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Inauguré en 2012 à l’occasion du 50e anniversaire de la collection permanente de la Galerie Leonard & Bina Ellen, le programme d’expositions satellites SIGHTINGS a été conçu comme une plateforme d’expérimentation et de réflexion critique afin de questionner les possibilités et les limites de l’espace du «cube blanc» moderniste. Dans le cadre de la programmation 2015-2016, des artistes et des commissaires sont invités à s’intéresser de plus près aux mécanismes invisibles qui conditionnent la production et la diffusion de l’art, et à trouver de nouvelles stratégies pour les révéler au public. S’articulant autour de la problématique du travail et des enjeux que pose l’économie «immatérielle» de la culture, les projets présentés cette année permettent de reconsidérer certains aspects du fonctionnement de l’art qui, normalement, échappent au regard des spectateurs : de la distribution des rôles entre les différents acteurs du milieu artistique (artistes, commissaires, techniciens, assistants, médiateurs, etc.) aux rapports de force qui régissent leurs activités respectives, en passant par la remise en question du partage traditionnel entre le travail manuel et le travail intellectuel, la conception et l’exécution, la création et la production discursive.

SIGHTINGS est situé au rez-de-chaussée du Pavillon Hall au 1455 boul. de Maisonneuve Ouest.

SIGHTINGS 15
The Names of Dancers (this is swallowed by neoliberalism or else fades into obscurity)
La calq, The Names of Dancers (this is swallowed by neoliberalism or else fades into obscurity), 2016 (vue du dance party). Néon, matériaux mixtes, performance. Photo : Jean-Louis René
La calq, The Names of Dancers (this is swallowed by neoliberalism or else fades into obscurity), 2016 (vue d'installation et performance). Néon, matériaux mixtes, performance. Danseuse : Angie Cheng. Photo : Katrie Chagnon
La calq, The Names of Dancers (this is swallowed by neoliberalism or else fades into obscurity), 2016 (vue d'installation et performance). Néon, matériaux mixtes, performance. Danseuse : Lara Kramer. Photo : Laura O'Brien
La calq, The Names of Dancers (this is swallowed by neoliberalism or else fades into obscurity), 2016 (vue d'installation et performance). Néon, matériaux mixtes, performance. Danseuse : Caroline Gravel. Photo : Hugues Dugas
La calq, The Names of Dancers (this is swallowed by neoliberalism or else fades into obscurity), 2016 (vue d'installation et performance). Néon, matériaux mixtes, performance. Danseuse : La calq, The Names of Dancers (this is swallowed by neoliberalism or else fades into obscurity), 2016 (vue d'installation et performance). Néon, matériaux mixtes, performance. Danseur : Stephen Thompson. Photo : Katrie Chagnon
La calq, The Names of Dancers (this is swallowed by neoliberalism or else fades into obscurity), 2016 (vue d'installation et performance). Néon, matériaux mixtes, performance. Danseuse : Ellen Furey. Photo : Katrie Chagnon
La calq, The Names of Dancers (this is swallowed by neoliberalism or else fades into obscurity), 2016 (vue d'installation et performance). Néon, matériaux mixtes, performance. Danseuse : Marie Claire Forté. Photo : Katrie Chagnon
La calq, The Names of Dancers (this is swallowed by neoliberalism or else fades into obscurity), 2016 (vue d'installation). Néon, matériaux mixtes, performance. Photo : Katrie Chagnon
La calq, The Names of Dancers (this is swallowed by neoliberalism or else fades into obscurity), 2016 (vue d'installation et performance). Néon, matériaux mixtes, performance. Danseuse : k.g. Guttman. Photo : Katrie Chagnon
La calq, The Names of Dancers (this is swallowed by neoliberalism or else fades into obscurity), 2016 (vue d'installation et performance). Néon, matériaux mixtes, performance. Danseur : Stephen Quinlan. Photo : Isabelle Mignault
La calq, The Names of Dancers (this is swallowed by neoliberalism or else fades into obscurity), 2016 (vue d'installation et performance). Néon, matériaux mixtes, performance. Danseuse : Rebecca Rehder. Photo : Katrie Chagnon
La calq, The Names of Dancers (this is swallowed by neoliberalism or else fades into obscurity), 2016 (vue d'installation et performance). Néon, matériaux mixtes, performance. Danseur : Adam Kinner. Photo : Katrie Chagnon
La calq, The Names of Dancers (this is swallowed by neoliberalism or else fades into obscurity), 2016 (vue d'installation et performance). Néon, matériaux mixtes, performance. Danseur : Simon Portigal. Photo : Katrie Chagnon
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14 janvier au 13 mars 2016

