IGNITION est une exposition annuelle qui présente le travail d’étudiants de maîtrise en beaux-arts au programme Studio Arts de l’Université Concordia. Cette manifestation est une occasion unique pour une génération d’artistes en devenir de présenter des œuvres d’envergure et interdisciplinaires dans le contexte professionnel d’une galerie au profil national et international. Ces étudiants travaillent en collaboration avec l’équipe de la galerie afin de produire une exposition qui rassemble des œuvres critiques, innovatrices et expérimentales permettant d’explorer et de réfléchir sur divers médias et pratiques. Cette année, IGNITION met en vedette sept artistes qui travaillent la photographie, l’estampe, la sculpture ainsi que l’installation vidéo et sonore.
Lire la suiteChris Boyne explore la complexité de la mémoire, de l’identité et du lieu dans son travail intitulé blueberry hill. En combinant photographies, texte et film il lie la constitution du récit à son lieu de naissance, la Nouvelle-Écosse. Simon Brown produit des œuvres conceptuelles, souvent subtiles et obscures et qui s’immiscent dans certaines formes de communication publique telle que la radio ou les petites annonces. Dans le cadre d’IGNITION, il retravaille le célèbre poème de Michèle Lalonde, Speak White (1968). Dans son travail, Jennifer Cherniack remet en question l’autorité du canon de l’histoire de l’art dans ses interventions d’ordre personnel. The History of Art According to my Archives, comprend une liste d’une multitude de sujets de recherche potentiels basés sur sa propre expérience du monde de l’art. Dans sa deuxième installation, I’m Sorry, Jackson, l’artiste « mythifie » son rapport à une œuvre de Jackson Pollock en imaginant les effets qu’il aurait pu avoir sur le cours de l’histoire de l’art. Karen Kraven s’intéresse à l’effet psychologique que les espaces clos, bricolés, et temporaires ont sur notre perception de la réalité. Son installation sculpturale This is a Place to Wait Out the Rain, allie le son et l’illusion optique pour créer un espace empreint de tension et d’incertitude. Étienne Tremblay-Tardif poursuit sa recherche sur l’échangeur Turcot, symbole du renouvellement urbain moderniste des années 1960 à Montréal, avec son installation Archéologie de l’échangeur Turcot : journal de recherche imprimé. Par l’intermédiaire d’estampes, de vidéos, de publications et d’objets trouvés sur le site de l’échangeur, nous sommes confrontés aux multiples enjeux de son évolution historique, son état actuel de dégradation, et son projet de renouvellement controversé. Brian Virostek présente une projection double intitulée Reflecting Them and Their Icons Together in Waves, The Only Place Where the Lights Have Not Gone Out. Des images et des sons enregistrés le long d’une rivière qui traverse une ville révèlent le rapport quotidien des gens avec le cours d’eau par le biais de la mythologie, de la pollution, du loisir ou du développement urbain. L’installation SONAR de Sandra Volny est un portrait sonore et visuel des Harting, une famille de chanteurs non-voyants que l’on rencontre régulièrement dans le métro de Montréal. Par des entretiens et des performances vocales, SONAR propose un discours sensible et poétique sur la rencontre entre la voix et l’action d’écouter dans un espace résonant.
FermerLe programme contemporain de la Galerie Leonard & Bina Ellen bénéficie du soutien du Conseil des Arts du Canada. La Galerie et les artistes remercient Hexagram pour son soutien technique.
Les œuvres présentées dans cette édition d’IGNITION ont été sélectionnées par Alissa Firth-Eagland, commissaire indépendante et auteure, et Michèle Thériault, directrice de la Galerie.
LES ARTISTES
Chris Boyne est titulaire d’un baccalauréat en beaux-arts de l’Université Ryerson de Toronto et termine actuellement sa maîtrise à l’Université Concordia, à Montréal. Ses œuvres ont été exposées tant en Ontario qu’au Québec, et il a reçu plusieurs prix, dont le Prix d’excellence Omer de Serres pour ses réalisations en arts visuels et la bourse de recherche en photographie Dick and Gretchen Evans Fellowship for Photography.
Je me sers de ma propre histoire pour explorer la complexité de la mémoire, de l’identité et du lieu. Par le récit, j’invite imperceptiblement mon public à partager une dimension d’auto-exploration. Mon travail porte sur la nostalgie, le regret et la réminiscence.
L’ŒUVRE
blueberry hill, 2011
Ce projet traite d’émotion, celle liée au récit. Pour créer cette œuvre, j’ai combiné fiction et petits extraits de récits et de souvenirs, pris de façon aléatoire. Ces extraits ont été soigneusement étudiés. S’échouer avec les Liston lors d’une sortie en voilier dans la baie Mahone ou manger des mûres sur Blueberry Hill. Retenir son souffle et orages et masturbation. Tous ces fragments s’assemblent et se rejoignent à travers moi, parce qu’ils sont en partie miens.
