Inauguré en 2012 à l’occasion du 50e anniversaire de la collection permanente de la Galerie Leonard & Bina Ellen, le programme d’expositions satellites SIGHTINGS a été conçu comme une plateforme d’expérimentation et de réflexion critique afin de questionner les possibilités et les limites de l’espace du « cube blanc » moderniste. Ce programme est associé à un module de présentation cubique situé dans un espace public de l’université, que des artistes et des commissaires sont invité.e.s à investir en proposant de nouvelles stratégies de monstration artistique.
Après s’être penchée sur le travail et la pédagogie, la programmation thématique de SIGHTINGS pour l’année 2017-2018, conçue par la commissaire Katrie Chagnon, explore le domaine des psychopathologies en scrutant les processus qui troublent la psyché contemporaine, individuelle aussi bien que collective. Pouvant fonctionner comme un dispositif expérimental, une salle d’observation ou une métaphore de l’espace mental – « boite noire » devenue transparente –, le cube SIGHTINGS sera investi par différents projets qui interrogent les limites entre le normal et le pathologique, le soi et l’autre, l’intériorité et l’extériorité, ainsi que les structures (névrotiques, psychotiques, dépressives, anxieuses, etc.) qui conditionnent nos existences.
SIGHTINGS est situé au rez-de-chaussée du Pavillon Hall au 1455 boul. De Maisonneuve Ouest et est accessible tous les jours, y compris les fins de semaine, de 7 h à 23 h.
A est a si A is a est A
12 septembre 2017 au 14 janvier 2018
Un projet de Marion Lessard
Événements
Conférences
Mercredis 11 octobre et 22 novembre 2017
Lieu : Amphithéâtre VA-323
Pavillon des beaux-arts
1395 René-Lévesque O.
Mercredi 11 octobre à 18 h
Conférence de Claude Romain, membre de Marion Lessard
Lors de cette conférence, Claude Romain a présenté différentes notions centrales autour desquelles s’articule le projet A est a si A is a est A.
Conférence partiellement bilingue
Mercredi 22 novembre à 18 h
Conférence de Marie Cherbat-Schiller, membre de Marion Lessard
Lors de cette présentation, Marie Cherbat-Schiller a fait le tour des questions laissées en suspens par Claude Romain lors de la conférence du 11 octobre dernier, en plus de réfléchir ouvertement à la problématique capitale des manifestations ambiantes d’ambivalence telles qu’exprimées par les diverses formes de refus circonvolutif du sujet contemporain faisant face aux méta-structures collectives d’expulsion projectives pathologisant/pathologisé, ceci dans une perspective d’encadrement décentralisé des économies psychiques dans un contexte de désarroi organisé.
Cette conférence a été rendue possible grâce à l’appui de ProCircex™.
Elle a eu lieu dans l’une ou l’autre langue ou les deux simultanément.
Inaugurant un nouveau cycle annuel de SIGHTINGS sur le thème des psychopathologies, le projet A est a si A is a est A du collectif Marion Lessard problématise diverses notions telles que l’unité, l’identité, l’ordre et l’encadrement par le biais d’un discours à cinq voix à propos du Même et de l’Autre, du Tout et de la Partie, de l’Intériorité et de l’Extériorité. Disposées en cercle, chacune dans son espace-écran respectif, les cinq personnalités en lesquelles se fractionne et se démultiplie « Marion Lessard » deviennent, pour la durée de leur « exposition » collective dans le cube SIGHTINGS, autant les sujets des projections et observations psychologiques des spectateurs.trices que les témoins attentifs de leurs comportements dans l’espace environnant. Par ses incarnations multiples et inventions langagières, le collectif nous entraîne dans son imaginaire déroutant et nous confronte, réflexivement, à nos propres élucubrations psychiques.
Katrie Chagnon, commissaire
Un espace clos. On y regarde. Mais d’où? De l’extérieur, évidemment. On n’est pas là, non, on n’est pas eux. Mais est-ce nous, ça, on, si on exclut la personne qui parle? Et du reste, eux, qui sont-ils s’ils ont cette part de nous de l’on, dehors?
Il y a une limite. C’est une vitre. Une limite à cet espace propre dans lequel 5 unités réfléchissent et s’expriment, tantôt les unes, tantôt les autres, l’une l’autre, de proche en proche, à propos de… de quoi? À propos de ce qu’elles aperçoivent du monde. Ah oui? Où? Et est-ce le même? Est-ce, d’ailleurs, celui-là? Well well well1, ça dépend du point de vue.
5 individus, et peut-être, quelque part, un n’individu. Ils se ressemblent tous étrangement. Ils participent à un jeu, c’est particulier, c’est certain. C’est tout. Mais se jouent-ils de nous, et nous, jouons-nous aussi? What part? Dans quelle pièce?
Un espace clos, donc.
Est-ce une forteresse? Est-ce un observatoire? Est-ce une prison?
Un aquarium? Un cerveau? Une voiture?
Un ciel? Un funiculaire? Une chambre?
Un placenta? Une salle d’attente? Un enfer?
On sait pas trop. On sait jamais trop trop.
On demandera: « Est-ce qu’il ne serait pas plus facile de faire le tour de la question, si elle était posée carrément? » Et on le sait juste trop pas.
Parce que ça tourne en rond. Et que ça tourne pas rond.
En même temps. Dans tous les sens.
Marie Cherbat-Schiller et Alice Roussel
- Alethea Bakar, « Well? Well? Well? Identification and (dis)content in Marion Lessard’s contre-performances», in Translating forms and norms, Montreal : Quinity Press, 2017, pp. 131-158.
Marion Lessard est un collectif composé de Claude Romain, Élisabeth M. Larouine, Jean-Nicolas Léonard, Alice Roussel et Marie Cherbat-Schiller, dont la pratique en littérature, dessin, vidéo et performance s’articule autour de notions et poursuit des buts. Son travail a fait l’objet d’expositions à l’étranger comme au familier. Une partie de Marion Lessard est présentement candidate à la maîtrise en Fibres & Material Practices à l’Université Concordia où ses recherches portent sur les liens qui unissent les formes nominales palindromiques de certaines agglomérations occidentales et le mythe de Narcisse, dans une perspective herméneutique post-historique de réévaluation de l’apparaître culturel échographique dans un monde global infra-fragmenté.
Marion Lessard tient à remercier Phil Hawes, Bogdan Stoica, Luigi Serafini, Manuel Bourget, Frédérik Dufour, Lise-Hélène Larin, Laurence Weyand et la forêt.