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SIGHTINGS est un programme d’expositions satellites conçu par la Galerie Leonard & Bina Ellen pour réfléchir à notre compréhension de l’espace d’exposition et de la présentation des œuvres. Ce projet fait écho à quatre essais phares écrits par Brian O’Doherty entre 1976 et 1981 – regroupés sous le titre White Cube. L’espace de la galerie et son idéologie (traduction française, 2008) –, où l’auteur et artiste irlandais théorise certains enjeux liés à une conception de l’espace d’exposition moderniste. Une conception de l’espace qu’il qualifie de « cube blanc » neutre et adaptable, et qui est pérenne puisqu’elle définit un grand nombre de galeries actuelles. SIGHTINGS a été mis en œuvre pour souligner la persistance et la fausse neutralité du cube blanc, et créer une plate-forme d’expérimentation pour que des artistes et commissaires invités génèrent de nouvelles stratégies de mise en espace et évaluent les limites de l’adaptabilité d’un véritable cube blanc.

Un premier cycle diffusait des projets réalisés par des étudiants de la Faculté des beaux-arts. Un deuxième cycle, en cours, présente des projets réalisés par des artistes et commissaires de la communauté artistique élargie.

SIGHTINGS est situé au rez-de-chaussée du Pavillon Hall au 1455 boul. de Maisonneuve Ouest.

SIGHTINGS 13
The Value of What Goes On Top
Sunny Assu, The Value of What Goes On Top, 2015 (vue d'installation). Feuille de cuivre et érable, 4 éléments. Dimensions : 12 x 12 x 36; 12 x 12 x 24; 12 x 12 x 18; 12 x 12 x 6.
Sunny Assu, The Value of What Goes On Top, 2015 (vue d'installation). Feuille de cuivre et érable, 4 éléments. Dimensions : 12 x 12 x 36; 12 x 12 x 24; 12 x 12 x 18; 12 x 12 x 6.
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16 mai au 20 septembre 2015

Un projet de Sonny Assu

The Value of What Goes On Top questionne le passage d’objets inanimés au statut plus élevé d’œuvres d’art selon le lieu où ils sont placés, comment ils le sont et par qui. Toutefois, la vision est déplacée vers l’absence d’un objet d’art, si l’on associe la valeur de l’objet d’art au socle habituellement utilisé dans un musée.

La nation Kwakwaka’wakw, du territoire maintenant connu sous le nom de Colombie-Britannique, accorde une valeur symbolique aux objets fabriqués en cuivre et en érable, les gestes posés par les membres de haut rang de cette société élevant ces objets à un statut supérieur. Souvent présenté sous la forme d’un bouclier tenu par un chef, l’objet que l’on désigne simplement comme un « cuivre » (« a Copper ») acquiert sa valeur symbolique à travers les échanges, la guerre ou les alliances. Un cuivre peut représenter la richesse séculaire constituée au cours des cérémonies sacrées de potlatch. En effet, ce seul objet peut incarner symboliquement de nombreux canots, des objets sacrés faits en cèdre, en érable et en bois d’aulne, des vêtements en écorce de cèdre, des paniers de laine de chèvre des montagnes, des piles et des piles de couvertures servant aux échanges et d’autres objets utilitaires. Portant souvent des noms, les cuivres peuvent être utilisés pour se vanter ou pour faire honte à quelqu’un, et la valeur commerciale qui est inscrite en eux peut être transmise ou complètement annulée.

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Partout sur la Côte Nord-Ouest du Pacifique, le cèdre est considéré comme le matériau « de tous les jours », utilisé dans presque tous les aspects de la société Kwakwaka’wakw, des maisons longues aux canots, des objets sacrés aux objets utilitaires. L’érable, bien que souvent négligé, est un matériau physiquement plus résistant employé pour confectionner des objets ornés comportant de nombreux détails, lesquels sont portés par les membres de haut rang de la société Kwakwaka’wakw. L’érable et le cuivre sont deux matières perçues comme étant porteuses d’une richesse intrinsèque, bien qu’ici, elles évoquent et remettent en question la notion duchampienne du readymade. Remettre en question à la fois la norme du readymade occidental et l’esthétisation des objets culturels et utilitaires des Kwakwaka’wakw constitue un acte de décolonisation du regard occidental porté sur l’« autre ».

