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SIGHTINGS
MESURES

Inauguré en 2012 à l’occasion du 50e anniversaire de la collection permanente de la Galerie Leonard & Bina Ellen, le programme d’expositions satellites SIGHTINGS a été conçu comme une plateforme d’expérimentation et de réflexion critique afin de questionner les possibilités et les limites de l’espace du « cube blanc » moderniste. Ce programme est associé à un module de présentation cubique situé dans un espace public de l’université, que des artistes et des commissaires sont invité.e.s à investir en proposant de nouvelles stratégies de monstration artistique.

La programmation 2020-2021 de SIGHTINGS prend place à l’extérieur des limites du pavillon Hall de Concordia pour se déployer en ligne en réponse aux enjeux du cube dont le format est repensé en un site ouvert et virtuel. Le cycle de projets explorera la notion de mesure – comme un moyen de négociation, de calcul et de représentation de zones intermédiaires insaisissables. La mesure est souvent définie comme un indicateur abstrait ou un ensemble d’actions et de procédures réglementaires conçues et implantées afin de gérer, prévenir ou redresser une situation : avec le temps, les nouvelles mesures deviennent les pratiques standards par défaut. La présente édition de SIGHTINGS considère la mesure comme une façon d’interpréter et de comparer les agents, subtils ou moins subtils, qui imprègnent indistinctement les êtres, les espaces et les choses, qui les lient de façon invisible et régit leurs relations; ce qui détermine la distance et la proximité, l’accès et l’isolement.

SIGHTINGS 30
Don’t protect me from all that noise
Mathieu Grenier, Don't protect me from all that noise, 2020
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Né à Black Lake au Québec, Mathieu Grenier vit et travaille à Montréal. Il détient une maîtrise en arts visuels (photographie et médias) de l’Université du Texas à Austin et un baccalauréat en arts visuels et médiatiques de l’UQÀM. À travers une pratique de la photographie et de l’installation, il s’intéresse à la typologie des images et au potentiel de leur représentation. Grenier crée des installations photographiques qui s’inspirent des modes de diffusion de l’image pour parler de l’espace photographique comme d’un site affectif.

Son travail est actuellement exposé à l’Arsenal Contemporary Art de Toronto et dans l’exposition inaugurale de la galerie Blouin | Division à Montréal.  Ses œuvres ont fait l’objet d’expositions solos notamment au centre d’arts La Halle de Pont-en-Royans, à la grayDUCK Gallery à Austin, au centre d’artistes Le Lobe, chez Arprim et à la galerie Roger Bellemare & Christian Lambert. Il a participé à plusieurs expositions collectives, notamment à la Factatory, à la Galerie de l’UQÀM, au centre Diagonale et chez Artexte. En 2014, il a reçu le prix Charles Pachter de la fondation Hnatyshyn pour les artistes canadien.nes de la relève. Ilest représenté par la galerie Blouin | Division à Montréal.

Mathieu Grenier tient à remercier Virginie Fauve, Hugo Nadeau, Stéphanie Hornstein, Bin Han ainsi que Julia Eilers Smith et Michèle Thériault de la Galerie Leonard et Bina Ellen de l’Université Concordia.

17 août 2020 au 31 janvier 2021

Un projet en ligne de Mathieu Grenier

Ce projet, initialement prévu pour l’espace cube SIGHTINGS de la Galerie Leonard et Bina Ellen de l’Université Concordia, renait sous une nouvelle forme : l’espace virtuel du web. Don’t protect me from all that noise consiste en une sélection de photographies tirées de mes archives ainsi que d’extraits de textes sur la notion de photographique dans le contexte numérique. Les images sont issues d’une série de clichés qui ont été réalisés sans intention précise et qui dorment depuis un moment en attendant d’être présentés. Le titre réfère au bruit, au dérangement, à la déviation, à la bifurcation : autant de phénomènes qui à mon sens nomment l’interférence, celle qui non seulement empêche la bonne réception d’un signal mais qui laisse aussi entrevoir, en filigrane, un système.

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Dans le langage formaté du web, l’image apparait via l’écran avec une texture qui lui est spécifique. Cette texture se caractérise tantôt par sa résolution, pouvant lui conférer une apparence plus vraie que nature, tantôt par sa compression, la rendant moins définie. Départie d’une énorme quantité de données qui la composait initialement, elle se trouve allégée et se partage plus facilement. Nous la reconnaissons par sa composition en bloc, son manque de nuances, l’inexactitude de ses couleurs.

