008), qui montre l’artiste canadien d’origine indienne et kenyane recevant des leçons de diction données par un entraîneur pour acteurs, engagé pour lui enseigner les accents propres à ses racines culturelles. Davantage intéressé par l’apprentissage de ces accents que par leur prétendue « authenticité », Fernandes répète les phrases et les mots dictés par son instructeur. Ces paroles ont été extraites du roman Foe (1986) de l’auteur sud-africain J. M. Coetzee, une œuvre-clé de la littérature postcoloniale qui revisite l’histoire de Robinson Crusoe. De ce texte, l’artiste a retenu le passage dans lequel Crusoé raconte que Vendredi (le « sauvage ») s’est fait couper la langue, perdant ainsi le pouvoir de la parole. Dans Performing Foe, Fernandes reprend la lecture des mêmes pages, mais en inversant les rôles : cette fois, c’est lui qui joue le professeur, alors qu’un groupe d’étudiants multiethnique placé devant lui telle une chorale récite les phrases de Coetzee en imitant son propre accent fabriqué.
Encomium I, II, III, 2011
Performance, vidéos, affiches, colonnes en plexiglas, vinyle
Avec l’aimable concours de l’artiste
Symposium I, II, III, 2011
3 sérigraphies sur papier
Édition de 6
Avec l’aimable concours de l’artiste
La prouesse et l’endurance physique interviennent de façon très concrète dans Encomium, une interprétation chorégraphique du classique Banquet de Platon conçue par Brendan Fernandes. Renvoyant plus spécifiquement au discours de Phèdre, où il est question d’une relation amoureuse/sexuelle asymétrique entre un homme âgé et son jeune amant, cette installation met en scène la performance de deux danseurs masculins vêtus de justaucorps noirs qui effectuent en miroir une série de poses et de mouvements prescrits par l’artiste. Cette performance est accompagnée d’un ensemble d’éléments disposés dans l’espace, dont trois vidéos qui en présentent certains segments, ainsi que trois socles en plexiglas de couleurs vives qui servent de présentoirs pour des piles d’affiches à emporter. Sur ces affiches, Fernandes a recopié le script de la chorégraphie, construisant un dialogue entre le texte platonicien et les directives techniques données aux danseurs. Dans cette œuvre qui explore la codification du langage à travers le vocabulaire du ballet classique, la lecture est métaphorisée en tant que véritable travail du corps, mais aussi comme exercice physique « queerisé », mettant en relief le rôle que joue cette activité dans la construction des identités culturelles et genrées. À l’instar de la vidéo Performing Foe, qui est présentée à l’entrée de la galerie, Encomium aborde les dynamiques de pouvoir qui entrent en jeu dans la relation pédagogique et l’apprentissage du langage par la répétition, l’imitation et le déguisement.
LIENS
Site web de l’artiste
Brendan Fernandes sur Vimeo
Conférence de l’artiste sur les colliers Maasai dans le cadre de Disguise: Masks & Global African Art, Seattle Art Museum, 2015
L’artiste en conversation avec Jess Wilcox et Wendy Vogel dans Bomb Magazine, 2014
Entrevue du Musée des beaux-arts du Canada sur Foe, 2012
Entrevue avec Jade Yumang dans Artfile Magazine, 2012
Jen Kennedy, “Undoing Identities: Brendan Fernandes’ Haraka Haraka, Montréal arts interculturelles” dans FUSE Magazine, 2010
L’artiste en conversation avec Johan Lundh pour Residency Unlimited, 2010
Gary Hill est né en 1951 à Santa Monica, en Californie. Depuis le début des années 1970, il a travaillé avec une grande diversité de médias – incluant la sculpture, le son, la vidéo, l’installation et la performance. Sa longue pratique intermédiatique se poursuit par l’exploration d’une variété de sujets qui vont de la physicalité du langage, de la synesthésie et des énigmes de la perception à l’interactivité ontologique entre l’espace et le spectateur. Ses œuvres ont été exposées dans des musées et des institutions à travers le monde, incluant des expositions individuelles à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris, au San Francisco Museum of Modern Art, au Centre Georges Pompidou à Paris, au Guggenheim Museum SoHo de New York, au Museum für Gegenwartskunst de Bâle, au Museu d’Art Contemporani de Barcelone et au Kunstmuseum de Wolfsburg, entre autres. Ses projets de commissaire comprennent des travaux pour le Science Museum de Londres et le Seattle Central Public Library à Seattle, ainsi qu’une installation et une performance pour le Colisée et le Temple de Vénus et de Rome. Hill a reçu un Lion d’or de sculpture à la Biennale de Venise en 1995, un John D. and Catherine T. MacArthur Foundation Fellowship Award en 1998, le Kurt-Schwitters-Preis en 2000, ainsi que des doctorats honorifiques de l’Academy of Fine Arts de Poznan en 2005 et du Cornish College of the Arts de Seattle en 2011. Ses projets récents incluent la direction de l’opéra Fidelio de Beethoven, dont la première a eu lieu à l’Opéra de Lyon en 2013, et Feedback Path, une installation monumentale à projections multiples dans la grotte du Mas-d’Azil, en France.