L’œuvre The Value of What Goes On Top est inspirée de conversations avec des membres de la communauté qui ont une compréhension profonde, sans contrainte, de l’art et de la société Kwakwaka’wakw avant son contact avec les Européens. Cette installation à caractère spéculatif conçoit le regard précolonial à travers une pensée « pré-contact » selon laquelle un observateur précolonial mettrait en question l’élévation symbolique des masques cérémoniaux, des emblèmes et des objets utilitaires placés sur des socles ou grâce à d’autres modes occidentaux de présentation ethnographique. Ainsi, je me demande si cet observateur présumerait que c’est le socle davantage que l’objet lui-même qui porte la valeur conceptuelle. Tenter de répondre à une telle question semble être un exercice futile. Pouvons-nous réellement penser le regard précolonial, étant donné que nous vivons nous-mêmes à l’intérieur d’une structure coloniale ? La question, que l’on puisse y répondre ou non, est en soi un acte de décolonisation. En recourant à la théorie de la décolonisation, nous nous libérons et nous libérons notre art, notre histoire de l’art et notre pensée de la soumission au joug colonial.

Sonny Assu

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Sonny Assu (né en 1975)

Au moyen d’interventions muséales, d’installations à grande échelle, de la sculpture, de la photographie, de la gravure et de la peinture, Sonny Assu fusionne l’iconographie autochtone avec une sensibilité issue du pop art afin d’attirer l’attention sur des enjeux politiques et idéologiques contemporains. Ses œuvres se concentrent souvent sur des problématiques qui concernent les Autochtones et leurs droits, la consommation de masse, l’image de marque et les nouvelles technologies, ainsi que le façonnement des idées et les identités contemporaines par le passé. Empreint d’humour et d’ironie, le travail de Assu propose d’ouvrir le dialogue autour du consumérisme et de l’utilisation de l’image de marque et de la technologie en tant que représentations totémiques. Ce travail est habité par des préoccupations plus profondes relatives à la perte de la langue maternelle et des ressources culturelles, ainsi qu’aux effets de la colonisation sur les peuples autochtones d’Amérique du Nord.

La pratique de Assu manifeste un intérêt particulier pour la matérialité. Les matériaux utilisés dans la réalisation de chaque œuvre sont choisis avec soin, en relation particulière avec la culture autochtone : des tambours en peau de cerf ou d’élan peints à la main pour leur signification performative; des affiches pour leur caractéristiques de distribution de masse; et le cuivre en raison de son importance culturelle pour les Autochtones de la Côte Ouest. Les projets de Assu soulignent à la fois les intersections et les frontières de l’art autochtone traditionnel à l’intérieur du champ plus large de l’art contemporain.

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Sonny Assu est d’origine Liǥwildaʼx̱w (We Wai Kai), tribu de la nation Kwakwa̱ka̱’wakw. Il a obtenu un diplôme de la Emily Carr University of Art + Design en 2002 et étudie actuellement au programme de maîtrise en Arts visuels à l’Université Concordia. En 2011, il a reçu le British Columbia Creative Achievement Award for First Nations’ Art et a été mis en nomination pour le prix Sobey pour les arts en 2012, 2013 et 2015.

Ses œuvres font partie des collections du Musée des beaux-arts du Canada, du Seattle Art Museum, de la Vancouver Art Gallery, du Museum of Anthropology at UBC, de celles d’Hydro-Québec, de Loto-Québec et de diverses autres collections publiques et privées au Canada et aux États-Unis.

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