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- le rapport qui existe entre l’image et les types de significations ainsi créés;
- la mémoire, le rôle qu’elle joue dans cette œuvre et les façons dont celle-ci en traite.
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Simon Brown est né dans une vallée dépeuplée et habite maintenant une île populeuse. Il s’intéresse aux aspects de la vie les plus insignifiants ainsi qu’à ses manifestations les plus insaisissables.
L’ŒUVRE
After Speak White, 2011
RECHERCHÉ : homme caucasien de langue maternelle anglaise, issu d’un milieu aisé, préférablement avec des racines familiales montréalaises, pour lire Speak White, le poème écrit par Michèle Lalonde en 1968. Pour utilisation dans une œuvre d’art à la Galerie Leonard & Bina Ellen. Rémunération à négocier. Veuillez écrire à l’adresse suivante : simonatthebrown@gmail.com
EXPLOREZ
- la signification inhérente à la réactivation du poème Speak White, de Michèle Lalonde, particulièrement dans l’environnement de la galerie;
- la performance et son rôle dans la réalisation de cette œuvre.
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Jennifer Cherniack est une artiste montréalaise qui étudie actuellement à la maîtrise à l’Université Concordia. Elle détient un baccalauréat en beaux-arts de l’Université de Western Ontario et a depuis travaillé comme administratrice et formatrice pour InterAccess, Gallery 44, l’Office national du film du Canada et plusieurs autres organismes à Toronto. Parmi ses expositions récentes, notons LIVE / AFTERLIVES à La Centrale Powerhouse, à Montréal, et It takes everyone to know no one à la Justina M. Barnicke Gallery, à Toronto.
Dans ma pratique, j’allie histoire de l’art, culture populaire et expérience personnelle pour créer des récits qui se situent quelque part entre fait et fiction. Je fais appel à la connaissance populaire sur l’art et la culture pour réorganiser, réarranger et revisiter histoires et idées bien connues. Menés dans une perspective humoristique et introspective, mes projets font référence à l’histoire, aux technologies médiatiques, à l’autorité et aux egos artistiques.
LES ŒUVRES
The History of Art According to my Archives, 2010 – présent
The History of Art According to my Archives est une liste de plus de 500 titres de chapitres suggérés ou sujets d’histoire de l’art basés sur l’expérience personnelle. Le projet se poursuit et se matérialise sous différents médias. Il existe actuellement sous forme de PDF téléchargeable, de liste manuscrite, de boutons, de texte mural sur vinyle et d’installation avec projecteur de diapositives.
I’m Sorry, Jackson, 2010
I’m Sorry, Jackson est une installation basée sur un mensonge que j’ai raconté à propos d’une toile de Jackson Pollock lors d’une visite guidée de la collection Peggy Guggenheim en 2004. Cette installation s’intéresse à l’autorité des institutions culturelles, et porte sur les conséquences (et potentiels excitants !) d’une sortie du discours préétabli.
EXPLOREZ
- l’utilisation que l’artiste fait de l’humour et en quoi cela est subversif;
- le récit et le rapport ainsi établi entre l’artiste et le spectateur.
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Karen Kraven est candidate à la maîtrise à l’Université Concordia, où elle bénéficie de la bourse Dale and Nick Tedeschi Studio Arts Fellowship. En 2009, elle a participé à la résidence d’artiste Reverse Pedagogy à Venise. Elle a également été en résidence à la School of Visual Arts, à New York, et au Centre Banff pour les arts. Elle vient de réaliser un projet avec DARE-DARE à Montréal.
L’espace physique autour de nous est hanté par l’aspect qu’il revêtait habituellement et encombré par ses propres exigences. Les murs s’érigent et s’abattent. Malgré tout, nous nous sentons obligés de croire en cet espace. Je suis fascinée par les transformations que peuvent engendrer chez les gens de petites constructions architecturales artisanales et temporaires. Les saunas peuvent faire halluciner. Les cabanes de pêche peuvent donner des visions.
L’ŒUVRE
This is a Place to Wait Out the Rain, 2011
Comme au cinéma, une technique simple pour parvenir à l’illusion de la pluie ne consiste pas à verser l’eau directement sur la surface de la fenêtre en trompe-l’œil dans un décor, mais plutôt de la verser sur un plan incliné, pour ralentir les gouttes. Dans le film, l’artifice semble plus vrai que si l’on avait filmé durant une vraie averse de pluie. Notre cerveau sait déjà ce à quoi la pluie devrait ressembler.
C’était une nuit sombre et orageuse, des étrangers rôdaient, attendant ton arrivée. Les claquements d’intimidation et de tension se changent en une suite infinie de gouttes d’eau.
EXPLOREZ
- l’effet des interventions transformatrices dans notre environnement;
- les concepts d’illusion et de réalité.