Remarks on Color / Remarques sur les couleurs, 1994-1998 (version bilingue, 2015)
Projection vidéo, son
45 min et 49 min
Avec l’aimable concours de l’artiste et du Musée d’art contemporain de Montréal
La version bilingue de l’œuvre Remarks on Color / Remarques sur les couleurs (1994-1998) que l’artiste américain Gary Hill a réalisée spécialement pour l’exposition fait alterner la vidéo originale anglaise, dans laquelle figure sa propre fille à l’âge de huit ans, et la version française produite par le Musée d’art contemporain de Montréal en 1998. Cette installation vidéo, dont il existe également une version allemande, portugaise et espagnole, met en relation l’effort que nécessite l’apprentissage de la lecture sur les plans strictement linguistique et phonétique, avec l’expérience souvent inconfortable générée par la lecture de textes philosophiques. Dans un plan fixe d’une durée approximative de 45 minutes, on observe une fillette lire à haute voix – sans interruption mais non sans quelques difficultés – les 88 segments qui composent la première partie du livre Remarques sur les couleurs (titre allemand : Bemerkungen über die Farben) écrit par Ludwig Wittgenstein en 1950-1951. À l’exercice visiblement laborieux performé par l’enfant répond alors celui des spectateurs-auditeurs, qui s’efforcent tant bien que mal de construire pour eux-mêmes le sens précis du texte, lequel est compliqué davantage par la prononciation incorrecte de certains mots (par exemple : « five-sided angels » plutôt que « five-sided angles »; « now » plutôt que « know »). L’œuvre de Gary Hill révèle l’ambiguïté du processus de « compréhension », qui s’ouvre et devient quasi palpable au contact du sens glissant des remarques de Wittgenstein.
Lectrices :
Anastasia Hill (anglais)
Raphaëlle Occhietti (français)
LIENS
Site web de l’artiste
Gary Hill sur Vimeo
Gary Hill sur UbuWeb
Conférence de Gary Hill à Portland Art Museum, 2015
An Art of Limina: Gary Hill’s Works and Writings, Ediciones Poligrafa, 2009
Lise Jae Young sur Gary Hill dans Performing Arts Journal, 1996
Chris Darke sur un séminaire au sujet de Gary Hill à l’occasion de son exposition au Oxford Museum of Modern Art dans Frieze, 1994
Bouchra Khalili vit et travaille à Berlin. Née à Casablanca, elle a étudié le cinéma à la Sorbonne Nouvelle et les arts visuels à l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy. Le travail de Khalili qui combine vidéo, installation, photographie et sérigraphie, articule les questions du langage et de la subjectivité lorsqu’ils s’inscrivent dans des territoires transitionnels où émergent stratégies et discours de résistance tels qu’élaborés et restitués par des membres de minorités. Les œuvres de Khalili ont été exposées internationalement : récemment, en 2015, à la huitième Biennale de Goteborg et dans les expositions Europe: The Future of History au Kunsthaus de Zurich et En y entre geografías au Medellin Museum of Modern Art; en 2014, dans Here & Elsewhere au New Museum de New York, Positions au Van Abbemuseum à Eindhoven et Journal au ICA (Institute of Contemporary Art) de Londres; en 2013, dans The Encyclopedic Palace à la 55e Biennale de Venise, dans Cross-Borders ZKM de Karlsruhe et au Salon Der Angst de la Kunsthalle Wien; et, en 2012, à La Triennale au Palais de Tokyo à Paris et à la 18e Biennale de Sydney, entre autres. Ses expositions individuelles récentes incluent Foreign Office au Palais de Tokyo à Paris et Garden Conversation au MACBA de Barcelone, toutes deux en 2015; Speeches – Chapter 3: Living Labour au PAMM de Miami, The Opposite of the Voice-Over à la Justina M. Barnicke Gallery de Toronto, The Mapping Journey Project au Centre d’art contemporain La Passerelle à Brest et Wet Feet and More à la DAAD Galerie de Berlin en 2013; une exposition à la Galerie Polaris de Paris et Wet Feet, Dry Feet au Tarragona Art Center en 2012. Khalili est lauréate en 2014 des Prix Sam Art pour l’Art Contemporain et du Prix Abraaj Group Art. En 2012, elle est lauréate du programme DAAD-Artist in Berlin. Entre 2011 et 2013, elle est l’un des deux lauréats du programme de recherche du Vera List Center for Art and Politics à la New School, New York.
Speeches – Chapter 1: Mother Tongue, 2012
De The Speeches Series, a video trilogy, 2012-2013
Projection vidéo, son
23 min
Avec l’aimable concours de l’artiste, de la Galerie Polaris (Paris), et de l’ADAGP
Mother Tongue est le premier chapitre de la trilogie The Speeches Series de l’artiste franco-marocaine Bouchra Khalili. Cette œuvre aborde de front les enjeux politiques de la réappropriation de textes sous la forme de courts portraits vidéos dans lesquels cinq migrants de provenances diverses, tous établis dans la région parisienne, récitent de mémoire, dans leurs dialectes respectifs, des fragments d’écrits à caractère politique, littéraire ou poétique. Écrits par Malcolm X, Abdelkrim El Khattabi, Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau, Aimé Césaire et Mahmoud Darwish, ces textes traitent d’enjeux complexes tels que le colonialisme, le prolétariat, l’immigration et l’identité. Pour Mother Tongue, les participants ont traduit les textes sélectionnés, les ont mémorisés, puis les ont performé devant la caméra, agissant ainsi comme des « poètes civils », selon la définition proposée par Pier Paolo Pasolini dans Les cendres de Gramsci (Le ceneri di Gramsci, 1957).
Comme le souligne Nick Aikens, « l’usage, dans Mother Tongue, de ces textes issus d’autres contextes, d’autres histoires et d’autres luttes, appliqués ici et maintenant, permet d’articuler l’identité de ceux qui parlent et, ce faisant, d’accomplir ce qu’envisageait Stuart Hall, à savoir “trouver dans le miroir de l’histoire un point d’identification ou de reconnaissance pour soi-même”.1 » À partir d’une approche politique, l’ensemble de la série redéfinit l’identité en tant qu’identification au statut civique. Alors que les second et troisième chapitres (Words on Streets, 2013; Living Labour, 2013) délaissent la question de l’appropriation au profit du statut d’auteur – au sens où les participants mémorisent et performent les textes qu’ils ont eux-mêmes écrits –, Mother Tongue se conçoit comme un « discours sur la méthode » qui ouvre vers l’autoportrait et l’autoreprésentation. Dans le travail de Khalili, l’oralité du langage devient donc non seulement un moyen potentiel de résistance et d’émancipation, mais aussi le fondement de nouvelles communautés politiques et d’un nouveau rapport à l’histoire.
