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IGNITION 20
Mathieu Gagnon, Campement boisé, 2024. Avec l'aimable concours de l'artiste.
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1er mai – 31 mai 2025

Michelle Caron-Pawlowsky, Anne Dahl, Ioana Dragomir, Mathieu Gagnon, Charlotte Ghomeshi, M Gnanasihamany, Malik Mckoy, Antoine Racine, Saba Sharifi, Tyra Maria Trono et Anne-Sophie Vallée

Cette vingtième édition de l’exposition IGNITION regroupe onze artistes dont les pratiques artistiques ont en commun l’importance centrale qu’elles donnent aux émotions et aux sensations. Une majorité d’œuvres convoque la nature comme sujet ou comme support pour traiter du rituel et de son potentiel de transformation, de la résilience qui se manifeste sous la forme de processus de régénération ou de résistance et de la survivance par la mémoire matérielle. Les matériaux employés sont d’ailleurs évocateurs et participent, par leurs propriétés telle que la fragilité, la délicatesse, la dureté ou la friabilité, à la création de métaphores qui appellent de multiples réponses sensorielles. Les images du refuge et du sanctuaire, ancrées dans celles du jardin et de la friche, voisinent les végétaux et minéraux dans des œuvres qui invitent au recueillement et à la lenteur, à l’instar de la nature suivant imperturbablement son propre rythme.

Formée en joaillerie, Anne Dahl incruste des pierres sensibles aux variations de température dans ses sculptures suspendues qui s’inspirent de techniques d’orfèvrerie pour travailler des surfaces de métal trouvé. L’usage de pierres d’humeur transforme sa proposition en une sculpture d’ambiance captant l’atmosphère d’un lieu sous la forme d’une couleur. L’œuvre tente de rendre visible une réalité autrement immatérielle, comme les photographies réalisées par Mathieu Gagnon dans une friche de l’Est de Montréal qui a pris les allures d’un boisé depuis une trentaine d’années. Ces images, dont certaines sont imprimées sur des surfaces de plâtre, témoignent d’une forme de résilience inspirante en révélant la capacité de régénération de la nature. Des citoyen·ne·s se sont uni·e·s pour affirmer leur attachement au boisé, menacé d’exploitation, dont la sauvegarde bénéficierait à tous·tes en contribuant à la qualité de vie du quartier. Les écrans tissés à partir de vues du ciel captées au-dessus du jardin de l’autrice anglaise Virginia Woolf, créés par Ioana Dragomir, posent aussi de manière oblique la question de la propriété privée de la nature. Le paysage céleste, dont l’étendue est impossible à circonscrire autrement que de manière artificielle par des effets de cadrages, semble imprenable et donc, inacquérable. Pourtant, ces vues servent à la fabrication de paravents visant à instaurer des espaces privés garantissant l’intimité dans un lieu public. La tension entre espace privé et public se retrouve explorée autrement par M. Gnanasihamany dans une installation qui met en scène des ouvertures vers un ailleurs restant à l’état de promesses. Intéressé·e par les idées de confinement et d’exclusion, l’artiste crée des possibilités d’évasion qui ne sont que des leurres : un puit de lumière inaccessible donnant sur une parcelle de ciel ou un écran de téléphone agissant comme un miroir et un outil de surveillance. Qui, ultimement, a droit à la liberté imagée notamment par les vastes étendues qui ne sont ici qu’entraperçues?

La polysémie est au cœur de l’installation Finishing Holds de Michelle Caron-Pawlowsky qui croise les figures du deuil et de la lutte professionnelle. Par le titre qui réfère autant aux derniers gestes posés auprès d’un·e mourant·e qu’aux prises de fin de combat, l’artiste s’intéresse aux rites funéraires qui ont traversé le temps, dont les jeux funéraires cherchant, dans la Grèce antique, à apaiser l’esprit des morts. Tout près, une œuvre picturale de Malik McKoy représentant une accolade entre hommes protégée par une pellicule plastique mêle humoristiquement plusieurs univers sémantiques en convoquant les images de viande fraîche, de violence, de fraternité et de gestes homoérotiques dont l’expression publique est menacée dans le contexte sociopolitique actuel. Charlotte Ghomeshi imagine de son côté un rituel funéraire à l’honneur de son grand-père Siamack mariant aux paysages québécois des pratiques culturelles iraniennes. Dans le diptyque vidéo, les sites naturels, marqués par le cycle des saisons — porteur de régénération et de transformations — évoquent symboliquement l’impermanence de la vie. Ils s’offrent malgré tout comme des refuges, synonymes de calme et de sérénité. Les petites architectures fabriquées à partir de poches de thé récupérées par Sharifi Saba traitent par métonymie de l’importance des rassemblements et des moments de partage garantissant la survivance par la mémoire. La modestie des bâtiments représentés et la fragilité de leur texture suggèrent l’intimité des confidences; pour permettre à la parole de se délier, il faut que les lieux soient propices à l’écoute et garantissent un sentiment de sécurité.

L’enjeu du care dirigé vers un monde naturel en pleine mutation, affecté notamment par la présence répandue de particules de plastique et autres substances non-organiques modifiant l’équilibre des écosystèmes, s’invite dans les sculptures de Anne-Sophie Vallée qui traitent de la perméabilité des corps vivants. Appelant une expérience haptique, des substances hybrides, tant naturelles qu’industrielles, sont mises à l’examen dans un environnement qui se veut aseptisé. Elles suscitent la curiosité et nous enjoignent à nous interroger sur la nature de notre propre corporalité, remettant en question une conception du monde fondée sur l’autonomie et une distinction ferme entre intériorité et extériorité. Parce que nous sommes en relation symbiotique avec l’environnement qui nous entoure, cette frontière paraît illusoire. La série infravivants d’Antoine Racine poursuit dans cette voie. Composée de cinq boîtes lumineuses, elle emprunte au memento mori en montrant des cultures microbiennes dormantes récoltées à l’été 2024 dans une autre friche post-industrielle de Montréal. En attirant le regard vers des formes de vie en apparences mineures, l’artiste décentre notre attention pour la porter vers des processus de décomposition qui sont nécessaires au cycle de la vie. En cultivant une appréciation plus fine de ces réalités qu’iel considère comme cocréatrices, l’artiste valorise leur rôle pour notre survivance. Ainsi, tour à tour, les propositions des artistes de cette exposition nous enjoignent à ralentir pour mieux observer et ressentir et à se laisser imprégner pour se rendre disponibles aux transformations.

— Anne-Marie St-Jean Aubre et Nicole Burisch, commissaires

IGNITION est une exposition annuelle mettant en valeur le travail d’étudiant·e·s terminant leur maîtrise en Studio Arts et au doctorat en Humanities à l’Université Concordia. Cette manifestation est une occasion pour une génération d’artistes en devenir de présenter des oeuvres ambitieuses et interdisciplinaires dans le contexte professionnel d’une galerie au profil national et international. Ces étudiant·e·s travaillent en collaboration avec l’équipe de la Galerie afin de produire une exposition qui rassemble des oeuvres qui ont une dimension critique, innovatrice et expérimentale menant à une réflexion sur les médias et les pratiques de l’art. IGNITION est d’intérêt pour tous·tes les étudiant·e·s et leurs enseignant·e·s, la communauté artistique et le grand public.

Les projets de la 20e édition d’IGNITION ont été sélectionnés par Anne-Marie St-Jean Aubre, conservatrice de l’art contemporain québécois et canadien au Musée des beaux-arts de Montréal et Nicole Burisch, directirce de la GLBE.

ARTISTES ET ŒUVRES

Michelle Caron-Pawlowsky

Finishing Holds [Prises finales], 2025 —

Fil de métal crocheté, fil à pêche, panneau LED à défilement et poudre de craie

Performeur·euse·s : Emma Dal Monte et Abi Hodson

Dimensions variées

Avec l’aimable concours de l’artiste

Le travail de Michelle Caron-Pawlowsky s’articule autour du rituel et de la transformation. Sa pratique englobe l’installation, la création d’image, le son, la sculpture et le texte, et tient à la fois du journal intime et d’une recherche sur la culture populaire contemporaine, la géopoétique, l’écologie queer, le folklore, l’extinction des espèces, la poésie et les pratiques rituelles. L’artiste se penche sur les potentialités matérielles et transformatrices des images et expérimente avec les significations qui émergent lorsque l’on leur redonne leur présence physique.

Finishing Holds questionne les transformations des rituels et cherche à comprendre quelles pourraient être leurs formes contemporaines. Le projet réfléchit à l’expérience personnelle de la douleur et repense le rituel du deuil à travers le prisme de la lutte professionnelle, en puisant dans l’histoire des combats publics de l’Antiquité conçus comme des cérémonies funéraires commémoratives.

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Le titre évoque à la fois une prise de lutte et les dernières étreintes. Comment l’œuvre évoque-t-elle cette dualité au sein même de sa matérialité ?

Pouvez-vous donner d’autres exemples de rituels ayant été transformés en objets de consommation ?

TRANSCRIPTION

Votre main droite est posée sur leur menton. Enlacez-les en plaçant vos bras autour de leur corps, au creux du dos, et serrez-les contre vous. Allongez-vous sur eux en les serrant dans vos bras. Passez votre bras gauche autour de l’arrière de leur cou. Leur menton devrait reposer sur votre épaule gauche. Attirez-les tout contre vous. Laissez le poids de leur torse reposer sur votre corps.

Votre main droite est derrière leur nuque. Serrez-les fermement et penchez-vous en avant. Vous pourriez avoir envie de les faire tournoyer, en laissant leurs pieds s’envoler. Enroulez votre main droite autour de leur main gauche avec une prise ferme. Tenez-les ainsi pendant un long moment.

(Traduction de l’anglais)

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Anne Dahl

Whole View Of A Shift [Vision globale d’une mutation], 2025
Boucliers thermiques en aluminium (trouvés et reformés), bois tourné enduit, charbon, huile, pierres d’humeur thermochromiques (serties partout), scutelles d’esturgeon (nettoyées par Jesse), poire (déshydratée en studio et sertie dans le bronze), positif en bronze blanc d’un trou de béton (du 545 Legendre Ouest), image diapositive (héritée du grand-oncle Ernest), liens en bronze blanc, charbon de bois (provenant d’un incendie à Golden, B. C.), laine d’acier (utilisée pour nettoyer les métaux trouvés puis sertie dans le bronze blanc), argent sterling (débris de Taylor). C), laine d’acier (utilisée pour nettoyer le métal trouvé, puis enrobée de bronze blanc), liège (débris de Taylor), maillons de laiton formés à la main, argent sterling, ambre, topaze, cire
Dimensions variées

Avec l’aimable concours de l’artiste

Anne Dahl est une artiste interdisciplinaire qui travaille principalement la sculpture sur métal, les matériaux trouvés et le son. À partir de son point de vue et de son histoire en tant que joaillière, elle se concentre sur les thèmes de la présence, du mouvement, de la hiérarchie des matières et des organismes physiques qui suscitent la collaboration entre le corps et les objets.

Whole View Of A Shift explore le sentiment de soi en relation avec la technologie et son influence sur notre compréhension de la présence, incluant la présence à soi. L’assemblage d’objets et de débris agit comme une ligne du temps quotidienne qui reflète les tensions physiques et crée des liens entre l’illusion produite par des structures technologiques invisibles et la matérialité du corps. Elle joue avec la non-linéarité, la pesanteur, les systèmes de valeurs matérielles et la réflexion critique portant à la fois sur le produit et le processus.

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Des « pierres d’humeur » (mood stones) thermosensibles sont incorporées dans l’œuvre et leur couleur se modifie en présence de la chaleur corporelle. Comment les notions du corps et des variations physiques sont-elles évoquées autrement dans l’œuvre ?

