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SYSTÈMES

Inauguré en 2012 à l’occasion du 50e anniversaire de la collection permanente de la Galerie Leonard & Bina Ellen, le programme d’expositions satellites SIGHTINGS a été conçu comme une plateforme d’expérimentation et de réflexion critique afin de questionner les possibilités et les limites de l’espace du « cube blanc » moderniste. Ce programme est associé à un module de présentation cubique situé dans un espace public de l’université, que des artistes et des commissaires sont invité.e.s à investir en proposant de nouvelles stratégies de monstration artistique.

Depuis 2015, la programmation de SIGHTINGS explore des thématiques annuelles – le travail, la pédagogie, les psychopathologies – qui réexaminent les paramètres formels, conceptuels, historiques et contextuels du dispositif d’exposition à la lumière d’enjeux socioculturels actuels. Centrée sur la notion de systèmes, l’édition 2018-2019 aborde la manière dont la systématicité du monde de l’art communique avec celle du monde réel envisagé dans ses multiples dimensions (politique, sociale et économique, notamment). Ce cycle de projets poursuit ainsi la critique de l’idée du cube blanc comme « système fermé » qui est à l’origine de SIGHTINGS, et revisite l’héritage du conceptualisme en attirant notre attention sur les dynamiques de pouvoir, les contradictions et les failles qui sont inhérentes à ces différents systèmes.

Le programme SIGHTINGS est élaboré par Katrie Chagnon

SIGHTINGS est situé au rez-de-chaussée du Hall Building au 1455 boul. De Maisonneuve et est accessible les jours de semaine et la fin de semaine de 7 h 00 à 23 h 00.

SIGHTINGS 25
Orange de sécurité
Sheena Hoszko. Avec l'aimable concours de l'artiste
Sheena Hoszko. Orange de sécurité : 2 864 751 589 de ces cubes orange couvrent le territoire du Grand Montréal. Vue de l'installation. Photo: Anne-Marie Trépanier
Sheena Hoszko. Avec l'aimable concours de l'artiste
Sheena Hoszko. Orange de sécurité : 2 864 751 589 de ces cubes orange couvrent le territoire du Grand Montréal. Vue de l'installation. Photo: Anne-Marie Trépanier
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Orange de sécurité : 2 864 751 589 de ces cubes orange couvrent le territoire du Grand Montréal

Un projet de Sheena Hoszko

26 septembre 2018 – 13 janvier 2019

Durant les vacances de la construction, la ville de Montréal devient silencieuse. Les deux dernières semaines de juillet sont un apaisement. Pas de marteau piqueur ou de beep-beep-beep, ce son distinctif des camions qui reculent. Quand ce répit prend fin, c’est le retour au jeu vidéo des embardées de voitures et de vélos, des signes de détour indiquant les routes bloquées et des rues qui se terminent sans avertissement.

Je n’ai aucun sens de l’orientation lorsque je me déplace dans un paysage. Par contre, je peux différencier les échelles. A fait la moitié de la taille de B; C et D sont à égale distance de E. J’ai souvent tendance à oublier Y, mais ça va. Je suis persuadée que mon rapport à l’échelle est la raison de mon amour de la sculpture de grandes dimensions. J’aime l’appeler « art du long souffle » (big breath art) — cela descend dans mes poumons, se dilate et me ralentit, doucement, comme une lourde couverture.

Je me méfie aussi de l’échelle. En tant que sculpteure, j’ai été formée principalement à construire et déconstruire à même les processus de création. Pensez à tous les déchets qu’un artiste met au monde. Ce sentiment de long souffle continue à être utilisé pour la propagande d’état, pour envahir et réprimer.

2 864 751 589 de ces cubes orange – plus précisément la surface de leur base – couvrent la zone du Grand Montréal. Cette mesure est basée sur la façon dont Statistiques Canada définit le territoire colonial de Montréal. Cela comprend l’Île en entier, Laval et Longueuil.

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Mes matins commencent souvent avec le trafic de la rue St-Denis qui me réveille, suivi du son de l’alarme de mon téléphone. Les deux me répugnent. Mais @fucknomtl sur Instagram me fait rire très fort et cracher mon café à l’écran. Ce compte montréalais chronique visuellement les petites erreurs urbaines, dépeignant Montréal comme erratique et en décomposition à travers sa construction impuissante. C’est la ligne parfaite entre tragédie et comédie.

La corruption dans le secteur montréalais de la construction est un phénomène en soi, mais je souhaite me détacher du domaine de la politique municipale et poursuivre. Je vois l’orangé de la construction comme un vitrail. Une teinte sur la ville depuis l’église au-dessus, au-dessous, sur les côtés et à l’intérieur. Réfléchissante et vitrée mais aussi faite d’un matériau imperméable qui émet un bruissement.

Wikipedia dit que la couleur orange de sécurité est utilisée pour contraster avec l’azur du ciel.

Au Québec, les premiers édifices créés pour agir comme des espaces de confinement ont été construits par les missionnaires jésuites entre 1716 et 1726 dans les colonies de Ville-Marie, Québec et Trois-Rivières. Ils étaient constitués d’une salle d’interrogation, d’un logement pour le « geôlier », ainsi que de deux à quatre cachots1. Plus tard, entre 1805 et 1811, des établissements officiels nommés prisons furent construits dans les mêmes villes2. Alors que de plus en plus de prisons étaient érigées sous le pouvoir anglais, et malgré une avancée vers la « réforme » par le travail, les prisons restaient des endroits où le « peuple indocile » (lire : Autochtones et Noirs) était regroupé car ils avaient été « des serviteurs punis par leurs maîtres, enfants de prisonniers sans autre refuge, des vagabonds de toute sortes3. »

Alors que j’écris, un nouveau centre de détention pour immigrant.e.s est construit à Laval, un plus grand établissement pour remplacer celui qui est en train de s’effondrer.

