الصورة ما قبل الأخيرة
ماذا تفعل الصورة عندما ينهار العالم؟
ما الذي يتبقّى من أثرٍ للمرئي بعد اجتثاث المناطق، وتزوير الوثائق، والصمت أمام الإبادة الجماعية، حين يغدو كل ذلك سياسة دولة؟
« الصورة ما قبل الأخيرة » تجمع كوكبة من الأفلام والمقاربات البصرية السردية التي تستدعي الصورة لا بوصفها وثيقة أو إثباتًا، بل فعل مقاومة. برفضها للمنطق الاستعراضي وتسطيح التاريخ، تسعى هذه التجارب إلى إعادة توظيف فعل الاجتثاث ذاته، لصياغة لغة للرفض.
تم اختيار الأعمال من لبنان وفلسطين، لا لقربهما الجغرافي، بل لتطابق الظرف الإنساني، ولاستحالة التعريف بالكارثة دون استعادتها. ما سنختبره هنا لا يقتصر على ما نشاهده أمامنا، بل يشمل أيضًا ما يُحجَب، وما يُبعث، برغم الدمار.
هنا، توقّف الفنّانون عن ملاحقة الحقيقة عبر تمثّلها، إذ غدا فعل التمثّل ذاته مستحيلاً. أصبح « تأطير الصورة » فعلًا للانقضاض على المعنى، حيث يكون الانسحاب هو ما يؤكّد الحضور والفاعلية. فتُترك الصورة المتشظّية لتمنح نفسها الحق في الحداد، وفي خلخلة الواقع، وفي الشهادة بما عجز عنه القانون واللغة معًا.
عقب ما يُسميه بـ »الخراب الذي يفوق الوصف »، فإن المفكر والفنان اللبناني جلال توفيق يرى أن على الفنّانين أن يتخطّوا طور الحداد والتوثيق، ويمضوا أبعد من ذلك. عليهم أن يتصرّفوا كوسطاء، يرمّمون ما انكفأ في أعماقهم، وبروحية منفتحة يقاربون التقاليد والذاكرة، لينهضوا بعدها بطرق لا يمكن التنبؤ بها.
في المقابل، يرى الفنان والكاتب وليد صادق أن « الإبصار بالعمى » هو إدراك بأن ثمة أشياء لا يمكن، بل ربما لا ينبغي، تعريضها كليًا للضوء، على اعتبار أن لتلك الأشياء أخلاقيات وجماليات منضبطة، تقاوم الفرجة كتيار، والبرهان كسطوة، والشفافية كتعَرٍّ. إن النظر بعينين معصوبتين يوحي بأن العنف، حين يبلغ مداه، ينسف الثقة بالبصر؛ فـ »الرؤية » غالبًا ما تعني إساءة الفهم، أو المبالغة في الادعاء، أو حتى المشاركة في الإنكار.
إن مفهوم وليد صادق للرؤية يدعونا إلى إعادة التفكير في الصورة، لا بوصفها كشفًا أو انكشافًا، بل كحيّز يُعلّق فيه العنف، دون أن يُرى تمامًا، ودون أن يُحسم أو يُحلّ، بل يُحتضن في حالته المعلّقة تلك.
استنادًا إلى طروحات جلال توفيق ووليد صادق، يقدّم برنامج العروض أعمالًا لا تُعرّف الصورة بما يُرى، بل بما يتفعّل عبر الرؤية، وعبر الرفض لفكرة « الخاتمة » أو الإدلاء بالشهادة. تنقّب هذه الأعمال، بلا كلل، في ما يمكن للصورة أن تفعله بعد أن تفقد وظيفتها التمثيلية، باعتبارها صورة متكسّرة الوجوه، شديدة الإلحاح، تواصل الاشتغال، حتى وإن بدا ذلك بلا جدوى، على إعادة تركيب اللغة ذاتها. بقواعد لغوية مختلفة للمقاومة.