- Nick Aikens, « Bouchra Khalili’s ‘The Speeches Series’ : A Reflection from Europe », Afterall Online, 5 janvier 2015 [En ligne] (consulté le 28 mai 2015). Traduction libre.
LIENS
Site web de l’artiste
Nick Aikens sur The Speeches Series sur Afterall Online, 2015
“La traduction d’une traduction,” conversation entre Bouchra Khalili et Thomas J. Lax, à l’occasion de la publication Foreign Office, publié par SAM Art Projects, 2015
Diana Nawi sur les cartographies de Bouchra Khalili dans IBRAAZ Magazine, 2015
“Séance tenante” par Julien Gester dans Libération, 2015
Nikki Lohr sur l’exposition de l’artiste au New Museum dans New York Observer, 2014
Omar Berrada en conversation avec l’artiste sur Universes in Universe, 2011
Conférence de l’artiste sur l’importance de la cartographie dans son travail à Rivington Place (Londres) dans le cadre de l’exposition Whose Map is it?, 2010
Conférence de Bouchra Khalili à la Sharjah Art Foundation, 2010
Story Mapping de Bouchra Khalili publié par Bureau des compétences, 2010
No Reading After the Internet consiste en une série de salons dédiés à des textes culturels, lus à voix haute par les participants. Derrière ce projet se trouve l’urgence de réformer les publics et d’expérimenter la lecture, dans le contexte actuel, en tant que médium en soi.
No Reading After the Internet se définit comme un espace d’apprentissage et de discussion expérimental. Le projet se fonde sur une mise en doute de nos propres habiletés de lecture et du caractère partageable de nos interprétations respectives. Il propose un cadre dans lequel retracer les étapes menant à la construction de la compréhension permet d’interroger de façon productive les moyens individuels et collectifs qui sont empruntés afin d’aborder les domaines du langage et de l’interprétation. Participer à No Reading implique de faire appel à une forme exubérante de non-savoir, propice à l’émergence de moments d’illumination collective. Les stratégies dont nous disposons à cet effet sont doubles : d’une part, engager une discussion approfondie à partir d’un texte; d’autre part, provoquer un dialogue entre des textes et des expositions d’art contemporain ou événements de nature spécifique et locale.
No Reading After the Internet est le fruit des efforts collectifs d’Amy Kazymerchyk, Alexander Muir et cheyanne turions.
cheyanne turions est une commissaire indépendante et une auteure de Toronto qui détient un diplôme de Philosophie de l’Université de Colombie-Britannique. Issue des terres agricoles du Traité 8, elle compte parmi ses ancêtres des colons et des membres des Premières Nations. Son travail considère l’espace d’exposition comme espace vivant — la galerie est un espace de dialogue où les artistes, les commissaires et le public peuvent réfléchir et expérimenter diverses façons de voir (et d’être). Récemment, elle a été commissaire de l’exposition Talking Back, Otherwise, présentée pendant un an au Jackman Humanities Institute de Toronto. Ses projets d’écriture à venir incluent des contributions aux ouvrages Desiring Change: Contemporary Canadian Feminist Art édité par MAWA et The Wood Land School Reader de Duane Linklater. En 2014, elle a reçu, pour son exposition Other Electricities, le prix de l’innovation dans le cadre d’une exposition tirée de collections décerné par la Ontario Association of Art Galleries, et on lui a attribué en 2015 le premier Reesa Greenberg Curatorial Studies Award, ainsi que le prix de commissaire émergente en art canadien contemporain de la Fondation Hnatyshyn. Elle est membre du conseil d’administration de Kunstverein Toronto, du comité de rédaction de C Magazine et du comité consultatif de la nouvelle institution qui englobe la Justina M. Barnicke Gallery et le University of Toronto Art Centre.
Alex Muir est un travailleur culturel et un chercheur de Vancouver. Il a été impliqué dans le commissariat, la numérisation et la présentation de nombreux projets de vidéo dans des centres comme VIVO et Western Front. Il travaille aussi à la programmation de la radio communutaire CFRO, en collaboration avec le collectif de radio expérimentale Soundscapes. Il détient une maîtrise en anglais de l’Université Simon Fraser.
Amy Kazymerchyk est conservatrice de la Audain Gallery, l’une des trois galleries de SFU Galleries, à l’Université Simon Fraser de Vancouver. Son travail avec cheyanne turions et Alexander Muir a débuté au cours de son mandat à la programmation du DIM Cinema à The Cinematheque (2008-2013). Elle a collaboré avec turions – alors directrice des programmes à la Cineworks Independent Filmmakers Society – afin de présenter le groupe de lecture Thought on Film. Lorsque Kazymerchyk est devenu coordonnatrice des événements et des expositions au VIVO Media Arts Centre (2010-2013), Muir s’est joint à turions et elle pour transformer la série en No Reading After the Internet. Kazymerchyk a été commissaire de nombreux projets qui explorent les intersections entre la collectivité, la pédagogie et la lecture critique dans le cinéma, les arts médiatiques et les arts visuels. Parmi ces projets, on peut mentionner The Museum of Non Participation de Brad Butler and Karen Mirza (à VIVO, en 2010), Adorno’s Grey de Hito Steyerl (avec Melanie O’Brian, à la Audain Gallery, en 2013) et My Epidemic (Teaching Bjarne Melgaard’s Class) de Lili Reynaud Dewar (à la Audain Gallery, en 2015).
#ReadTheTRCReport est un projet de lecture diffusé sur YouTube qui rend disponible en ligne, en format vidéo, l’intégralité du Sommaire exécutif du rapport final de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada (dans sa version anglaise).
