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Pistes de réflexion s’adresse à tout public qui désire explorer l’art contemporain et sa mise en exposition.

Cette section propose une mise en contexte des expositions et des activités programmées par la Galerie, ainsi que des informations générales sur les artistes, les collaborateur·trice·s, les projets et les œuvres qui y sont présentés. Ces informations sont complémentées par une sélection de ressources documentaires (liens Internet, références bibliographiques, images, textes, etc.) qui visent à approfondir la compréhension de la pratique des artistes, des œuvres et des approches de commissariat qui les rassemblent. Pistes de réflexion se veut également une plateforme de discussion et d’échange dynamique qui permet de rendre visibles diverses connexions au sein de la programmation de la Galerie, ainsi qu’entre les artistes, commissaires et autres acteur·trice·s culturel·le·s, incluant le public. Se présentant sous différentes formes physiques et virtuelles, le matériel collecté sur cette plateforme constitue une base de données informative et un fonds de recherche accessible aux étudiant·e·s, aux professeur·e·s et à toute personne intéressée par la programmation de la Galerie.

Produit avec l’appui du Frederick and Mary Kay Lowy Art Education Fund

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Pistes de réflexion s’adresse à tout public qui désire explorer l’art contemporain et sa mise en exposition. Cette section propose une mise en contexte des expositions et des activités programmées par la Galerie, ainsi que des informations générales sur les artistes, les collaborateur·trice·s, les projets et les œuvres qui y sont présentés. Ces informations sont complémentées par une sélection de ressources documentaires (liens Internet, références bibliographiques, images, textes, etc.) qui visent à approfondir la compréhension de la pratique des artistes, des œuvres et des approches de commissariat qui les rassemblent. Pistes de réflexion se veut également une plateforme de discussion et d’échange dynamique qui permet de rendre visibles diverses connexions au sein de la programmation de la Galerie, ainsi qu’entre les artistes, commissaires et autres acteur·trice·s culturel·le·s, incluant le public. Se présentant sous différentes formes physiques et virtuelles, le matériel collecté sur cette plateforme constitue une base de données informative et un fonds de recherche accessible aux étudiant·e·s, aux professeur·e·s et à toute personne intéressée par la programmation de la Galerie.

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LE MILLE CARRÉ DORÉ
Deanna Bowen, HRH the Duke of Connaught and staff, 1913, 2022. Avec l’aimable concours de l’artiste.
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21 février – 13 avril 2024

Le Mille carré doré

Un projet de Deanna Bowen

Organisé par Michèle Thériault

Ce projet a été rendu possible grâce au Programme de soutien à la production artistique Leonard-et-Bina-Ellen

Le projet Le Mille carré doré fait partie d’une démarche continue de Bowen qui questionne les fondements et les interdépendances racistes de l’industrie, du monde du travail, du mécénat artistique et de la construction de la nation canadienne au XIXe et au XXe siècles. Son étude porte ici sur l’environnement immédiat de la Galerie et de l’Université Concordia, un quartier qui a jadis hébergé l’élite blanche anglo-canadienne et qui, à la fin du XIXe siècle, représentait la concentration de richesse la plus élevée du pays.

La pratique artistique de Bowen est résolument fondée sur la recherche, menée principalement dans les archives institutionnelles, d’où elle extrait les preuves visuelles, matérielles et discursives de la suprématie blanche. Qu’il s’agisse de photographies, de films, de documents légaux, de coupures de presse et d’objets commémoratifs, tous ces artefacts élaborent une vision élargie des effets psychologiques et matériels du projet impérial britannique, illustrant son rapport à l’esclavage et à la dépossession du territoire, ainsi que sa perpétuation à travers la politique, le maintien de l’ordre et la culture populaire.

