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MYTHES FUTURISTES
USE FOR PROMO Noor Abed-Penelope

Noor Abed, Penelope, 2014. Image tirée de la vidéo

Samedi 24 septembre de 17 h à 19 h

Cinéma VA (VA-114)
Pavillon VA
1395, boul. René-Lévesque Ouest

Programme de vidéos commissarié par Nasrin Himada, suivi d’une conversation avec l’artiste Juan Ortiz-Apuy

Vidéos de Basel Abbas & Ruanne Abou-Rahme, Noor Abed, Kristin Li, Dylan Mira, Cauleen Smith et Malena Szlam

Entrée libre

 

Mythes futuristes
Commissaire : Nasrin Himada

« […] un acte de fabulation qui ne serait pas un retour au mythe mais une production d’énoncés collectifs capable d’élever la misère à une étrange positivité, l’invention d’un peuple ».
– Gilles Deleuze

De petites mains délicates, cousant ensemble des poissons ; tellement de poissons ; des poissons frais, scintillants au soleil. Une femme assise sur un toit, devant un amas de poissons, concentrée à faire passer l’aiguille et le fil à travers chacune de leur bouche. Le soleil, si brillant, est reflété sur la lentille de la caméra. Le film est muet. En tant que spectatrice, je me demande : pourquoi tant de poissons ? D’où viennent-ils ? Pourquoi sont-ils cousus ensemble de cette manière ? Cette scène d’ouverture provient du court métrage de Noor Abed, Penelope. J’ai été frappée par la corrélation que fait la cinéaste entre cette femme au travail avec des poissons sur un toit quelque part en Palestine, et la figure mythique grecque de Pénélope. D’après le mythe, Pénélope, la femme d’Ulysse, est une femme qui représente la loyauté, l’indépendance et la force. Après mon premier visionnement du film d’Abed, je me suis mise à penser au pouvoir des mythologies fictives et à leur rôle dans la constitution de la futurité. Comme l’écrit Abed dans le descriptif du film, Penelope « repose sur le concept de mythe ; sa position dans l’histoire et sa relation au présent et à l’imaginaire ». Dans cet exemple, l’acte de création d’un nouveau mythe coupe à travers la narration d’origine. Abed situe la figure mythique de Pénélope dans son propre environnement et donne une nouvelle envergure à cette histoire en la faisant sienne.

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Mythes futuristes s’inspire des façons dont les artistes construisent des mythes et manipulent et transforment des mythes existants au moyen d’un imaginaire poétique exprimé en forme filmique. Ces films sont des mythes futuristes, car ils fracturent le mouvement du temps et se penchent sur l’instant dans sa formulation la plus intime. Les mythes sont la fondation d’histoires culturelles et de récits folkloriques ; ils expriment l’histoire collective d’un peuple. Les mythes futuristes, par contre, racontent l’histoire du temps et de la collectivité différemment – d’une histoire qui n’est pas encore passée – en demeurant loyaux au présent et en exprimant le pouvoir fictif des traditions culturelles. Ils inventent, composent, réimaginent ; ils donnent un contexte à l’inattendu ; ils forment de nouvelles images et accèdent aux affects dans de nouvelles langues. Ils sont futuristes parce qu’ils sont transformatifs : le temps est délogé de la linéarité, et la narration de l’histoire.

Mythes futuristes rend hommage à la composition poétique de l’image. Le processus de fabrication de l’image est en phase avec un avenir actif – tel que nous le voyons maintenant, alors que nous nous occupons de ses urgences dans le présent, alors que nous connaissons intuitivement ses possibilités. Les mythes futuristes présentés ici inventent une « étrange positivité » et tentent de célébrer des visions et des imaginaires nouveaux puisés dans des histoires prescrites. Ce sont des expressions qui s’élèvent en spirale à partir d’un instant, des moments capturés dans le rêve, des intimités révélées. Dans Two Snakes de Kristin Li, nous sommes interpellés à réfléchir avec la protagoniste à l’expérience de transfert de la mémoire qu’elle subit. Lunar Almanac de Malena Szlam traite du désir puissant de capturer le mouvement tranquille de la lune. Dans Untitled (Água Viva), Dylan Mira partage les intimités subtiles de la tendresse. Basel Abbas et Ruanne Abou-Rahme exposent avec douceur les tensions complexes de l’enchevêtrement dans Only the Beloved Keeps Our Secrets, tandis que Cauleen Smith commémore un acte d’effacement dans Remote Viewing.