Suite à la publication du rapport de la CVR en juin 2015, Zoe Todd, Erica Violet Lee et Joseph Murdoch-Flowers ont invité les membres de leurs réseaux sociaux à lire 140 sections du rapport, puis de mettre en ligne leurs vidéos sur YouTube. Le résultat de cette initiative est une liste de lecture disponible sous le hashtag ReadTheTRCReport. Ce projet a été inspiré par l’appel que l’activiste, auteure et enseignante Métis Chelsea Vowel a lancé sur son blogue âpihtawikosisân afin d’inciter les gens à lire le document dans son entièreté de manière à s’engager de façon conséquente vis-à-vis de ses conclusions.
L’objectif du projet est d’accroître l’accessibilité du rapport de la CVR, de lui donner vie et de rendre hommage aux survivants des pensionnats autochtones. C’est en ce sens que, dans sa contribution vidéo au projet, Todd affirme : « Faisons en sorte que ce rapport ne soit pas abandonné sur une étagère comme tant d’autres auparavant. »
Erica Violet Lee est une Crie, étudiante de premier cycle en philosophie à l’Université de Saskatchewan. Se positionnant comme féministe autochtone,,elle écrit sur son blogue moontimewarrior.com. Depuis sa prise de parole au premier Idle No More teach-in en 2012, Erica est reconnue sur le plan international comme une jeune chef de file du mouvement.
À l’été 2015, Erica a participé au projet vidéo #ReadTheTRCReport, qui a rallié les voix de pionniers, d’immigrés et d’Autochtones à travers le Canada afin d’enregistrer une version vidéo et audio du rapport de 388 pages de la Commission de Vérité et réconciliation du Canada sur le système des pensionnats autochtones.
Zoe Todd est une Métis originiare de Amiskwaciwâskahikan (Edmonton), territoire délimité par le Traité 6 en Alberta, au Canada. Ses écrits portent sur l’indigénéité, l’art, l’architecture, la décolonisation et la guérison dans des contextes urbains. Elle étudie aussi les relations entre l’humain et l’animal, le colonialisme et les changements environnementaux au Nord du Canada. Sa pratique artistique intègre l’écriture, le spoken word, le perlage, le dessin et le cinéma afin de produire des récits sur la condition de Métis dans les Prairies. Elle enseigne l’anthropologie à l’Université Carleton, elle est doctorante en anthropologie sociale à l’Université d’Aberdeen et a été boursière de la Fondation Pierre Elliott Trudeau en 2011.
Joseph Paul Murdoch-Flowers est un Inuit ayant des racines au Labrador et au Nunavik. Son père, son grand-père maternel, sa grand-mère paternelle, plusieurs de ses tantes, oncles et cousins sont des survivants des pensionnats. Joseph Murdoch-Flowers est titulaire de deux diplômes de droit et d’un baccalauréat en jurisprudence de l’Université McGill. Avant d’étudier à l’université, Joseph a suivi des cours à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec, et il a travaillé comme cuisinier à Montréal pendant six ans. Joseph vit maintenant à Iqaluit, au Nunavut, avec sa femme et leur enfant. Il est président de l’Apex District Education Authority (administration scolaire) et travaille comme avocat de la défense en droit criminel à la Commission des services juridiques du Nunavut.
#ReadTheTRCReport, 2015
Une initiative de Zoe Todd, Erica Violet Lee et Joseph Murdoch-Flowers, présentée en collaboration avec No Reading After the Internet, un projet de cheyanne turions, Amy Kazymerchyk et Alexander Muir.
Projet vidéo accompagné d’une série de lectures et de discussions
Mise en espace avec table, chaises, vidéos sur tablettes électroniques, livres et documents
#ReadTheTRCReport est une initiative citoyenne mise sur pied par Zoe Todd, Erica Violet Lee et Joseph Murdoch-Flowers afin de rendre disponible en ligne, en format vidéo, l’intégralité du Sommaire exécutif du rapport final de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada. Ce rapport, qui fait état du « génocide culturel1 » perpétré par le Canada envers les communautés autochtones par l’entremise de son système de pensionnats, notamment, a été produit dans l’optique de faire la lumière sur notre difficile histoire collective et de « jeter les bases de l’importante question de la réconciliation2 ».
En réaction à la publication du rapport en juin 2015, l’auteure, enseignante et activiste Métis Chelsea Vowel a lancé un appel sur son blogue âpihtawikosisân, incitant les gens à lire le document de manière à s’instruire au sujet des séquelles permanentes laissées par notre passé colonial sur les communautés autochtones et à s’engager de façon conséquente vis-à-vis des conclusions de la CVR. Le projet de lecture vidéo initié par Todd, Lee et Murdoch-Flowers se veut une réponse directe à cet appel, ainsi qu’un moyen d’accroître l’accessibilité du rapport, de lui donner vie et de rendre hommage aux survivants des pensionnats. Par l’entremise des médias sociaux (twitter, facebook, courriels, etc.), le trio a invité des individus de partout au Canada et d’ailleurs (tant Autochtones que non Autochtones) à s’enregistrer lisant une des 140 sections du rapport, puis à partager leurs vidéos sur YouTube. Accessibles sous le hashtag ReadTheTRCReport, les vidéos sont intégrés à une liste de lecture qui rassemble le contenu entier de la version anglaise du document.
Exercice politique hautement productif, ce projet ancré dans le contexte canadien actuel des relations avec les communautés autochtones témoigne de la possibilité – pour ne pas dire de la nécessité – pour chacun, d’assumer son agentivité à travers l’acte de lire.