De ces mêmes archives, Bowen dégage l’évidence de la résistance et de la résilience des Noir·e·s. En détournant les récits dominants de l’impérialisme et de la colonisation, elle met en lumière l’histoire qui appartient aux populations et aux communautés noires. Travaillant avec des expériences et des événements absents ou supprimés des archives, ou relégués à leurs marges, elle leur ouvre de nouvelles dimensions. Entre autres, elle établit des liens avec l’histoire de sa propre famille. Bien que sa famille n’appartienne pas à la communauté anglophone noire montréalaise, Bowen lui trouve des parallèles dans ses relations avec les chemins de fer, la vie nocturne des Noir·e·s et les routes de la migration.

Alors que vous visitez l’exposition, examinez de près les images et les documents. De même que l’extérieur de la galerie constitue l’espace actuellement en question, pensez aux réalités vécues qui entourent chaque image ou document. Vous pouvez vous pencher sur la liste des œuvres pour y trouver les dates, les titres ou de brèves descriptions. Alors que le contexte s’élargit hors du cadre, faites un retour dans le temps à la recherche des preuves de ces réalités qui tracent leur voie au cœur des documents. À quel endroit les trouvez-vous? À quelles façons de voir, de lire et de sentir pouvez-vous avoir recours pour les rendre présentes et lisibles?

La section Piste de réflexion accompagnant l’exposition Le Mille carré doré a été préparée par Robin Simpson.

Artiste

Deanna Bowen

Née en 1969, à Oakland, en Californie, Deanna Bowen est une descendante de deux familles noires issues de l’Alabama et du Kentucky, devenues pionnières des prairies à Amber Valley et à Campsie, en Alberta. L’histoire familiale de Bowen a constitué l’axe central de ses travaux interdisciplinaires et autoethnographiques depuis le début des années 1990. Elle a recours à un répertoire de gestes artistiques dans le but de définir le corps noir (the Black body) et elle retrace sa présence et ses mouvements dans le temps et l’espace. Elle a été récipiendaire de nombreux prix et subventions, dont le Prix de photographie de la Banque Scotia (en 2021), le prix du Gouverneur général (en 2020), la John Simon Guggenheim Memorial Foundation Fellowship (en 2016), et le William H. Johnson Prize (en 2014). Ses écrits, ses entretiens et ses interventions artistiques ont été publiés dans Canadian Art, The Capilano Review, The Black Prairie Archives et Transition Magazine. Bowen a été éditrice du volume Other Places: Reflections on Media Arts in Canada (2019). Deanna vit et travaille à Montréal, où elle occupe le poste de professeure adjointe au programme Intersectional Feminist and Decolonial 2D-4D Image Making et codirige le Post Image Cluster à l’Université Concordia.

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Essai

« Une cartographie complexe du pouvoir »

« Une cartographie complexe du pouvoir ». Sur les installations d’enquête de Deanna Bowen [Extrait]

Joana Joachim

Le Mille carré doré, à Montréal, tout comme le Vieux-Port, est un lieu peuplé d’histoires multiples. En arpentant les rues de ces quartiers, l’on ressent une impression d’inquiétante étrangeté au contact des spectres du passé. L’héritage anti-noir et colonialiste s’immisce dans les brèches de ces lieux historiques, provoquant un malaise chez plusieurs. La pratique artistique de Deanna Bowen met au jour cette histoire canadienne troublante en sondant lesdites brèches, et reconstitue, à l’aide d’archives publiques comme privées, une « cartographie complexe du pouvoir[1] ».

La démarche de Bowen consiste à repérer dans les archives la présence et les déplacements des personnes noires dans le temps et dans l’espace[2]. Son propre récit familial est au cœur de sa pratique interdisciplinaire et autoethnographique. Elle examine sa lignée, les migrations de ses ancêtres et leurs liens avec le quartier Hogan’s Alley de Vancouver ; la communauté noire de Strathcona ; les personnes noires ayant pris part aux premières vagues de colonisation en Alberta et en Saskatchewan ; les Creek Negroes ; les villes « entièrement noires » de l’Oklahoma ; l’exode des Exodusters de Kansas ; et le Ku Klux Klan au Canada et aux États-Unis[3]. L’approche itérative et cumulative de l’artiste lui permet d’explorer les thématiques du suprémacisme blanc au Canada dans ses rapports avec l’histoire mondiale du racisme contre les Noir·e·s et de la colonisation. Ses œuvres peuvent être interprétées comme des fragments de son métarécit familial qui se complètent et s’imbriquent. Son projet Le Mille carré doré s’inscrit donc en continuité avec l’ensemble de son œuvre.