Un travail de La calq

Horaire des danses

14 janvier, 17 h 00  –  Simon Portigal

14 janvier, 18 h 00  –  Benoît Lachambre

15 janvier, 14 h 30  –  Sam I Am

18 janvier, 13 h 00  –  Rebecca Rehder

21 janvier, 14 h 30  –  Marie Claire Forté

26 janvier, 11 h 30  –  Adam Kinner

29 janvier, 15 h 00  –  Stephen Quinlan

3 février, 16 h 30  –  k.g. Guttman

10 février, 14 h 00  –  Ellen Furey

12 février, 12 h 30  –  Stephen Thompson

17 février, 13 h 00  –  Antonija Livingstone

19 février, 16 h 00  –  Caroline Gravel

29 février, 10 h 30  –  Audrée Juteau

2 mars, 15 h 00  –  Lara Kramer

4 mars, 11 h  –  Leah McFly

7 mars, 14 h 30  –  Angie Cheng

9 mars, 17 h 00  –  dance party

Biographies

Simon Portigal est diplômé de P.A.R.T.S. et LADMMI. Récemment de retour à Montréal, il a travaillé pour Dancemakers et avec plusieurs artistes indépendants incluant Adam Kinner, Ame Henderson / Public Recordings, Dana Michel, Ellen Furey, Benjamin Kamino, Brendan Fernandes et Marten Spangberg.

Chorégraphe, interprète, improvisateur et enseignant, Benoît Lachambre fonde en 1996 la compagnie Par B.L.eux se donnant pour mission de créer et produire des œuvres dans un esprit d’ouverture et de collaboration tout en développant les rapports d’interdisciplinarité en danse.

Samantha « Sam I Am Montolla » Hinds, est une Waacker, danseuse Hip hop et compositeur-interprète. Elle est née et a grandi à Montréal. Elle fait partie du renommé IHOW The Canadian Chapter sous le nom Princess Shayla et a remporté de nombreuses dance battles en Waacking, Hip Hop et All-Styles à Paris, New York et dans sa ville natale.

Rebecca Redher est une performeuse et créatrice de danse basée à Montréal. Elle a récemment terminé son baccalauréat en danse contemporaine à l’Université Concordia (2014). Elle poursuit actuellement sa recherche chorégraphique et collabore avec des artistes qui l’inspirent.

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Marie Claire Forté aime penser qu’on peut toujours élargir notre champ perceptuel; inclure plus, comprendre plus, jouir plus… As a choreographer and dancer, and through a variety of constellations, she instigates projects and collaborates in those of others. Conjointement à sa pratique artistique, elle traduit, écrit et enseigne la danse.

Formé en tant que musicien, Adam Kinner est un artiste dont la pratique s’étend à la musique, à la danse et aux arts visuels. Il a performé abondamment aux États-Unis, au Canada et en Europe. Il collabore régulièrement avec des artistes travaillant dans divers contextes de performance. Il termine actuellement une maîtrise à l’Université Concordia en études interdisciplinaires de performance.

Stephen Quinlan est un artiste interdisciplinaire dont la pratique intègre marionnettes et danse. Depuis la fin de son baccalauréat en chant classique à l’École de musique de l’Université Memorial de Terre-Neuve, il oscille entre de nombreuses disciplines; toujours en quête, toujours en mouvement.

Stephen Thompson est originaire de Calgary en Alberta et est basé principalement à Paris. Sa pratique et recherche continue, Body of Work, l’amène à se déplacer autour du globe afin d’enquêter et de collaborer avec des artistes, institutions, communautés et systèmes. Stephen fut médaillé de bronze aux Championnats du monde de patinage artistique 2015 où on lui a également décerné le prix du « mieux habillé ».

Antonija Livingstone est une artiste basée à Berlin qui travaille aux frontières de la danse et de la performance. Son travail naît souvent de collaborations avec des artistes visuels, des danseurs et des étrangers avec qui elle établit la chorégraphie comme une pratique curatoriale. Ses événements, des sculptures basées sur le temps, priorisent les présences rares et les pratiques en voie de disparition. La pratique d’Antonija est affiliée à Nobody’s Business.

Caroline Gravel est une artiste en danse basée à Montréal. Son travail est une investigation de la relation des sensations à la plastique du corps et de leurs résonances affectives et perceptives. Elle crée des moments évocateurs d’atmosphères sans trame narrative. Le drame est autre part alors que la tension se cristallise pour incarner un événement en perpétuel devenir.

Basée à Montréal, Audrée Juteau a collaboré à de nombreux projets comme danseuse avec différents chorégraphes, dont Sonya Biernath, Katie Ward, la Fondation Jean-Pierre Perreault, Deborah Dunn (cie Trial & Eros)… Ses premières expériences comme chorégraphe ont été au sein du groupe The Choreographers. Ses pièces Poisson, Youme et Sam affecte ont été dernièrement présentées. Diplômée de LADMMI en 2003, elle fut aussi récipiendaire de la bourse Impulstanz Danceweb 2010 et détient depuis 2015 une maîtrise en danse de l’UQAM.

Leah McFly est une danseuse basée à Montréal, également connue sous le nom Waackeisha. Affiliée à 2 Marvelous Productions, elle réinvente le hip hop avec son énergie pure et son attitude. Elle a séduit les publics à travers le monde grâce à sa passion pour la mode et sa polyvalence et maîtrise de différents styles de danse, entre autres le hip hop, popping, Waacking, house et reggae / dancehall.