Toujours altérée par son support, l’image se révèle dans l’espace prédéfini d’un cadre technologique et virtuel. L’écran devient une interface grâce à laquelle nous interagissons et où nous pouvons acquérir ce dont nous avons besoin : cette interface est un espace de désir. Il s’agit d’un espace virtuel où nous nous projetons, un vortex qui nous consomme, une grille qui nous fragmente. Nous y représentons une réalité qui, souvent idéalisée, reflète a priori une expérience concrète et sensible du monde. Notre rapport au monde se retrouve à la fois désincarné et amplifié par cette accumulation de contenus et de supports numériques.

C’est de cet intérêt pour le flux d’information (et de désinformation) que m’est venue l’envie de me tourner vers la notion de bruit. En cybernétique, le bruit est défini comme une forme d’interférence au signal de communication. Il est aussi, en quelque sorte, une forme de résistance naturelle. Lorsqu’un signal est envoyé (influx nerveux, ondes radio, signal téléphonique, internet, etc.), l’interférence qui nuit à la bonne réception et au bon décodage de celui-ci est désignée comme du bruit. Ce dernier est un son, ou une multitude de sons, perçu comme étant sans harmonie et nuisant à la clarté d’un message.

Dans les images analogiques, le bruit peut par exemple être interprété comme le grain du film qui apparaît dans une photographie. Il apparaît de manière similaire au sein d’une image numérique, cette fois sous forme de pixels de couleurs ou noirs et blancs. Dans une manifestation de plus grande envergure (image ou son), le bruit peut aussi partiellement ou complètement altérer un signal faisant apparaître des textures, des formes et des couleurs inédites. Il peut donner lieu à des « glitchs » ou encore à des bogues qui mènent à des dysfonctionnements technologiques. La clarté d’un message peut être compromise jusqu’à en faire perdre son sens et ainsi se voir interprété autrement, voire étouffé, rendant la communication impossible.

Ce bruit serait, pour ainsi dire, une façon de résister ou de nuire au signal dominant, peut-être un moyen de le distorsionner ou de le détourner afin d’en contrôler les récepteurs. Une rumeur peut être un bruit. Cela peut aussi être une nouvelle répandue en masse. Quelqu’un m’a dit qu’il y avait beaucoup de noise en ce moment à la bourse, que c’était difficile d’identifier la tendance d’une valeur boursière sur le marché à cause de la pandémie de COVID-19. Les mouvements de protestation font aussi beaucoup de bruit ; ils dérangent la bande passante de la norme dominante.

Nous communiquons en images plus que jamais auparavant et l’écran (téléviseur, téléphone, ordinateur, etc.) est le lieu central de ces échanges. Ce que je tente de mesurer c’est la longueur d’onde d’une image et l’oscillation de son « feedback », c’est-à-dire comment nous sommes exposé.es à une image, comment elle nous ébranle et comment nous réagissons face à celle-ci.

 

Mathieu Grenier

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Né à Black Lake au Québec, Mathieu Grenier vit et travaille à Montréal. Il détient une maîtrise en arts visuels (photographie et médias) de l’Université du Texas à Austin et un baccalauréat en arts visuels et médiatiques de l’UQÀM. À travers une pratique de la photographie et de l’installation, il s’intéresse à la typologie des images et au potentiel de leur représentation. Grenier crée des installations photographiques qui s’inspirent des modes de diffusion de l’image pour parler de l’espace photographique comme d’un site affectif.

Son travail est actuellement exposé à l’Arsenal Contemporary Art de Toronto et dans l’exposition inaugurale de la galerie Blouin | Division à Montréal.  Ses œuvres ont fait l’objet d’expositions solos notamment au centre d’arts La Halle de Pont-en-Royans, à la grayDUCK Gallery à Austin, au centre d’artistes Le Lobe, chez Arprim et à la galerie Roger Bellemare & Christian Lambert. Il a participé à plusieurs expositions collectives, notamment à la Factatory, à la Galerie de l’UQÀM, au centre Diagonale et chez Artexte. En 2014, il a reçu le prix Charles Pachter de la fondation Hnatyshyn pour les artistes canadien.nes de la relève. Ilest représenté par la galerie Blouin | Division à Montréal.

Mathieu Grenier tient à remercier Virginie Fauve, Hugo Nadeau, Stéphanie Hornstein, Bin Han ainsi que Julia Eilers Smith et Michèle Thériault de la Galerie Leonard et Bina Ellen de l’Université Concordia.