La présentation de #ReadTheTRCReport dans l’exposition a été suggérée et co-organisée par cheyanne turions, Amy Kazymerchyck et Alexander Muir, les trois fondateurs de No Reading After the Internet, une plateforme d’expérimentation et d’échange basée sur la lecture à haute voix. Le dialogue entre les deux projets se fera ici à travers une série de lectures publiques et de discussions collectives examinant le processus, la structure et la forme du rapport, l’histoire du témoignage oral et textuel, ainsi que le rôle de l’alphabétisation dans l’engagement politique. Dans ce contexte, les visiteurs sont également invités à contribuer à la production d’une version française inédite de #ReadTheTRCReport.
- Commission de vérité et réconciliation du Canada, Honorer la vérité, réconcilier pour l’avenir. Sommaire du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, 2015, p. 1. En ligne (consulté le 29 octobre 2015)
- Ibid., p. VIII.
LIENS
No Reading After the Internet
#ReadTheTRCReport
Site web de cheyanne turions
Commission de vérité et réconciliation du Canada, site web officiel
“Reaction to the TRC Report” de Chelsea Vowel
#ReadTheTRCReport sur le blog de Zoe Todd
Le blog Moontime Warrior de Erica Violet Lee
Jane George sur Joseph Paul Murdoch-Flowers sur Nunatsiaq Online
#ReadTheTRCReport sequence sur IsumaTV
Lauren Strapagiel sur #ReadTheTRCReport sur Buzzfeed
Denise Balikssoon sur #ReadTheTRCReport dans le Globe and Mail
Nikki Wyart sur #ReadTheTRCReport dans les nouvelles de Radio-Canada
Ève K. Tremblay, née en 1972, a grandi entre Val-David et Montréal. Après des études en littérature française à l’Université de Montréal, elle a obtenu un certificat au Neighborhood Playhouse School of the Theatre de New York et un baccalauréat en beaux-arts (concentration photographie) de l’Université Concordia. Dans les dix dernières années, elle a travaillé et vécu entre Montréal, Berlin et New York métropolitain, et s’est vue attribuer plusieurs bourses et résidences d’artistes (entre autres: iaab/Bâle, CEAAC/Strasbourg, Residency Unlimited/New York). Dans ses œuvres, le thème de la conscience est abordé de façon poétique. Inspirées principalement par la littérature, le cinéma, et la science, la plupart de ses œuvres sont des photographies et vidéos interconnectées, où figurent des amis, des membres de sa famille ou des scientifiques. Depuis 2007, son cycle d’œuvres EKTBF451/EKTFF451 a ouvert son langage visuel en y intégrant la performance, les livres, les médias mixtes et les images sur céramiques. Ses œuvres ont été publiées et exposées notamment au Musée National des Beaux-Arts de Québec, au MACVAL, à la Bergen Kunsthall, à la Kunstraum Kreuzberg à Berlin, et dans la Triennale Québécoise au Musée d’art Contemporain de Montréal, la Biennale de Prague et la Biennale Nordique Momentum 7 à Oslo, au Musée d’art contemporain des Laurentides, et bientôt au Petach Tikva Museum of Art à Tel Aviv.
EKTBF451/EKTFF451 (Ève K. Tremblay Becoming Fahrenheit 451 / Ève K. Tremblay Forgetting Fahrenheit 451), 2007-2015
Livre, photographies, dessins, collages, lettres, céramiques et documentation vidéo d’une performance
Avec l’aimable concours de l’artiste
Le projet EKTBF451/EKTFF451 auquel se consacre Ève K. Tremblay depuis 2007 consiste en une mise à l’épreuve personnelle des facultés cognitives sollicitées par la lecture, celle de la mémoire en particulier. À travers cette œuvre polymorphe et de nature performative, l’artiste tenta en vain d’« incarner » le roman Fahrenheit 451 (1953) de Ray Bradbury en essayant d’apprendre par cœur l’ensemble du texte – démarche qui fait écho à celle des « book people » du récit, groupe de lecteurs dissidents qui se portent garants de la mémoire des livres condamnés à être détruits par le feu à des fins de contrôle social.
Se déployant sous la forme d’exercices répétés de mémorisation inspirés des méthodes mnémotechniques antiques décrites par Frances A. Yates dans son ouvrage L’art de la mémoire (1966), le projet de Tremblay propose une exploration intensive des possibilités créatrices et des inéluctables limites du cerveau humain contemporain. Comme le révèle en effet la sélection de photographies, de collages, de dessins, de céramiques, de textes, ainsi que la documentation vidéo d’une performance présentée dans cette exposition, le processus d’oubli dans lequel l’artiste est maintenant engagée depuis quelque temps s’avère tout aussi difficile, voire impossible, que l’étape précédente qui consistait à mémoriser le livre en entier. Exposé parmi ce corpus, l’exemplaire très usé et abondamment annoté de Fahrenheit 451, qui accompagne Tremblay depuis 2007, témoigne par ailleurs de la dimension compulsive et quasi obsessive que peut prendre l’expérience de la lecture; expérience qui chez elle relève à la fois d’une démarche de création et de réinvention de soi, de guérison et de libération, ce qui, en définitive, constitue une manière d’être plus qu’une simple manière de lire.