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[Les noms des danseurs (ceci est avalé par le néolibéralisme ou alors se fond dans l’obscurité)]

Le travail de La calq pour l’espace SIGHTINGS combine trois éléments : une liste de noms de danseurs compilée en ligne (thenamesofdancers.org) et présentée dans un petit livre près du cube; une enseigne lumineuse suspendue dans le cube, où l’on peut lire « this is swallowed by neoliberalism or else fades into obscurity » (ceci est avalé par le néolibéralisme ou alors se fond dans l’obscurité); et une série de solos de danse exécutés dans l’espace environnant pendant les huit semaines.

Au cœur de ce travail se trouve une liste de noms de danseurs. Provenant de la communauté élargie de la danse, cette liste de noms se modifie constamment pour dessiner un champ chorégraphique collectif. En nommant les danseurs, la liste inscrit l’expérience commune de la danse dans la sphère publique tout en créant de nouvelles relations entre des figures, certaines presque inconnues, d’autres relativement célèbres. Sur la base de leur activité corporelle est érigé un monument impossible qui évoque des mouvements, des temps et des espaces à la fois invisibles et hétérogènes. Cette énumération reconnaît ainsi l’association historique et persistante de la danse avec la féminité (plusieurs sont des noms de femmes), mais aussi, dans sa diversité culturelle et historique, avec l’état de subalterne, ainsi qu’avec le caractère désordonné et l’inefficacité des corps eux-mêmes – ces corps qui vieillissent, faiblissent et se brisent, inexorablement. L’acte de nommer ne fait pas que mettre en lumière certains corps et leur matérialité linguistique, il met aussi en relief les noms comme acteurs autonomes : comme objets, mouvements, affects et matériaux en eux-mêmes.

De cette façon, The Names of Dancers s’attaque au régime de représentation dominant, soumis à l’économie néolibérale, qui obscurcit et ingère certains corps dansants, tout en enfermant d’autres (qu’il a « découverts ») dans des positions de sujets stables. L’œuvre interagit et joue avec de telles opérations : elle nomme et donne à voir le travail du corps dansant, tout en faisant constamment l’expérience du seuil de la visibilité et de la lisibilité. L’enseigne lumineuse nomme ce seuil : le « ou » entre le néolibéralisme et l’obscurité. Du même coup, elle pointe ouvertement ce qui suit par le recours au démonstratif ambigu « this » (en français : « ceci », « ce » ou « cette »). « Ce » corps, « cette » œuvre, « cet » espace, « cette » enseigne, « cette » danse. À la fois situé et abstrait (nous ne savons pas, finalement, laquelle de ces lectures est la « vraie », s’il en est une), « ceci » constitue un énoncé performatif, marqué par un geste de proximité, un geste qui traverse toujours le corps dansant alors qu’il se constitue lui-même en relation avec le monde qui se presse contre lui.

Au cours de la présentation du travail, plusieurs danseurs sont invités à performer aux abords du cube. L’horaire de leurs performances y est affiché. Puisque l’espace environnant est un lieu de grande circulation, une chorégraphie peut s’avérer, dans ce contexte, particulièrement difficile à percevoir, voire redondante – réduite au mouvement d’un autre corps qui passe. Et pourtant, alors que leurs gestes se fondent à leur environnement en même temps qu’ils s’en détachent, les danseurs jouent avec l’excès et l’immobilité, à la limite des mouvements fortement réglementés de l’espace public. Combinés à la liste de noms et à l’enseigne lumineuse, leurs mouvements hors normes réclament que soient incluses dans la sphère commune des pratiques divergentes et expérimentales.

L’association de ces éléments nous amène à penser la danse au-delà de ses techniques disciplinaires et de sa mise en spectacle habituelle, de manière à prendre au sérieux sa capacité à inventer des pratiques de résistance et d’expérimentation. Prendre la danse au sérieux signifie prendre en compte sa matérialité politique : reconnaitre en quoi elle est modelée par un ensemble de technologies somatiques et discursives qui, en retour, rendent possibles des configurations et des usages dissidents. Confrontés à une telle série de gestes mineurs, instables, anonymes, singuliers, collectifs, nomades et tangibles bien qu’abstraits, nous sommes forcés de questionner ce qui compte comme de la danse et de ré-imaginer ce que la danse peut faire dans un champ élargi.

La calq est une artiste anonyme qui est aussi une institution de danse mineure engagée à danser des subjectivités expérimentales. La calq rassemble des gens, des espaces, des temps, des travaux, et des processus qui donnent corps et mettent en mouvement de nouvelles formes d’être ensemble. Empruntant son nom au Conseil des Arts et des Lettres du Québec, La calq utilise le féminin afin de poser un défi aux institutions de patrimoine culturel et de souligner l’imbrication de ces institutions dans les structures politiques hégémoniques. La calq défait la performance de l’objectivité culturelle en insistant pour que les institutions de danse soient mineures, souples et en mouvement – au risque de leur disparition. Au seuil de la visibilité et sur la surface collective du corps, La calq met en scène des mouvements impraticables qui sollicitent des danses d’attention continues.