Mythes futuristes explore comment les histoires sont racontées, comment elles se altèrent le temps, et comment elles créent de nouvelles images qui captent les luttes actuelles. Tous les films, d’une certaine façon, touchent à la complexité de la forme, à l’expérimentation du langage, et à des histoires et des souvenirs personnels éloquents. Mythes futuristes balise le processus né de la relation entre l’affect et l’invention. Ici, l’articulation se présente comme ce qui appartient au présent de l’être et du devenir.

– Nasrin Himada

PROGRAMME

Noor Abed
Penelope, 2014
16 mm, transfert numérique, couleur, muet
6 min 28 s

Kristin Li
Two Snakes, 2015
Vidéo monobande, HD, couleur, son stéréo
9 min 30 s

Malena Szlam
Lunar Almanac, 2013
16 mm, couleur, muet
4 min

Dylan Mira
Untitled (Água Viva), 2013
Vidéo monobande, HD, couleur, son stéréo
12 min 23 s

Basel Abbas & Ruanne Abou-Rahme
Only the Beloved Keeps Our Secrets, 2016
Vidéo monobande, HD, couleur, son stéréo
10 min 5 s

Cauleen Smith
Remote Viewing, 2011
Vidéo monobande, HD, couleur, son stéréo
15 min 25 s

Durée totale : 57 min 51 s

LES ARTISTES ET LEURS ŒUVRES

Noor Abed
Penelope, 2014
16 mm, transfert numérique, muet
6 min 28 s

Inspirée de l’Odyssée, le poème épique d’Homère datant de l’Antiquité grecque, cette œuvre traite du concept de mythe, notamment en regard de sa position dans l’histoire et de son lien avec le présent et l’imaginaire. Tourné en Palestine, ce film tente de refléter une réalité autre que celle qu’offre l’histoire. Ici, le mythe pourrait être vu comme un rêve collectif ou un élément tiré de l’imaginaire public.

Noor Abed (1988, Jérusalem) a reçu sa maîtrise en arts visuels de la California Institute of the Arts de Los Angeles après des études de premier cycle à l’International Academy of Arts en Palestine. Noor a été stagiaire de recherche au Whitney Museum Independent Study Program à New York en 2015-2016, et a été choisie pour le programme de résidence d’été au Skowhegan School of Painting and Sculpture au Maine, ÉU, en 2014. Parmi ses expositions et contributions à divers événements, on retrouve : YAYA 2014 : « Suspended Accounts », Ramallah, Palestine ; UCLA New Wight Biennial, Los Angeles 2014 ; « TransBorder – Utopias and Realities », Anthology Film Archives, New York, 2014 ; « My Sister Who Travels », The Mosaic Rooms, Londres, 2014 ; Printemps de Septembre Festival/ FIEA, France 2012 ; Truth is Concrete, Art Marathon, Graz, Autriche 2012 ; The Ninth Annual Performance Festival, Norvège 2011 ; Jerusalem Show : On/Off language 2011. Abed est récipiendaire d’une bourse d’études à Documenta(13), Department of Maybe Education and Public Programs, Allemagne 2012.


Kristin Li

Two Snakes, 2015
Vidéo monobande, HD, couleur, son stéréo
9 min 30 s

Film d’animation et documentaire expérimental qui traite des désirs diasporiques pour les mythes fondateurs. Cherchant un foyer dans une généalogie revendiquée, cherchant un soi dans des narrations réappropriées, et trouvant, à la place, des fragments. Présente une trame sonore originale de Julie Matson. Créé pour OEDIV CISUM (9 mai 2015), une nuit d’art vidéo accompagnée de bandes-son en direct.

Née à Chengdu, en Chine, Kristin Li vit et travaille présentement à Montréal. Artiste multimédia émergente, Li crée des installations, des animations, des documentaires et des narrations expérimentales qui explorent les formations contemporaines du pouvoir. Ses projets recontextualisent des histoires, pratiques et institutions familières afin de révéler à la fois les façons dont elles nous contraignent malgré nos intentions et les sites de possibilités cachés que nous pouvons néanmoins exploiter. Le travail de Kristin a été exposé à travers l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud et l’Europe, dont des projections récentes au Festival international du court métrage d’Oberhausen (Allemagne), Vidéoformes (France), et MIX NYC (ÉU).


Malena Szlam

Lunar Almanac, 2013
16 mm, couleur, muet
4 min

Lunar Almanac utilise le tourné-monté et la photographie image par image pour créer des champs de vision superposés des phases de la lune.