LIENS
Site web de l’artiste
Ève K Tremblay’s Bookstore
Ludivine Maggi sur l’expo de Alain-Marie et Ève K. Tremblay au MAC dans Le Devoir, 2015
Traduction anglaise, par Zeljka Himbele, du compte-rendu de EKTBF 451/AKTF 451: Notes and Confessions à la galerie Miroslave Kraljevic, Zagreb, par Leila Topic sur HRT radio, 2014
Canadian Art Feature de Daniel Baird, 2012
Les œuvres récentes de Nicoline van Harskamp explorent la langue anglaise produite à travers le monde par des locuteurs pour qui il s’agit d’une langue seconde, et imaginent les propriétés esthétiques d’un futur langage parlé universel. Après English Forecast, une œuvre commandée par le BMW Tate Live en 2013, qui a esquissé les premiers enjeux de cette problématique, van Harskamp travaille présentement à effectuer une série d’« experimentations langagières » en partenariat avec Extra City de Antwerp, Salonul de Projecte de Bucarest, le Radar Program de Loughborough, Onomatopee à Eindhoven, la Barcelona Art Residency, Kunstraum à Londres et le Baltic Art Centre de Visby. Ses travaux antérieurs incluent Yours in Solidarity, un film et une installation qui portent sur l’histoire récente de l’anarchisme travers des correspondances tirées d’archives et Any other Business, une conférence d’une journée, entièrement rédigée, qui a été à la fois représentée sur scène et reproduite sous forme d’installation vidéo. Nicoline van Harskamp a exposé, entre autres, au MUAC de Mexico, au Frankfurter Kunstverein, à la Manifesta 9 de Genk, au National Museum d’Oslo, à la D+T Gallery de Brussels, à la GMK Gallery de Zagreb, au Kadist Foundation de Paris, à la Performa 11 de New York, au SMBA Amsterdam, ainsi qu’aux Biennales de Shanghai, Limmerick, Gothenburg, Bucharest, Taipei et Sydney. Elle a présenté son travail sur scène au KunstWerke de Berlin, au New Museum et à rhizome.org à New York, au Van Abbemuseum de Eindhoven, au Arnolfini de Bristol, à la Serralves Foundation de Porto, au Stedelijk Museum d’Amsterdam et au Kaaitheater de Brussels. Elle a réalisé plusieurs résidences d’artiste, notamment au Rijksakademie d’Amsterdam, à Platform Garanti à Istanbul et au IASPIS de Stockholm. Née en 1975, Nicoline van Harskamp vit et travaille à Amsterdam, où elle enseigne les arts visuels au Sandberg Institute.
A Romance in Five Acts and Twenty-one Englishes, 2015
Installation vidéo, son
Avec l’aimable concours de l’artiste
Ce projet a été rendu possible grâce au Fonds Mondriaan
Originaire des Pays-Bas, Nicoline van Harskamp s’intéresse depuis plusieurs années au phénomène de déstandardisation de l’anglais en tant que lingua franca du monde globalisé. En 2014, elle a mené une expérience linguistique collective et interculturelle à partir de 21 traductions (en turc, arabe, japonais, farsi, tchèque, croate, hébreux, etc.) de la pièce de théâtre Pygmalion : A Romance in Five Acts écrite par George Bernard Shaw en 1912. Lors de quatre séances intensives de trois heures, van Harskamp a demandé à des individus de langues maternelles correspondantes de retraduire simultanément le texte vers l’anglais, avec pour résultat une nouvelle version de la pièce, réintitulée A Romance in Five Acts and Twenty-one Englishes.
L’installation vidéo qui apparaît dans l’exposition a été produite à partir de l’enregistrement filmique de la pièce, performée sur scène en 2015 à Amsterdam, ainsi que des répétitions préalable à cette performance. À cette fin, Van Harskamp a demandé à cinq acteurs dont la langue maternelle est l’anglais de « normaliser » l’anglais irrégulier, et par moments incompréhensible, créé par les 21 retraductions, tout en en corrigeant la prononciation et l’intonation. La vidéo principale montre les acteurs qui s’efforcent d’énoncer des phrases et des mots qui, de prime abord, leur paraissent tout à fait étrangers. Une seconde bande sonore laisse entendre les voix originales captées lors des séances de traductions en direct, lesquelles sont synchronisées avec celles des acteurs dans la vidéo.
Tout en faisant ressortir les particularités des différents « anglais » parlés à travers le monde, ce projet souligne les relations de pouvoir interconnectées entre le langage, la classe sociale et le genre dont traite la narration théâtrale de Shaw, connue pour avoir inspiré la fameuse comédie musicale My Fair Lady (1956). En effet, Pygmalion raconte comment une pauvre jeune fleuriste dénommée Eliza Doolittle se retrouve sous l’emprise du professeur Henry Higgins, phonéticien de renom, qui entreprend de lui enseigner à parler l’anglais comme une dame distinguée, manipulant ainsi son identité en même temps qu’il modifie sa prononciation.
Des exemplaires du livre A Romance in Five Acts and Twenty-one Englishes (2015), publié en édition limitée par Onomatopee, sont disponibles à l’accueil pour consultation.
LIENS
Site web de l’artiste
Exposition et publication en édition limitée de A Romance in Five Acts and Twenty-one Englishes, Onomatopee, 2015
Thisistomorrow sur une exposition individuelle de l’artiste au Kunstraum London, 2014
Tate Live Introduction, 2013
English Forecast au Tate Live: Performance Room, 2013
Frieze Case Study par Kathy Noble, 2012
Entrevue avec l’artiste par Ceci Moss sur Rhizome, 2011
Entrevue avec l’artiste sur son travail To Live Outside the Law You Must be Honest par Emily Pethick, Casco, 2007
POUR DE PLUS AMPLES RENSEIGNEMENTS
ADLER, Laure et BOLLMANN, Stefan (2006). Les femmes qui lisent sont dangereuses, Paris, Flammarion.
ADLER, Laure et BOLLMANN, Stefan (2011). Les femmes qui lisent sont de plus en plus dangereuses, Paris, Flammarion.
ARMSTRONG, Paul B. (2005). Play and the Politics of Reading : The Social Uses of Modernist Form, Ithaca, Cornell University.
ARMSTRONG, Paul B. (2013). How Literature Plays with the Brain : The Neuroscience of Reading and Art, Baltimore, The John Hopkins University Press.
AUBERT, Danielle (2015). Marking the Dispossessed, Zurich/Montréal, Passenger Books.
AUBOUY, Véronique et RIBOULET, Mathieu (2014). À la lecture, Paris, Grasset (livre d’artiste).