Le Mille carré doré est une zone située au cœur du centre-ville montréalais et qui s’est développée au cours des xixe et xxe siècles. Sis au pied du mont Royal, le quartier a été principalement peuplé par des familles blanches bien nanties qui ont fait fortune au sein d’entreprises canadiennes rattachées à la colonisation, notamment dans les domaines de la manutention, du bois d’œuvre et des fourrures, ainsi que dans les secteurs ferroviaire, minier et financier[4]. Certains des manoirs de l’arrondissement accueilleraient par la suite des établissements réputés, comme la Maison William-Notman et la brasserie Beaver Hall[5].

[…]

L’intégralité de l’essai peut être lue sur la page de l’exposition et téléchargée dans la section Textes et documents de ce site. Une version imprimée est également disponible en galerie.

 

Les domaines de recherche et d’enseignement de Joana Joachim incluent l’histoire de l’art féministe noire, les approches muséologiques critiques, les études sur les Canadien.ne.s noir.e.s et sur l’esclavage au Canada. Son travail doctoral soutenu par le CRSH, There/Then, Here/Now : Black Women’s Hair and Dress in the French Empire examine la culture visuelle associée aux coiffures et à l’habillement des Noires au XVIIe et XVIIIe siècle en étudiant les pratiques d’auto-préservation et de soins de soi du point de vue de la créolisation, ainsi que des pratiques artistiques historiques et contemporaines. Elle a obtenu son doctorat au Département d’histoire de l’art et d’études en communications, ainsi qu’à l’Institut d’études sur le genre, la sexualité et le féminisme de l’Université McGill, sous la direction du Prof. Charmaine A. Nelson. En 2020, elle a été nommée chercheure-boursière postdoctoral au bureau du Vice-principal exécutif (enseignement) de l’Université McGill en histoires institutionnelles, en esclavage et en colonialisme. Joachim est professeure adjointe en étude des Noirs spécialisée en éducation artistique, en histoire de l’art et en justice sociale à la Faculté des beaux-arts de l’Université Concordia.

[1] Crystal Mowry, Crystal Mowry Introduces Deanna Bowen: Black Drones in the Hive, présentation vidéo, Galerie d’art Kitchener-Waterloo, 17 août 2022, https://kwag.ca/content/deanna-bowen-black-drones-hive.

[2] Crystal Mowry, Exhibition Tour of Deanna Bowen: Black Drones in the Hive, présentation vidéo, Galerie d’art Kitchener-Waterloo, 17 août 2022, https://kwag.ca/content/deanna-bowen-black-drones-hive.

[3] Mowry, Crystal Mowry Introduces Deanna Bowen.

[4] Patricia Harris et David Lyon, « Golden Square Mile », dans Compass American Guides: Montreal, New York, Fodor’s, 2004, p. 132-135.

[5] Margaret W. Westley, Remembrance of Grandeur: The Anglo-Protestant Elite of Montreal, 1900–1950, Montréal, Éditions Libre Expression, 1990, p. 331; Larry Gingras, The Beaver Club Jewels, Richmond, C.-B., L. Gingras, 1972; Douglas Mackay, The Honorable Company, A History of the Hudson’s Bay Company, New York, Bobbs-Merrill, 1936.

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Les fragments et les constellations

Pour Bowen, chaque ensemble d’images ne constitue qu’une partie d’une plus vaste histoire. En tant qu’études de la mémoire, de la narration et de l’écriture de l’histoire, elle construit ses récits par la superposition et l’entrelacement de différentes échelles temporelles de l’histoire. Tirant principalement son matériel d’archives publiques, chaque partie est fait d’images, de documents et d’objets représentant les principaux faits politiques mondiaux, des événements communautaires spécifiques et des histoires personnelles. Une autre façon de penser ces agencements consiste à les considérer comme des constellations d’où émergent des schémas sous-jacents. Face aux récits blancs dominants, chaque partie présente une lecture non-linéaire de l’histoire qui révèle la fascination raciste pour la violence de même que la violence réelle exercée contre les personnes noires. Cette lecture rend ainsi visibles leurs vies et les expériences que l’histoire blanche tente de supprimer mais qu’elle ne peut ignorer.