« Avec sa superposition saccadée de photogrammes qui démultiplient une lune longuement exposée, Lunar Almanac se lance dans un voyage à travers les sphères magnétiques. Tourné en Ektachrome 16 mm et développé à la main, ces touches artisanales imprègnent le film d’un mystère nocturne. »
– Andréa Picard, TIFF Wavelengths, 2014

Malena Szlam (née au Chili) est une artiste cinéaste installée à Montréal. Le médium filmique a été central dans sa pratique, se manifestant sous diverses formes, dont le cinéma, l’installation et la performance. Sa pratique est motivée par un intérêt pour les liens entre le monde naturel, la perception humaine et le processus intuitif, qu’elle explore dans des créations poétiques qui abordent la temporalité et réfléchissent aux aspects matériels du cinéma. Son travail a été exposé dans de nombreux endroits à travers le monde, dont le Festival international du film de Rotterdam, ainsi que ceux de Toronto, New York, Ann Arbor, et Hong Kong , 25 FPS (Zagreb), Media City (Windsor), Images Festival (Toronto), le Museum of Fine Arts de Boston, Museo Nacional de Bellas Artes (Chile), Galerie Leonard & Bina Ellen (Montréal), et la YYZ Gallery (Toronto). Szlam est membre de Double Negative, un collectif montréalais qui se consacre à l’exposition et à la production de cinéma expérimental.


Dylan Mira

Untitled (Água Viva), 2013
Vidéo monobande, HD, couleur, son stéréo
12 min 30 s

Untitled présente le père souffrant de la réalisatrice lisant à voix haute un passage de Água Viva de Clarice Lispector depuis son lit d’hôpital installé dans sa maison. Sa lecture est ponctuée de déclarations exprimant sa répugnance pour le livre, ainsi que de commentaires tendres de sa femme à propos du tempérament et de la vie de son mari.

Dylan Mira is women liminally Los Angeles and on the Internet. It is the Art Institute of Chicago School Video BFA and UCLA she holds a MBA in new genres. His work has been exhibited in nature – this site, the Los Angeles Nomadic Division, Chicago Underground Film Festival, depressed and magazines, the Institute of Contemporary Art and including the preservation of the artist Anthology Film on display posting normal a wide screen space.


Basel Abbas & Ruanne Abou-Rahme

Only the Beloved Keeps Our Secrets, 2016
Vidéo monobande, HD, couleur, son stéréo
10 min

Only the Beloved Keeps Our Secrets s’articule autour de séquences prises par une caméra de surveillance de l’armée israélienne. Le 19 mars 2014, Yusuf Shawamreh, 14 ans, traversa la « barrière de séparation » érigée par l’armée israélienne près d’Hébron. Il allait cueillir du Akub, une plante comestible qui pousse à haute altitude et qui fleurit pour une courte période seulement, et qui est une spécialité gastronomique de la cuisine palestinienne. Les forces israéliennes lui tendirent une embuscade et l’abattirent. Après une brève injonction de la cour, les enregistrements de surveillance militaire furent publiés, et conséquemment circulés en ligne. Cette œuvre nous invite à considérer les formes d’enchevêtrement entre la destruction des corps et l’effacement des images, et les conditions dans lesquelles ces mêmes corps et images peuvent de nouveau réapparaître.

Basel Abbas et Ruanne Abou-Rahme travaillent ensemble utilisant une gamme variée de pratiques dont le son, l’image, le texte, l’installation et la performance. Leur pratique examine un contexte contemporain marqué par une crise apparemment perpétuelle et un « présent » sans fin, qui est de plus en plus formé par une politique du désir et du désastre. Ils développent un corpus qui met en doute cette suspension du présent et qui cherche des moyens de faire émerger un imaginaire complètement différent. Dans leurs projets, ils excavent, activent et inventent des narrations, figures et gestes accidentels qu’ils utilisent comme du matériel à partir duquel réimaginer le présent. Réfléchissant souvent à l’idée de retours, d’amnésie et de déjà vu, ils exposent les glissements entre la réalité et la projection (fiction, mythe, désir), entre ce qui est et ce qui pourrait être. Leur pratique, fondée principalement sur la recherche, explore souvent les résonances spatio-temporelles entre des moments qui semblent disparates. Leur approche procède surtout à l’échantillonnage de matériaux (déjà existants ou de leur propre création) qui se présentent sous forme de sons, d’images, de textes, d’objets et de les refondre en des « scripts » complètement nouveaux. Il en résulte une pratique qui examine les possibilités viscérales, matérielles du son, de l’image, du texte et du site, sous forme d’installations multimédias et de performances son et image en direct.