ضمن برنامج « تموضع الآخر » (Othered Cartographies)، يتوزّع هذا المشروع على أمسيتين من العروض السينمائية، بالإضافة إلى عرضٍ تركيبي بالفيديو يُشاهد على واجهة غاليري ليونارد وبينا إيلين، إلى جانب نقاش يجمع بين منسّقة البرنامج، الفنانة لين قديح، والباحث تامر الشيخ.
Traduction arabe par Abeer Dagher Esber
À défaut d’une image
Série de projections de films
Mercredi 20 août, 18 h 00 – 20 h 00
Mercredi 27 août, 18 h 00 – 20 h 00
Cinéma de Sève,
Gratuit, en anglais et en arabe
Comment une image peut-elle encore agir quand le monde s’écroule? Quel pouvoir reste-t-il au visuel lorsque les états s’effacent l’un l’autre, que les archives mentent et que le silence face au génocide devient une politique? À défaut d’une image rassemble une constellation d’essais filmiques et vidéographiques qui se réclament de l’image — non seulement comme document ou preuve, mais comme acte de résistance. Rejetant la logique écrasante de l’histoire et du spectacle, ces œuvres tentent de redéfinir l’effacement lui-même, en forgeant un langage du refus.
Issus du Liban et de la Palestine, ces essais n’ont pas été choisis à cause de leurs attaches géographiques, mais parce qu’elles partagent une condition commune : l’impossibilité de représenter la catastrophe sans la renforcer. À travers ces œuvres, nous sommes confrontés non seulement à ce qui est représenté, mais aussi à ce qui est dissimulé — ce qui refait surface en dépit de la destruction. Les artistes ne s’inscrivent plus dans une recherche de la vérité à travers la représentation, car la représentation elle-même devient impossible. Le cadre de l’image devient un site de sabotage où la présence, l’existence et l’action ne s’affirment souvent que par le retrait — à travers l’image brisée, à travers son potentiel de deuil, de perturbation, de témoignage lorsque le langage et la loi échouent.
Selon le penseur et artiste libanais Jalal Toufic, dans la foulée de ce qu’il appelle un « désastre indépassable »1, les artistes doivent inventer leur chemin par-delà le deuil ou le travail de documentation. Il leur faut agir comme des médiums, récupérer ce qui s’est retiré et est demeuré latent, puis remettre en place les conditions selon lesquelles la tradition, la mémoire et le sens puissent émerger à nouveau dans des formes inattendues. Selon l’artiste et écrivain Walid Sadek, le processus « see with blindness » (l’aveuglement qui permet de voir) consiste à reconnaître que certaines choses ne peuvent pas — ou ne devraient pas — être totalement mises en lumière. Il s’agit d’une éthique et d’une esthétique de la modération, qui travaille contre la poussée du spectaculaire, de l’évidence et de la transparence. L’acte de regarder avec des yeux aveugles implique que, après tant de violence, le visible n’est plus crédible — et que l’acte de « voir » est souvent mal interprété, survalorisé, ou qu’il contribue au déni. Le concept de Sadek nous invite à repenser l’image non comme révélation, mais comme un espace où la violence n’est ni vue en totalité ni surmontée, mais maintenue en suspension.
En s’appuyant sur les propositions de Toufic et de Sadek, ce programme de visionnement présente des œuvres où l’image n’est pas ce qui est vu, mais ce qui est activé par le refus de conclure, le refus de témoigner. Elles explorent sans relâche ce que l’image pourrait faire d’autre — fragmentée, persistante et travaillant, même si cet effort est vain, à restaurer le langage lui-même. Une grammaire de résistance qui vise la différence.
Lynn Kodeih
Faisant partie du programme Othered Cartographies (Cartographies d’altérité), cette série de projections se déroule sur deux soirées, auxquelles s’ajoutent une installation vidéo hébergée dans la vitrine de la Galerie Leonard & Bina Ellen de même qu’une discussion entre l’artiste et commissaire Lynn Kodeih et le professeur Tammer El-Sheikh.