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En passant d’une constellation à l’autre, demandez-vous qui sont les protagonistes ou les sujets de chaque récit. Quelles sortes de documents les représentent ?

Regardez de près. Quels récits lisez-vous dans chaque image et comment changent-ils si vous les reliez aux images environnantes ?

Pouvez-vous identifier les différentes échelles de l’histoire ? Comment chacun des chapitres peut-il se lire si vous déplacez votre attention de l’un à l’autre ?

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Les archives et le silence

Effectuant ses recherches dans des archives publiques rédigées par des Blancs, Bowen se met aussitôt en quête de deux silences : l’exclusion des personnes et des communautés noires des récits racistes dominants, nationaux et locaux, et le désaveu de la place de la suprématie blanche dans ces mêmes récits. Réordonnant les archives pour qu’elles racontent un récit auquel elles se refusent, Bowen rassemble des fragments à première vue banals de la culture de l’élite culturelle, économique et politique anglo-canadienne blanche — des clichés, des objets commémoratifs, des coupures de presse et de magazines, du matériel bureaucratique, incluant de la correspondance, des registres et des études — pour mettre à jour le racisme qui consolide la vie sociale de tous les jours et qui façonne les politiques nationales et impériales. En déboulonnant la primauté des souverains, des industriels et des politiciens qui gouvernent ces archives, Bowen fait apparaître les expériences des personnes noires dont les vies et les communautés, tout autant que l’évidence de leur refus de la condition de dominé et de leur volonté d’y survivre, ont été intentionnellement dissimulées.

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En cours de visite, comment pouvez-vous lire en cherchant les silences et comment pouvez-vous lire en tenant compte des silences? En passant d’un document à l’autre, demandez-vous qui a réalisé chaque document, quelles voix il porte et quelle est son intention initiale.

Comment les silences peuvent-ils s’inscrire dans le visuel — le graphisme d’une illustration ou une photographie, par exemple ? Comment pouvez-vous décrire les silences que vous voyez ?

Comment peut-on lire le chapitre si on met l’accent sur le contenu principal ou sur l’intention des documents rassemblés? Et comment peut-on le lire si on met l’accent sur le non-dit ou sur ce qui est omis ?

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Les signatures du temps

En poursuivant vos réflexions sur le silence et les échelles temporelles, pensez à la place de la musique et de la musicalité dans l’exposition. Vous y trouverez une contribution à l’histoire du jazz à Montreal, une documentation de ses performances, de sa place dans la vie sociale et de ses transformations culturelles. Bowen révèle aussi une des racines du jazz : le cake-walk, une musique et une danse originellement développées dans les plantations du Sud des États-Unis par des esclaves qui se moquaient des maîtres, une pratique devenue incomprise, puis détournée comme stéréotype noir par les fantaisistes des minstrel shows avec leurs visages noircis. Musicalement, le cake-walk incorpore les polyrythmes et les syncopes. La musique polyrythmique se compose de plusieurs rythmes différents et concurrents. La syncope caractérise la tension, l’accentuation et les interruptions qui altèrent le rythme. En associant des époques historiques coexistantes, en ajoutant une nouvelle accentuation ou en ralentissant jusqu’à faire une pause, la réorganisation critique de Bowen des récits nationaux et impériaux peut être pensée comme un acte musical autant qu’une action de représentation et de narration.

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Portez une attention visuelle et auditive aux rythmes et aux fréquences de l’exposition. Quelles constantes identifiez-vous? Quelles répétitions ? Quelles interruptions ou changements de tempo ?