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Originaire de l’Isle-aux-Coudres, Étienne Tremblay-Tardif est établi à Montréal depuis 2004. Il complète actuellement une maîtrise en arts visuels à l’Université Concordia après des études de baccalauréat en cinéma, en histoire de l’art et en arts plastiques. Détenteur d’une bourse du CCRSH en 2011 et 2010, il était lauréat du Prix Albert-Dumouchel en 2007. Ses œuvres font partie de plusieurs collections privées.
Ancré conceptuellement dans l’idée de lieu et physiquement au territoire géopolitique du Québec, Étienne Tremblay-Tardif initie trajectoires et déplacements. Il s’attarde aux sites où constructions identitaires personnelles et collectives se croisent à travers des objets culturels provenant de l’architecture, du cinéma et de l’imprimé.
L’ŒUVRE
Propositions pour l’intégration verticale des strates média-historiques de l’échangeur Turcot, 2011
Mon travail autour de l’échangeur Turcot consiste principalement à déplacer l’enjeu d’un problème de circulation automobile vers un problème de circulation de la mémoire : recherches historiques, documentations de la structure actuelle avant sa démolition et élaborations d’uchronies prospectives. L’œuvre ici présentée est une proposition idéologique opposée au modèle de la table rase mise de l’avant par Transports Québec, modèle qui consiste essentiellement à rejouer l’explosion moderniste de Montréal.
EXPLOREZ
- les façons dont cette œuvre fait allusion à l’identité culturelle et à sa construction;
- le rôle de l’artiste et la façon dont il prend position dans cette remise en question de l’identité.
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Brian Virostek est né à London, en Ontario. Il étudie à Bealart à London, avant de poursuivre à l’Université Concordia, à Montréal, pour son baccalauréat. En 2001, il s’installe en Corée du Sud, où il continue à travailler en audiovisuel, joue dans The Immediate Orchestra et fonde une famille. Il revient à Montréal en 2008 et étudie actuellement à la maîtrise à l’Université Concordia.
Je travaille le film par l’impromptu. Je dois être particulièrement attentif aux choses qui se passent autour de moi, au moment où elles ont lieu. Je sélectionne, et commence à établir des connexions tout en marchant. Je suis à la recherche de passages vers une mémoire et une conscience plus profondes. Ce faisant, je me vois catapulté dans un futur inattendu, qui libère le potentiel de la personne et du lieu.
L’ŒUVRE
Reflecting Them and Their Icons Together in Waves, 2011
Musique : The Immediate Orchestra (Hyun-Ju Lee, Martin Miller, Brian Virostek).
J’ai voyagé le long du fleuve dans la ville où je vis. J’ai imaginé ce cours d’eau coupant à travers notre civilisation comme il coupe à travers le roc. La caméra et le micro ont enregistré les couches de mythe, de déchets, de festival, de loisirs, empiétant sur la nature et le développement. J’ai recherché la tension extrême et sa libération dans le corps des gens. C’est leur connexion avec le fleuve qui m’intéressait.
EXPLOREZ
- le temps et les liens entre l’environnement physique d’une personne au fil du temps;
- comment il est possible de représenter visuellement des concepts comme le temps et le lien entre une personne et un lieu.
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Sandra Volny travaille entre Paris et Montréal. Sa recherche interdisciplinaire explore l’intéraction entre le corps, l’espace et le son au travers de la notion de la « conscience auditive ». Ses vidéos, performances et installations sonores ont été exposées au Canada et en France. Elle est actuellement doctorante à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Ma recherche porte sur l’intéraction entre le corps, l’espace et le son. Nous vivons dans un espace où le son vibre, résonne et agite notre corps. Nous évoluons dans des zones et des espaces sonores qui affectent l’expérience émotionnelle et comportementale de notre environnement. Au-delà du visible, je m’intéresse à ces surfaces de résonances qui organisent et contiennent le réel. Au travers du son et de l’écoute, je mène une réflexion sur notre perception du temps et notre relation à la mémoire.
L’ŒUVRE
SONAR, 2011
À Partir des témoignages et des performances de la famille de chanteurs non-voyants les Hartings, le documentaire expérimental Sonar tisse un discours poétique et sensible de la rencontre entre la voix et l’écoute dans un espace qui résonne. Dans SONAR, j’explore le phénomène de « l’écholocation humaine, » c’est-à-dire la capacité de s’orienter dans un espace par le son. Sonar agit à la fois comme un « sonar », l’instrument acoustique de navigation permettant l’orientation des bâteaux sous l’eau au travers de la propagation du son, et comme une métaphore de l’acte de se souvenir. En allant chercher dans notre mémoire nos souvenirs, nous envoyons dans l’espace une sonde. Que saisissons-nous alors de notre espace et de nous-même au travers de cette sonde sonore qui nous revient?
EXPLOREZ
- les façons dont cette œuvre s’intéresse au rapport entre le son, l’espace et le corps;
- les conclusions qui résultent de cette recherche.
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