BACCINO, Thierry (2004). La lecture électronique, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble.
BACCINO, Thierry (2011). « Lire sur internet, est-ce toujours lire? », Bulletin des bibliothèques de France, vol. 56, no 5 (2011), Dossier « Métamorphoses de la lecture », p. 63-66.
BARON, Naomi S. (2015). Words Onscreen: The Fate of Reading in a Digital World, Oxford, Oxford University Press.
BARTHES, Roland (1973). Le plaisir du texte, Paris, Éditions du Seuil (Essais/Points).
BARTHES, Roland (1984). « Sur la lecture », Essais critiques IV. Le bruissement de la langue, Paris, Éditions du Seuil, p. 44-45.
BENNET, Andrew (dir.) (1995). Readers and Reading, Harlow, Essex, Longman.
BLOCH, R. Howard et HESSE, Carla (dirs.) (1995). Future Libraries, Berkeley et Los Angeles, University of California Press.
BON, François (2011). Après le livre, Paris, Éditions du Seuil.
BOYARIN, Jonathan (dir.) (1992). The Ethnography of Reading, Berkeley et Los Angeles, University of California Press.
BROOKS, Peter et JEWETT, Hilary (dir.) (2014). The Humanities and Public Life, New York Fordham University Press.
CARR, Nicholas (2010). The Shallows : What the Internet Is Doing to Our Brains, New York, Norton.
CARRIÈRE, Jean-Claude et ECO, Umberto (2009). N’espérez pas vous débarrasser des livres, Paris, Bernard Grasset.
CASTILLO DEBALL, Mariana (2002). Penser/Classer, Maastrich, Jan Van Eyck Academie (livre d’artiste).
CASTILLO DEBALL, Mariana (2005). Interlude : The reader’s traces, Maastrich, Jan Van Eyck Academie (livre d’artiste).
CAVALLO, Guglielmo et CHARTIER, Roger (2001 [1997]. Histoire de la lecture dans le monde occidental, Paris, Seuil (« Points »).
CERTEAU, Michel de (1990). L’invention du quotidien. I. Arts de faire [Quatrième partie : « Usages de la langue], Paris, Gallimard (folio/essais).
CHAN, Paul (2011). Wht is a Book? New York City, Badlands Unmilimted.
CHARTIER, Roger (dir.) (1985). Pratiques de la lecture, Paris, Rivages.
CHARTIER, Roger (1992). L’Ordre des livres : lecteurs, auteurs, bibliothèques en Europe entre XIVe et XVIIIe siècle, Aix-en-Provence, Alinea.
CHARTIER, Roger (1989). « Le monde comme représentation », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 44e année, no 6, 1989, p. 1505-1520.
CHEVALIER, Flore (2013). The body of Writing: An Erotics of Contemporary American Fiction, Colombus, Ohio State University Press.
CITTON, Yves (2014). Pour une écologie de l’attention, Paris, Seuil.
CRARY, Jonathan (2001). Suspensions of Perception : Attention, Spectacle, and Modern Culture, Cambridge, MIT Press.
CRARY, Jonathan (2013). 24/7: Late Capitalism and the Ends of Sleep, New York, Verso.
CULLER, Jonathan (1980). « Prolegomena to a Theory of Reading », in Susan R. Suleiman et Inge Crosman (dirs.), The Reader in the Text, Princeton, Princeton University Press, p. 46-66.
CULLER, Jonathan (2010). « The Closeness of Close Reading », ADE Bulletin, no 149 (2010), p. 20-25.
CUSSET, François (2013). « Ce que lire veut dire. La lecture, une affaire collective, une affaire politique », La Revue des livres, no 10 (mars-avril 2013), p. 11-16.
DAVIDSON, Cathy (1989) (dir.), Reading in America : Literature and Social History, Baltimore, John Hopkins University Press.
DAVIDSON, Cathy (2010). The Future of Thinking : Learning Institutions in a Digital Age, Cambridge, MIT Press.
DRUCKER, JOHANNA (dir.) (2012). Digital Humanities, Cambridge, MIT Press.
ECO, Umberto (1985 [1979]). Lector in Fabula ou La coopération interprétative dans les textes narratifs, trad. de l’italien par Myriem Bouzaher, Paris, Grasset.
FISH, Stanley (1980). Is There a Text in This Class? Cambridge, MA, Harvard University Press.
FLYNN, Elizabeth A. et SCHWEICKART, Patronicio P. (éd.) (1986). Gender and Reading : Essays on Readers, Texts, and Contexts, Baltimore et Londres, The John Hopkins University Press.
FLYNN, Elizabeth A. et SCHWEICKART, Patronicio P. (éd.) (1986). Reading Sites : Social Difference and Reading, New York, Modern Language Association.
FULLER, Danielle et SEDO, DelNel Rehberg (2013). Reading Beyond the Book : The Social Practices of Contemporary Literary Culture, New York, Routledge.
FUSS, Diana (1994). « Reading like a Feminist », in Naomi Schor et Elizabeth Weed (dirs.), The Essence of Difference, Bloomington, Indiana University Press, p. 98-115.
GALLOP, Jane (2000). « The Ethics of Reading : Close Encounters », Journal of Curriculum Theorizing, Fall 2000, p. 7-17.
GATES, Henry Louis Jr (dir.) (1990). Reading Black, Reading Feminist : A Critical Anthology, New York, Meridian.
GERITZEN, Mieke, LOVINK, Geert et KAMPMAN, Minke (dir.) (2011). I Read Where I Am: Exploring New Information Cultures, Breda, Graphic Design Museum; Amsterdam, Valiz.
GERVAIS, Bertrand (2006). À l’écoute de la lecture, Québec, Nota bene.
GUILLORY, John (2008). « How Scholars Read », ADE Bulletin, no 146 (2008), p. 8-17.