Il y a quelques mois, des gens ont relâché des milliers et des milliers de criquets dans les bureaux des architectes qui construisent la prison4.

Sheena Hoszko

Traduit de l’anglais par Catherine Barnabé

  1. Jacques Laplante, Prison et ordre social au Québec, Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa, 1989, p. 44.
  2. « Vivre en prison : construire des prisons. » Voir le Musée virtuel du Canada. 2009. http://prison.museepop.ca/fr/construire-des-prisons.php. Consulté le 26 mars 2017.
  3. Laplante, Prison et ordre social au Québec, op. cit., p. 59.
  4. « Prison pour migrant-e-s : une bande anti-construction libère des milliers de criquets dans les bureaux d’architectes », Montreal Counter-Information, 18 avril 2018, https://mtlcontreinfo.org/prison-pour-migrant-e-s-une-bande-anti-construction-libere-des-milliers-de-criquets-dans-les-bureaux-darchitectes/.
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Sheena Hoszko est une sculpteure, organisatrice anti-prison et colonisatrice vivant et travaillant à Tio’tia:ke (Montréal) sur un territoire Kanien’kehá:ka. Sa pratique artistique examine les dynamiques de pouvoir des lieux géographiques, architecturaux et psychologiques et se nourrit de ses expériences familiales de l’incarcération, du domaine militaire et de la maladie mentale. Ses récents projets ont été vus au Centre Clark et à La Centrale (Montréal), au A Space (Toronto), à The New Gallery (Calgary), à la Blackwood Gallery (Mississauga), au Musée d’art de Joliette et à La Ferme du Buisson (Paris). Hoszko a récemment présenté son travail au Queens Museum dans le cadre de Open Engagement. Ses textes ont été publiés dans M.I.C.E magazine et dans Free Inside: The Life and Work of Peter Collins publié par Ad Astra Comixs.

Ressources et lectures complémentaires

Alter Justice, alterjustice.org

Architects/Designers/Planners for Social Responsibility, adpsr.org

Black Indigenous Harm Reduction Alliance, facebook.com/blackindigenousharmredux

Certain Days: Freedom for Political Prisoners Calendar, certaindays.org

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Tings Chak, tingschak.com

Peter Collins, Free Inside: The Life and Work of Peter Collins (Montreal: Left-Wing Books, 2018)

Claire Culhane, Barred from Prison: A Personal Account (Vancouver: Pulp Press, 1979).

Angela Y. Davis, Are Prisons Obsolete? (New York: Seven Stories Press, 2003).

Giselle Dias, wlu.ca/academics/faculties/faculty-of-social-work/centre-for-indigegogy/faculty.html

Critical Resistance, criticalresistance.org

Ear Hustle Podcast, earhustlesq.com

End Immigration Detention Network, endimmigrationdetention.com

It’s Going Down, itsgoingdown.org

Robyn Maynard, robynmaynard.com

Prisoner Correspondence Project, prisonercorrespondenceproject.com

Prison Radio Show, prisonradioshow.wordpress.com

Rustbelt Abolition Radio, rustbeltradio.org

Leanne Betasamosake Simpson, leannesimpson.ca

Solidarity Across Borders, solidarityacrossborders.org

Société Elizabeth Fry du Québec, elizabethfry.qc.ca

Third Eye Collective, thirdeyecollective.wordpress.com

Under New Management: A Brief History of Prisons and Resistance to them in So-Called Canada, itsgoingdown.org/wp-content/uploads/2018/03/canprison.pdf

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Événement

Sculpture et pouvoir

Mercredi 7 novembre, 18h00 – 20h00

Lieu : Mezz Hive Café Co-op, 1455 de Maisonneuve Ouest, H-290

Conjointement à l’exposition Orange de sécurité : 2 864 751 589 de ces cubes orange couvrent le territoire du Grand Montréal de Sheena Hoszko, la Galerie Leonard & Bina Ellen accueille Sculpture et pouvoir, une discussion collective qui abordera comment la sculpture contemporaine incarne et limite le pouvoir. La discussion sera alimentée par des écrits d’Anna C. Chave, Yaniya Lee et Matthew B. Crawford, que les participant.e.s sont encouragé.e.s à lire en amont de l’événement.

Cette conversation, modérée par Sheena Hoszko, Katrie Chagnon et Kelly Jazvac, est organisée en collaboration avec le programme de maitrise en sculpture de l’Université Concordia.

La discussion se tiendra principalement en anglais.

Des bouchées seront offertes aux participant.e.s.

S’il vous plait vous inscrire auprès de Robin Simpson afin de participer. Les places sont limitées

Liste de lecture

Anna C. Chave, « Minimalism and the Rhetoric of Power », Arts Magazine, vol. 64, no 5, p. 44-63.

Matthew B. Crawford, Shop Class ad Soulcraft: An Inquiry into the Value of Work, New York, Penguin Books, 2009, p. 5.

Yaniya Lee, « Piper’s Threat », Flash Art Online, no 319 (March-April 2018). https://www.flashartonline.com/article/pipers-threat/

 


 

Merci à : Jonathan, Mark, @fucknomtl, Ted, Geneviève, Anna, Kiley, Michelle, Skye, Marie-Michelle, Miranda, Michèle, Katrie, Hugues, Robin et la Galerie Leonard & Bina Ellen.

SIGHTINGS est situé sur le territoire non cédé de la nation Kanien’kehá:ka. Le système carcéral est une extension de la colonisation des terres que l’on nomme Québec et Canada.