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SIGHTINGS 2022-2024
SEE FEVER

Inauguré en 2012 à l’occasion du 50e anniversaire de la collection permanente de la Galerie Leonard & Bina Ellen, le programme d’expositions satellites SIGHTINGS a été conçu comme une plateforme d’expérimentation et de réflexion critique afin de questionner les possibilités et les limites de l’espace du « cube blanc » moderniste. Ce programme est associé à un module de présentation cubique situé dans un espace public de l’université que des artistes et des commissaires sont invité·e·s à investir en proposant de nouvelles stratégies de monstration artistique.

Cet automne, la Galerie lance un cycle pluriannuel axé sur la thématique SEE FEVER. L’expression renvoie au désir fiévreux de « tout voir », à l’attrait pour les stratégies visant à voir « plus » ou « plus loin » et les contextes offrant un champ de vision élargi et déstabilisant nos mécanismes perceptifs. En écho à cette thématique, le cube SIGHTINGS est appréhendé comme une plateforme d’observation surélevée dont les quatre parois transparentes permettent une vue à angle de 360 degrés. Ainsi, les projets de la programmation s’intéresseront à l’expérience perceptive et psychique du sujet regardant qui dispose d’une vue à grand angle, à la quête de la vue panoramique et de l’horizon fuyant, et aux dispositifs et appareils d’optique permettant d’augmenter, d’améliorer et de désorienter la logique spatiale de la vision.

SIGHTINGS est situé au rez-de-chaussée du Pavillon Hall : 1455, boul. De Maisonneuve Ouest, et est accessible tous les jours de 7 h à 23 h. Le programme est élaboré par Julia Eilers Smith.

SIGHTINGS 38
Corps en mouvement
Rehab Nazzal, Sightings 38 : Corps en mouvement, 2018-2023. Avec l’aimable concours de la Galerie Leonard & Bina Ellen. Photo : Jean-Michael Seminaro.
Rehab Nazzal, Sightings 38 : Corps en mouvement, 2018-2023. Avec l’aimable concours de la Galerie Leonard & Bina Ellen. Photo : Jean-Michael Seminaro.
Rehab Nazzal, Sightings 38 : Corps en mouvement, 2018-2023. Avec l’aimable concours de la Galerie Leonard & Bina Ellen. Photo : Jean-Michael Seminaro.
Rehab Nazzal, Sightings 38 : Corps en mouvement, 2018-2023. Avec l’aimable concours de la Galerie Leonard & Bina Ellen. Photo : Jean-Michael Seminaro.
Rehab Nazzal, Sightings 38 : Corps en mouvement, 2018-2023. Avec l’aimable concours de la Galerie Leonard & Bina Ellen. Photo : Jean-Michael Seminaro.
Rehab Nazzal, Sightings 38 : Corps en mouvement, 2018-2023. Avec l’aimable concours de la Galerie Leonard & Bina Ellen. Photo : Jean-Michael Seminaro.
Rehab Nazzal, Sightings 38 : Corps en mouvement, 2018-2023. Avec l’aimable concours de la Galerie Leonard & Bina Ellen. Photo : Jean-Michael Seminaro.
Rehab Nazzal, Sightings 38 : Corps en mouvement, 2018-2023. Avec l’aimable concours de la Galerie Leonard & Bina Ellen. Photo : Jean-Michael Seminaro.
Rehab Nazzal, Sightings 38 : Corps en mouvement, 2018-2023. Avec l’aimable concours de la Galerie Leonard & Bina Ellen. Photo : Jean-Michael Seminaro.
Rehab Nazzal, Sightings 38 : Corps en mouvement, 2018-2023. Avec l’aimable concours de la Galerie Leonard & Bina Ellen. Photo : Jean-Michael Seminaro.
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Du 29 mai au 17 septembre 2023

Un projet de Rehab Nazzal

Événement

Rehab Nazzal est une artiste multidisciplinaire née en Palestine et basée à Toronto et à Montréal. Son travail explore les effets de la violence coloniale ou colonisatrice sur les corps et les esprits des peuples colonisés, les territoires et la vie non humaine. Ses œuvres vidéo, photographiques et sonores ont été présentées dans des expositions individuelles et collectives à travers le Canada et à l’étranger. Elle a été professeure adjointe à l’Université Dar Al-Kalima à Bethléem et a enseigné à l’Université Simon Fraser, à l’Université Western de London et à l’École d’art d’Ottawa. Elle est récipiendaire de plusieurs prix, dont la bourse pour la justice sociale de l’Université métropolitaine de Toronto et la bourse Edmund-et-Isobel-Ryan en arts visuels pour la photographie de l’Université d’Ottawa.

Nazzal est la boursière postdoctorale Horizon du laboratoire Post Image Cluster au sein de l’Institut Milieux de recherche en arts, culture et technologie de l’Université Concordia pour la période 2022-2024.

Corps en mouvement explore le lancer de pierre à la fronde en s’intéressant à ses origines mythologiques et historiques tout comme aux mouvements de résistance contemporains qui en font usage. L’installation comporte des impressions sur vinyle tirées de photographies que j’ai prises à Bethléem en 2015 et en 2016, alors qu’un soulèvement palestinien éclatait partout au pays. Je voyais régulièrement de jeunes Palestinien·ne·s lancer des pierres aux forces de l’occupation israélienne qui envahissaient la ville. Ces brigades militaires étaient équipées d’armes de toutes sortes pour réprimer les manifestations exigeant la fin de la colonisation et de l’occupation militaire.