GUILLORY, John (2010). « Close Reading : Prologue and Epilogue », ADE Bulletin, no 149 (2010), p. 8-14.
HAYLES, N. Katherine (1999). How We Became Posthuman : Virtual Bodies in Cybernetics, Literature, and Informatics, Chicago, The University of Chicago Press.
HAYLES, N. Katherine (2007). « Hyper and Deep Attention : The Generational Divide in Cognitive Modes », Profession, 2007, p. 187-199.
HAYLES, N. Katherine (2010). « How We Read : Close, Hyper, Machine », ADE Bulletin, no 150 (2010), p. 62-79.
HAYLES, N. Katherine (2012). How We Think : Digital Media and Contemporary Technogenesis, Chicago, The University of Chicago Press.
HENTSCH, Thierry (2005). Raconter et mourir : aux sources de l’imaginaire occidental, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal.
ILLICH, Ivan (1991). Du lisible au visible : La naissance du texte. Un commentaire du Didascalicon de Hughes de Saint-Victor, trad. de l’anglais par Jacques Mignon, Paris, Cerf.
ISER, Wolfgang (1974). The Implied Reader, Baltimore, John Hopkins University Press.
ISER, Wolfgang (1978). The Act of Reading, Baltimore, John Hopkins University Press.
JAUSS, Hans Robert (1982). Toward an Aesthetic of Reception, trad. par Thimothy Bathi, Brighton, Harverster Press.
JONES, Nathan et SKINNER, Sam (2015). Torque #2: The Act of Reading, London, Torque, 2015.
JOUVE, Vincent (dir.) (2005). L’expérience de lecture, Paris, Éditions l’improviste.
LANG, Anouk (éd.) (2012). From Codex to Hypertext : Reading at the Turn of the Twenty-First Century, Amherst, University of Massachusetts Press.
LAROSE, Jean (2015). Google goulag : nouveaux essais de littérature appliquée, Montréal (collection papiers collés).
LEAVIS, Q.D. (1965 [1932]). Fiction and the Reading Public, Londres, Chatto & Windus.
LITTAU, Karin (2006). Theories of Reading : Books, Bodies and Bibliomania, Cambridge, Polity Press.
LONG, Elizabeth (1986). « Women, Reading, and Cultural Authority : Some Implications of the Audience Perspective in Cultural Studies », American Quaterly, no 38, p. 180-211.
MACÉ, Marielle (2011). Façons de lire, manières d’être, Paris, Gallimard.
MACHOR, James L. (dir.) (1993). Readers in History : Ninteenth-Century American Literature and the Contexts of Response, Baltimore, John Hopkins University Press.
MANGUEL, Alberto (1998). Une histoire de la lecture, trad. de l’anglais par Christine Le Bœuf, Paris, Actes Sud.
McGRATH, Brian M. (2013). The Poetics of Unremebered Acts: Reading, Lyrics, Pedagogy, Evanston, Ill., Northwestern University Press.
McHENRY, Elizabeth (2002). Forgotten Readers : Recovering the Lost History of African American Literary Societies, Durham et Londres, Duke University Press.
McLUHAN, Marshall (1962). The Gutenberg Galaxy : The Maxing of Typographic Man, Londres, Routledge & Kegan Paul.
MILLS, Sara (dir.) (1994). Gendering the Reader, Hemel Hempstead, Harvester Wheatsheaf.
NUNBERG, Geoffrey (ed.) (1996). The Future of the Book, Berkeley et Los Angeles, University of California Press.
ONG, Walter J. (1982). Orality and Literacy : The Technologizing of the World, New York, Routledge.
PAYOT, Marianne (2009). « Le livre ne mourra pas », entretien avec Umberto Eco et Bruno Racine (président de la BNF), L’express.fr, 15/10/2009 [en ligne] (consulté le 3 novembre 2014).
PEARCE, Lynne (1997). Feminism and the Politics of Reading, Londres, Arnold.
PEREC, Georges (1985). « Lire: esquisse socio-physiologique », La revue de l’AFL, Les Actes de lecture, no 10 (mars 1985), [en ligne] (consulté le 5 mai 2015)
PIPER, Andrew (2012). Book Was There. Reading in Electronic Times, Chicago et Londres, The University of Chicago Press.
RANCIÈRE Jacques (2011). Le Spectateur émancipé, Paris, La Fabrique.
SAENGER, Paul (1997). Space Between Words : The Origins of Silent Reading, Stanford, Harvard University Press.
SEDO, DeNel Rheberg (dir.) (2011). Reading Communities from Salons to Cyberspace, Basingstoke, Palgrave Macmillan.
SERRES, Michel (2011). « Éduquer au XXIe siècle », LeMonde.fr, 05.03.2011 [en ligne] (consulté le 2 novembre 2014)
SHANNON, Patrick (2011). Reading Wide Awake: Politics, Pedagogies, and Possibilities, New York, Teacher College Press.
STEWART, Garrett (2011). Bookwork : Medium to Object to Concept to Art, Chicago, The University of Chicago Press.
SOCKEN, Paul (éd.) (2013). The Edge of the Precipice : Why Read Literature in the Digital Age?, Montréal et Kingston, Londres, Ithaca, McGill-Queens University Press.
WEST, Mark (2014). Reading in the Mobile Era: A Study of Mobile Reading in Developing Countries, Paris, United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO), Education Sector.
WOLF, Maryanne (2007). Proust and the Squid : The Story and Science of the Reading Brain, New York, Harper.
FermerRainer Ganahl’s Reading Seminars, NYC
If I Can’t Dance, I Don’t Want to be Part of Your Revolution, Amsterdam/Sao Paulo/Toronto
New York Times Feminist Reading Group, NYC
No Reading After the Internet, Toronto/Vancouver
Fermer