Comme c’est le cas pour le cake-walk, réfléchissez aux occurences de la réinterprétation, de l’appropriation et du mimétisme que vous trouverez dans d’autres documents présentés. Quelle version du récit ou de l’histoire vous présente-t-on ? Qui en est l’auteur ? Quelle est son origine?

Dans la notation musicale, une signature du temps se trouve au début d’une partition et indique comment la pièce doit être jouée. Dès votre entrée dans l’exposition, comment Bowen vous communique-t-elle des voies possibles de navigation et d’interprétation ?

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La représentation du pouvoir

Pour concevoir cette exposition, Bowen a eu recours à la méthode des salons pour présenter les images d’archives qu’elle a assemblées. L’usage actuel du terme générique « salon » désigne un ample et dense accrochage d’œuvres d’art variées. On peut identifier sa source dans l’exposition bisannuelle de peintures académiques sélectionnées par jury, d’abord accrochées au Palais du Louvre à Paris à la fin du XVIIe siècle. Tenus sous la coupe d’une élite culturelle et économique, les salons, contrôlés par les académies royales en France et plus tard en Angleterre, constituaient de spectaculaires concours publics visant l’attribution du pouvoir, du statut social et de la valeur. Au Canada, la Royal Canadian Academy of Arts et la Art Association of Montreal ont monté leurs propres salons annuels. Adoptés par les riches Anglo-Canadiens blancs dans leurs résidences privées ainsi que dans les musées soumis à leur patronage, ces expositions fournissaient un accompagnement visuel aux récits nationaux, historiques et culturels sous la domination blanche de l’ère coloniale moderne au milieu du XXe siècle.

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Quelle valeur et quelle utilité pensez-vous que Bowen attribue à l’histoire de ce type d’accrochage ?

Quelles formes de pouvoir pouvez-vous identifier dans la disposition de l’exposition ? À quel moment est-elle vue d’en haut ? À quel moment est-elle vue d’en bas ?

Pensez aux usages de ces types d’accrochage dans les musées et dans les résidences de la classe dominante blanche anglophone dans le Montréal des XIXe et XXe siècles. Pour les yeux de qui étaient-ils destinés ? Comment les travailleurs et travailleuses domestiques pouvaient-ils les lire ?

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Le travail, l’espace et les infrastructures

En plus du quartier qui lui donne son titre, l’exposition de Bowen concerne un second environnement — le quartier connu aujourd’hui comme la Petite Bourgogne. Localisée en bas de la côte où sont situés les résidences et les bureaux de la classe anglo-canadienne blanche qui domine la ville et le pays, la Petite Bourgogne hébergeait une large portion de la communauté ouvrière anglophone à faibles revenus de Montréal. Le quartier était intimement lié aux voies ferrées qui le coupaient en deux et aux gares ferroviaires adjacentes. Les hommes travaillaient comme préposés de voitures-lits, employés de voiture-restaurant et comme porteurs (les Red Caps), alors que de nombreuses femmes travaillaient en haut de la côte comme domestiques, et que leurs patrons étaient propriétaires des compagnies ferroviaires et des usines situées au sud de l’escarpement. Là-haut, la culture nationaliste et impérial blanche était soudée par des pactes entre les associations d’artistes et les musées, les compagnies privées et les banques. En bas de la côte, la Petite Bourgogne hébergeait les principales organisations confessionnelles, communautaires et politiques se portant à la défense de l’autonomie et des droits locaux et internationaux, ainsi qu’une vie culturelle nocturne florissante, ancrée dans le jazz et la danse.

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Pensez aux divers types d’exposition en photographie. Plutôt que de s’arrêter à des connexions entre les images, imaginez le fait d’en superposer une sélection. Qu’est-ce qui pour vous devient visible ? Qu’est-ce qui apparaît au premier plan ? Qu’est-ce qui apparaît à l’arrière-plan ?

Comment le travail représenté est-il racisé et genré ? Qui sont les travailleuses et travailleurs visibles ? À quel moment leur travail et ses produits peuvent être vus autrement ?