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L’œuvre s’inscrit dans une série de sept images qui décomposent les gestes d’un corps propulsant une pierre : d’abord, la fronde est tournée sur le côté et vers le haut, puis le corps se tord, bascule et s’étire, et enfin, la pierre est lancée dans un mouvement de rotation, puis le corps retrouve son équilibre[1]. Les corps des manifestant·e·s figurant sur les photos ont été détourés et transformés en silhouettes noires de façon à souligner leur anonymat, amplifiant ainsi le geste du lancer de pierre, son symbolisme et son potentiel d’action.

Dans le cube SIGHTINGS, quatre de ces images sont présentées sur les murs transparents, mettant au jour une séquence de mouvements qui se trouve au cœur des luttes populaires. Les silhouettes accentuent l’aspect performatif du corps en état de résistance, tout en soulignant l’endurance qui sous-tend toute lutte protestataire.

En transcendant sa source d’inspiration – des photographies de Palestinien·ne·s contestant l’occupation coloniale d’Israël –, l’installation fait écho aux mouvements planétaires de résistance contre la colonisation, le racisme systémique, l’exploitation, la destruction environnementale, les inégalités sociales, et toutes les formes de discrimination sociale. Le projet sonde la résilience des corps humains qui est indissociable des contextes où s’opposent des forces inégales, tandis que la fronde symbolise l’esprit frondeur et la force collective des corps qui résistent. Ce symbolisme fait écho au mythe ancien de David et de Goliath, où un garçon affronte un guerrier géant avec sa fronde.

Le lancer de pierres est employé à ce jour dans les mouvements de libération sociaux et environnementaux partout sur la planète, et notamment dans les intifadas (soulèvements) palestiniennes – y compris la Première intifada (1987⁠-⁠1993), aussi appelée « révolte des pierres ». Dans ces contextes, la fronde et la pierre sont devenues des symboles puissants et des outils de résistance contre l’oppression. L’installation exposée dans le cube met à mal la perception que les corps opprimés sont des objets passifs. Au contraire, le corps y est présenté comme un agent de changement actif ayant la capacité de contester les régimes et structures qui le dominent.

Cette série d’images découle de mon intérêt pour l’expérience incarnée, la chorégraphie, le mouvement et les manifestations physiques de la résistance, et de mes recherches autour de ceux-ci. En les contemplant, les visiteur·euse·s constatent de visu que les corps palestiniens sont des lieux d’oppression – celle du colonialisme et de l’occupation militaire – tout comme des lieux de résistance. Le lancer de pierre est un geste chorégraphié qui transcende l’individu pour rejoindre la collectivité dès lors que les manifestant·e·s forment une force unie, puissante et concertée. Sur les territoires occupés, où la liberté de mouvement est restreinte et où prolifèrent les dispositifs de surveillance, les gestes de mobilité les plus simples peuvent revêtir une portée politique. Les postes de contrôle, les couvre-feux, les tours de garde et autres formes de contrôle spatial rendent ardues et potentiellement dangereuses les activités du quotidien, et sont des rappels constants de la dynamique de pouvoir qui se joue entre deux forces inégales. Cette œuvre vise à mettre en lumière les façons dont le corps déjoue ces obstacles et affirme son agentivité en recourant à des stratégies ingénieuses.

En s’inspirant d’antécédents historiques et mythologiques, Corps en mouvement intègre la lutte des Palestinien·ne·s – un combat pour la liberté, l’autodétermination et le droit au retour des réfugié·e·s depuis la Nakba de 1948 – dans un récit plus vaste de résistance et de détermination qui transcende les siècles et les cultures.

 

[1] Corps en mouvement s’inscrivait dans l’installation multimédia Choreographies of Resistance, exposée à la McIntosh Gallery de la Western University et à la AXENÉO7 Gallery (2018).

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Rehab Nazzal est une artiste multidisciplinaire née en Palestine et basée à Toronto et à Montréal. Son travail explore les effets de la violence coloniale ou colonisatrice sur les corps et les esprits des peuples colonisés, les territoires et la vie non humaine. Ses œuvres vidéo, photographiques et sonores ont été présentées dans des expositions individuelles et collectives à travers le Canada et à l’étranger. Elle a été professeure adjointe à l’Université Dar Al-Kalima à Bethléem et a enseigné à l’Université Simon Fraser, à l’Université Western de London et à l’École d’art d’Ottawa. Elle est récipiendaire de plusieurs prix, dont la bourse pour la justice sociale de l’Université métropolitaine de Toronto et la bourse Edmund-et-Isobel-Ryan en arts visuels pour la photographie de l’Université d’Ottawa.

Nazzal est la boursière postdoctorale Horizon du laboratoire Post Image Cluster au sein de l’Institut Milieux de recherche en arts, culture et technologie de l’Université Concordia pour la période 2022-2024.

L’artiste tient à remercier Julia Eilers Smith, Michèle Thériault, Deanna Bowen, Hannah Claus, le du laboratoire Post Image Cluster de l’Institut Milieux, l’Université Concordia et le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH).