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SIGHTINGS 12. « Les souvenirs sont immobiles »
Jinyoung Kim, « Les souvenirs sont immobiles » (Vue d'installation), 2015. Avec l'aimable autorisation de l'artiste. Photo : Jean-Louis René
Jinyoung Kim, « Les souvenirs sont immobiles » (Vue d'installation), 2015. Avec l'aimable autorisation de l'artiste. Photo : Jean-Louis René
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1er février au 10 mai 2015

Un projet de Jinyoung Kim

« Les souvenirs sont immobiles1 »

Une maison est un endroit où les récits personnels et les conventions formelles convergent. Il s’agit autant d’un espace psychologique stratifié, incluant les souvenirs les plus intimes, que d’une structure architecturale formelle qui s’élève dans un lieu géographique. À travers cette installation, j’ai voulu approcher la maison comme une entité conceptuelle, où les émotions et les affects du passé d’un individu s’entrechoquent et s’inscrivent dans des codes architecturaux. La maison devient ainsi un site potentiel d’intersubjectivité. Plus précisément, je considère les objets domestiques comme des agents qui activent les souvenirs intimes et l’architecture comme la convention formelle qui ancre et qui englobe de telles expériences.

Cette installation est constituée d’une vidéo et d’une maquette des murs de fondation et de la structure du sous-sol d’une maison appartenant à ma lignée paternelle. Elle symbolise un lieu de sécurité initiale et une représentation de mes origines. Cet endroit me confère mon identité culturelle et me procure un sentiment de continuité à travers le temps.

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La maquette de la structure du sous-sol a été construite en utilisant le béton comme principal matériau et le plan d’étage a été dessiné de mémoire, en parcourant l’espace intérieur dans ma tête. La vidéo montre une personne plaçant des objets ménagers de façon répétitive à l’intérieur de cet espace confiné, sous un ciel ouvert, entouré de murs de béton de hauteur moyenne qui font écho à la structure de la maquette. L’action a lieu sur un des toits de la maison, où elle est enfermée par les murs mais exposée à l’air libre. Les automobilistes qui passent sur la route adjacente peuvent de très près jeter un regard dans cet espace, s’ils en ont la curiosité. Cet indéniable manque d’intimité fait de cet espace sur le toit une étrange plateforme semi-publique.

Le cube Sightings, situé au rez-de-chaussée du pavillon Hall, héberge des objets d’art dans son espace restreint. Légèrement isolé de la circulation humaine, il se tient tout de même sur la trajectoire des passants. J’ai perçu le cube comme un espace intime potentiel au cœur du caractère transitoire et communautaire du lieu, car les objets y sont à la fois présents de façon ininterrompue et isolés malgré leur exposition à la vue du public. J’ai voulu travailler avec cette conception du cube, où les frontières entre l’intérieur et l’extérieur sont légèrement brouillées et transgressées par la perception. Cet environnement particulier ainsi que l’expérience visuelle du cube renforcent la convergence et la confrontation entre le public et l’intime, ce qui établit un lien direct avec mon installation.

Jinyoung Kim

1. Gaston Bachelard, La poétique de l’espace, Paris, PUF, 1957, p. 28

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Jinyoung Kim transforme des récits personnels en visions poétiques qui produisent des condensations visuelles à la fois symboliques et métaphoriques. Ses œuvres entrent en résonance avec l’expérience quotidienne et l’imprègnent de sens en se l’appropriant dans différents contextes. L’artiste s’intéresse aux conditions qui limitent l’identité individuelle et son déplacement. Elle a obtenu un baccalauréat en beaux-arts (BFA) à l’Université de l’École d’art et de design de l’Ontario (OCAD) à Toronto et est titulaire d’une maîtrise en beaux-arts (MFA) de l’Université Concordia (2014). Son travail a été exposé à Toronto et à Montréal et récemment à la Galerie Leonard et Bina Ellen, à la Galerie Lilian Rodriguez et à Espace Cercle Carré. Elle figurait en 2014 parmi les candidats retenus pour le prix Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain et a reçu une bourse en photographie de la Fondation Roloff Beny. Jinyoung Kim vit et travaille à Montréal.