Traduction française par André Lamarre
1. Jalal Toufic, The Withdrawal of Tradition Past a Surpassing Disaster (Forthcoming Books, 2009).
Lire la suiteTammer El-Sheikh occupe le poste de professeur associé de l’histoire de l’art à l’Université York à Toronto. Ses publications professionnelles se sont concentrées sur la pratique de l’art contemporain dans la région du MENA/SWANA et dans ses diasporas. Il a rédigé des articles de fond et des critiques pour Parachute, C Magazine, ETC, Canadian Art et BlackFlash, de mêrme que les essais de plusieurs catalogues d’exposition au Canada et à l’étranger. Ses travaux universitaires ont paru dans les périodiques ARTMargins et Arab Studies Journal, et son premier volume édité, sous le titre Hybrid Bodies: An Anthology of Writings on Art, Identity, and Intercorporeality (Corps hybrides. Une anthologie d’écrits sur l’art, l’identité et l’intercorporéité), est paru au printemps 2020. El-Sheikh a été éditorialiste en résidence à Public Parking en 2025.
Lynn Kodeih est une artiste et chercheure partageant son travail entre Beyrouth et Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal depuis 2020. Sa pratique se penche sur les politiques de l’image par une analyse de l’espace, des frontières et de l’appartenance au sein du contexte colonial actuel. Son travail a recours à des stratégies intersectionnelles pour mettre en lumière les structures de pouvoir et la violence systémique. Kodeih détient des diplômes en études littéraires, en théâtre et en arts visuels d’établissements libanais et canadiens. Depuis 2009, elle a donné des conférences et collaboré avec diverses institutions universitaires et artistiques, incluant la Galerie Leonard & Bina Ellen, où elle a occupé le poste de coordonnatrice des programmes publics et éducatifs (2023-2024), pour y intervenir par la suite en tant que commissaire et programmatrice indépendante. Sa pratique a bénéficié du soutien de plusieurs bourses et subventions. Elle est récipiendaire du Prix Powerhouse, de la Bourse Bronfman 2024 et lauréate de la résidence Empreintes du Musée des beaux-arts de Montréal en 2025. Son travail a été exposé au Canada et à l’international.
FermerChantal Partamian : projection de films
Palestine, v. 1920 et On the Southern Border of Lebanon: The March of Return, 2012
4 au 27 août, 2025
Projection en boucle dans la vitrine de la Galerie du lundi au jeudi
9 h 00 – 17 h 00
Gratuit
Deux films de la réalisatrice expérimentale et archiviste Chantal Partamian sont présentés dans la vitrine de la Galerie pendant le mois d’août. Cette installation vidéo en deux parties explore la mémoire, la perte et la persistance du retour. Elle rassemble des séquences personnelles et d’archives pour réfléchir à la Palestine en tant que lieu et désir collectif.
À Défaut d’une image (الصورة ما قبل الأخيرة) s’inscrit dans Cartographies d’altérité : lieux et présences, un programme public commissarié par Lynn Kodeih décliné en plusieurs volets.
هو برنامج بعدة أجزاء، يشتبك مع التعقيدات وتعدد المعاني المؤسسة لمجموعات الشتات في مونتريال، المدينة التي شكلها تاريخها الاستعماري، والهجرات، والمسارات المتداخلة ثقافياً لحاملي نسبها. يسعى البرنامج إلى خلق مساحات وموارد مستمدة من التجارب المعرفية المعاشة للمجتمعات التي غالبًا ما تُترك على هامش السرديات المؤسسية
Cartographies d’altérité : lieux et présences est un programme public en plusieurs volets qui aborde les significations stratifiées, les complexités et les possibilités de transformation des diasporas à Montréal – une ville façonnée par des histoires de colonisation, de migration, de trajectoires et de lignées culturelles qui se chevauchent. Le programme vise à nourrir des espaces et des ressources informés par les expériences vécues et les connaissances des communautés souvent laissées en marge des récits institutionnels.
Ce projet s’appuie sur l’héritage de la programmation publique de la Galerie, qui a depuis longtemps adopté des approches critiques et communautaires du partage des connaissances et du travail culturel. Entrepris par l’artiste-chercheuse Lynn Kodeih, le projet poursuit cette trajectoire en approfondissant l’engagement de la Galerie en faveur de pratiques qui écoutent attentivement et agissent collectivement.