Dépression
Ayant sondé les concepts de « vulnérabilité́ », de « service » et d’ « investissement » lors des éditions antérieures, le programme Termes se consacre pour l’année 2023-2024 à l’examen du mot « dépression », cherchant à transcender l’interprétation généralement psychologique et pathologique qui prévaut dans le langage courant.
Dérivé́ du latin « deprimere », le mot « dépression » puise ses racines dans le champ de la physique, évoquant l’action de comprimer ou d’exercer une pression vers le bas, et par extension, son résultat : un affaissement, un creux, une inclinaison, voire un recul. Ainsi, la dépression peut être perçue comme l’empreinte d’une interaction de forces, ce qui se courbe ou fléchit sous l’influence du poids, de la pression, d’une intrusion ou de la gravité. Au fil du temps, le terme a trouvé des applications variées dans différents domaines, notamment la géologie (en référence aux fosses topographiques ou océaniques), la météorologie (indiquant une basse pression atmosphérique), l’économie (caractérisant une récession économique prolongée), la médecine et la psychologie (décrivant des troubles complexes de l’humeur et des conditions médicales).
DÉPRESSION – VOLET 1. TOPOGRAPHIE
Automne 2023
Le premier volet de la série en deux parties explore la notion de dépression sous une perspective géologique et topographique, la définissant comme une concavité́ terrestre ou une zone en contrebas résultant de processus d’origine naturelle ou liés à l’activité́ humaine. Le numéro de l’automne 2023 présente une réflexion de Peter C. van Wyck, professeur en Études en communication à l’Université Concordia, qui aborde le deuil, la perte et l’éphémère en lien avec l’écologie climatique et culturelle, marquée récemment par les nombreux feux de forêt. Son texte est suivi d’une œuvre vidéo réalisée en 2005 par l’artiste Jayce Salloum, mettant de l’avant des récits du peuple Syilx (Première Nation Okanagan). Enfin, l’œuvre de Salloum est analysée sous l’angle de la dépression topographique dans une réponse de Camille Georgeson-Usher, professeure adjointe en Art autochtone moderne et contemporain à l’Université de Colombie-Britannique.
Programme semi-annuel
Comment un terme circule-t-il en société, et comment sa dissémination dans le discours contemporain nous renseigne-t-elle sur la manière dont cette société se pense ? De quelles façons certains mots s’installent-ils de manière récurrente dans le langage et la sphère publique au point de devenir des lieux communs ? Termes est un programme discursif et artistique en ligne qui cherche à déplier, un à la fois, des termes englobants et polysémiques couramment employés dans la société contemporaine pour aborder des problématiques sociopolitiques diverses. Si certains termes acquièrent, au fur et à mesure de leurs usages, de multiples acceptions, ils tendent souvent à se généraliser, risquant au fil de leur évolution de voir leurs sens se diluer, devenir confus ou difficile à cerner. Leur persistance dans notre vocabulaire requiert toutefois qu’on s’y attarde avec attention, qu’on les analyse du point de vue de leur valeur étymologique, densité sémantique ainsi que de leur circulation par-delà les frontières disciplinaires.
Dans le cadre du projet Termes, ces mots-clés sont mis en résonance avec la recherche, l’écriture et des œuvres d’art. Pour chaque terme déployé, un·e chercheur·se invité·e en dehors du champ des arts visuels entreprend, à travers la publication d’un texte, de l’examiner dans ses variantes, ses tensions et ses ambiguïtés sous l’angle précis de son domaine d’activité. Ce vocable est ensuite envisagé dans sa rencontre avec une œuvre diffusée sur le site web de la Galerie. Puis, cette œuvre sert à son tour de point de départ à l’écriture d’un second texte issu du champ culturel qui s’alimente à même le premier texte et hors de lui, afin de sonder des aspects du terme dans ses multiples occurrences.