Cauleen Smith

Remote Viewing, 2011
Vidéo monobande, HD, couleur, son stéréo
15 min

« […] [J]’ai entendu l’histoire d’un homme qui, quand il était garçon, vit les blancs dans son village effacer toute trace de la communauté noire en creusant un trou profond dans lequel ils enterrèrent l’école Nègre. Dans la description qu’en faisait cet homme, on retrouvait cette horrible intersection entre le sublime et l’obscène. Que signifie le fait que votre désir pour l’effacement est serait intense que vous creuseriez un trou pour y enterrer toute une structure ? Ceci m’a ramenée jusqu’aux gars du land art. Alors le début était là. Il a fallu que je travaille très vite – l’ampleur du projet était tellement énorme que dès que j’ai eu accès à un morceau de terre et à de l’argent, il fallait que je fasse le film, ou alors je ne le ferais jamais.”
– Cauleen Smith

Née à Sacramento en Californie à la fin des années 1960, Cauleen Smith est sans contredit une cinéaste de la Côte Ouest, mais qui, dans les années 1980, a aussi passé beaucoup de temps à baigner dans la densité de l’urbanisme international des endroits comme Brixton dans le sud de Londres. La pratique interdisciplinaire de Smith fusionne l’improvisation musicale, la fiction spéculative, l’histoire afro-américaine, et les formes processionnelles, de manière à créer des ruptures temporelles et spatiales qui font de la place pour de nouvelles affinités, empathies, et consciences. Les films, objets et installations de Smith ont été présentés lors d’expositions collectives au Studio Museum of Harlem, NY ; Houston Contemporary Art Museum, TX ; Blanton Museum of Art, Austin, TX ; San Diego Museum of Contemporary Art, CA ; D21 Leipzig, Allemagne ; Yerba Buena Center for Arts, CA ; et au New Museum, NY. Elle a également tenu des expositions individuelles à The Kitchen à New York ; MCA Chicago et Threewalls à Chicago ; et à Women & Their Work à Austin, TX. Son travail a également été présenté dans des festivals très médiatisés tel que Sundance et a été visionné deux fois à la demande du public à la prestigieuse exposition du Robert Flaherty Film Seminar. En 1999, elle a été sélectionnée comme l’une des dix cinéastes à suivre (Ten Directors to Watch) par la revue Variety. Smith est récipiendaire de plusieurs prix et bourses, dont le Creative Capital grant, le Rockefeller Media Arts Award, Chicago 3Arts Grant, Foundation for Contemporary Arts, Arcadia Chicago, et The Herb Alpert Award in the Arts. Smith a obtenu sa maîtrise en arts visuels à l’University of California, Los Angeles. Elle vit présentement à Chicago et enseigne au Vermont College of Fine Art dans le programme de maîtrise en beaux-arts.
Pour plus de détails : cauleensmith.com

COMMISSAIRE

Nasrin Himada

Nasrin Himada est auteure, rédactrice et commissaire vivant à Toronto. Sa recherche interdisciplinaire se penche sur le cinéma expérimental, la relation entre l’art et la poésie, et la militarisation de l’espace urbain à travers l’infrastructure carcérale et la surveillance policière. Elle a donné de multiples conférences sur ces sujets, dont au California Institute of the Arts, Georgetown University, et INCA Seattle. Son travail de commissaire a été présenté à DHC/ART : Fondation pour l’art contemporain, Echo Park Film Center, 16 Beaver, et Image + Nation. De 2011 à 2016, Nasrin était corédactrice de la revue Scapegoat: Architecture/Landscape/Political Economy. Elle est la corédactrice du numéro inaugural de MICE Magazine, qui porte sur le thème du travail invisible, et est présentement conservatrice à Art Metropole.

INTERLOCUTEUR

Juan Ortiz-Apuy

Né au Costa Rica en 1980, Juan Ortiz-Apuy vit et travaille à Montréal depuis 2003. Ortiz-Apuy détient un Baccalauréat en arts visuels de l’Université Concordia, un diplôme de deuxième cycle de la Glasgow School of Art, et une maîtrise en arts visuels de l’Université NSCAD.

Son travail a été présenté à travers le Canada et mondialement. Ses plus récentes expositions incluent celles à Gallery TPW, ARTSPACE, Eastern Edge Gallery, A Space Gallery, The MacLaren Arts Centre et la Biennale de Québec : Manif d’Art 7.

Son travail a fait l’objet de recensions dans plusieurs revues, journaux et livres, notamment dans The Brave New Avant Garde de Marc James Léger et des comptes-rendus dans Canadian Art, Le Devoir, The Gazette (Montréal), The Telegram (St. John’s), The Toronto Star, et sur MOMUS.ca.

Ortiz-Apuy a complété des programmes d’artiste-en-résidence au Plug In Institute of Contemporary Art, Winnipeg, et au Atlantic Centre for the Arts, USA, entre autres. Parmi ses expositions à venir, notons celles à Gallery 44, TYPOLOGY Projects, et Museum London, ainsi qu’un séjour d’artiste en résidence au Vermont Studio Center. Ortiz-Apuy est représenté par la Galerie Antoine Ertaskiran.

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