Examinez la place accordée au Canadien Pacifique dans cette exposition. Quelle image est donnée du chemin de fer ? Comment ces documents contribuent-ils à un récit national ? Et qu’est-ce qui est absent de ces représentations ?

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Les photographies, les négatifs et la réflexion

Parmi les récits que Bowen questionne se trouvent ceux de sa propre famille. En ancrant son travail dans sa généalogie, elle reconstitue et retrace la migration de sa famille à partir du Midwest étatsunien vers le nord jusqu’à l’établissement en Alberta et, plus tard, vers l’ouest, à Vancouver, chaque projet révélant de nouveaux détails. Dans sa quête autoethnographique, Bowen répond aux archives sur un plan intime. Devant l’effacement des vies et des expériences des personnes noires dans les documents historiques et la violence concrète qui en découle, Bowen se demande comment un état raciste modèle non seulement son histoire dans son propre intérêt, mais aussi celle des communautés, des familles et des individus. Le fait de réordonner les archives est une façon d’exposer les récits frauduleux sur lesquels elles reposent. Il s’agit aussi d’un acte de reprise en main qui relance l’histoire et la remet en mouvement dans les mains et sous le regard des personnes et des communautés que les archives devaient exclure.

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De quelle façon pourriez-vous approcher l’exposition de Bowen comme de nouvelles archives, de nouvelles ressources et un outil de recherche réinventé ?

Qu’est-ce qui est en jeu lorsque le chercheur ou la chercheuse se positionne à la fois comme sujet et objet de l’enquête ? À quelles réalités une recherche autoréflexive peut-elle accéder alors qu’une enquête éloignée ou distanciée ne le peut pas ?

Des négatifs numérisés se trouvent mêlés aux photographies. Quelles sont les propriétés inhérentes aux négatifs et quel rôle jouent-ils dans le processus photographique ? Comment interprétez-vous leur statut lorsqu’on les voit disposés le long de photographies développées ?

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Œuvres

Bibliographie

Liste

Backhouse, Constance. De la couleur des lois : une histoire juridique du racisme au Canada entre 1900 et 1950. Ottawa : Presses de l’Université d’Ottawa, 2010.

Gilmore, John. Une histoire du jazz à Montréal. Traduit de l’anglais par Karen Richard. Montreal : Lux, 2009.

Fehmiu-Brown, Paul. La présence des Noirs dans la société québécoise d’hier et d’aujourd’hui. Québec : Ministère des Affaires internationales, de l’Immigration et des Communautés culturelles et ministère de l’Éducation du Québec, 1995.

Mackay, Frank. L’esclavage et les Noirs à Montréal, 1760-1840. Montréal : Éditions Hurtubise, 2013.

Néméh-Nombré, Philippe. Seize temps noirs pour apprendre à dire kuei.  Montréal, : Mémoire d’encrier, 2022.

Péan, Stanley. Jazzman. Montréal : Mémoire d’encrier, 2006.

Sarsfield, Mairuth. En bas de la côte. Traduit de l’anglais par Rachel Martinez. Montréal : Éditions Linda Leith, 2022.

Trudel, Marcel. Deux siècles d’esclavage au Québec. Montréal : Bibliothèque québécoise, 2009.

Oyeniran, Channon. « Porteurs de wagons-lits au Canada ». L’Encyclopédie canadienne.  19 février 2019. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/porteurs-de-wagons-lits-au-canada

Voltaire, Frantz. Une brève histoire des communautés noires du Canada. Montréal : Éditions du CIDIHCA, 2007.

Williams, Dorothy. Les Noirs à Montréal, 1628-1986. Essai de démographie urbaine. Montréal : VBL, 1998.

Williams, Dorothy. « La Petite-Bourgogne et la communauté noire d’expression anglaise de Montréal ».  L’Encyclopédie canadienne. 10 février 2020. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/petit-bourgogne-et-la-communaute-noire-d-expression-anglaise-de-montreal

POUR DE PLUS AMPLES RENSEIGNEMENTS

http://www.deannabowen.ca

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