L’œuvre associe des objets précieux et des objets trouvés que des chaînes tiennent attachés. Comment ces configurations matérielles reflètent-elles le portrait que fait l’artiste des tensions qui s’établissent entre la technologie et le corps ?

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Ioana Dragomir

privacy screen for kissing (for Virginia) [paravent pour s’embrasser (pour Virginia)], 2024
Impressions numériques des ciels de Virginia Woolf sur papier bond (tissés), treillis de jardinage en plastique, pin, cèdre et cerisier tournés, acier, porcelaine, ruban, vélin, autocollants, perles de verre et trombones
457,2 × 188 × 30,48 cm

privacy screen for lying down (for Virginia) [paravent pour s’étendre (pour Virginia)], 2024
Impressions numériques des ciels de Virginia Woolf sur papier bond (tissés), treillis de jardinage en plastique, cèdre et pin tournés, perles de verre, panneaux de fibres de bois, porcelaine, vélin, ruban, trombones et peinture acrylique
304,8 × 101,6 × 30,48 cm

untitled (real swallows!) [sans titre (véritables hirondelles !)], 2024
Autocollants pour fenêtre
Dimensions variées

Avec l’aimable concours de l’artiste

Ioana Dragomir s’intéresse à la lecture détaillée et à la traduction, considérant ces deux opérations comme des activités de création et de transformation. Son travail est ancré dans une logique poststructuraliste de connections fragiles par déplacement et glissement, qui pose les choses les unes à côté des autres. Cette séduisante absence de fondements est une invitation à l’incertitude qui produit de nouvelles façons de regarder et d’être.

Prendre ces bandelettes du ciel de Virginia Woolf, les tisser, solidifier l’atmosphère, et s’en servir pour créer l’intimité (celle qui ne fait que dissimuler les baisers et les secrets) et planter le décor. Considérer cette maison, ou cet écran, comme une scène. Et, par un mouvement précis de centrage/décentrage du regard sur le ciel, au moment où nous en redescendons, nous pourrions nous poser près d’elle.

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Les deux paravents impliquent à la fois le voilement de gestes privés et le dévoilement de l’atmosphère intime des mondes de Woolf. À travers la composition du maillage et d’autres matériaux, quels autres aspects de l’intimité sont masqués ou mis en lumière par l’œuvre ?

La présence des hirondelles rappelle leur apparition comme décor d’une pièce de théâtre dans le dernier roman de Woolf, Entre les actes (Between the Acts). Comment leur présence sur la vitrine intérieure évoque-t-elle les notions de mise en scène et de théâtre dans le contexte de la galerie ?

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Mathieu Gagnon

Cartographie des effacements, 2024 —
Ruisseau de Montigny (Lidar), 2024
Impression numérique, 109 x 101 cm

Friche de Longue-Pointe, 2024
Impression numérique, 109 x 81 cm

Boisé d’Ailleboust – campement, 2024
Impression numérique, 96,5 x 81 cm

Stèle (marais, roseaux), 2024
Encre à l’huile sur plaques de plâtre, 84 x 110 cm

Avec l’aimable concours de l’artiste

La pratique de Mathieu Gagnon se concentre sur des sites ayant une portée symbolique, historique ou environnementale. Le concept de reconstitution, apparenté à l’archéologie, est au cœur de son approche, qui considère les environnements urbains et naturels comme des récits fragmentés nécessitant une réinterprétation par l’exploration sur le terrain et la recherche archivistique. Son travail intègre également l’imagerie aérienne et la cartographie, suscitant une réflexion critique sur l’urbanité, les politiques, les utopies et notre environnement bâti.

Cartographie des effacements traite de lieux urbains transformés par le développement, à travers différents modes et matérialités photographiques — numérisation 3D, images d’archives, cartes — ainsi que des images gravées sur des supports bruts comme le plâtre. Le projet porte principalement sur les grandes friches de Longue-Pointe dans Hochelaga et leur topographie particulière bordant le fleuve, adoptant une approche documentaire mais aussi poétique.

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Comment les divers procédés utilisés par l’artiste pour la création d’images (par exemple, la photographie, la numérisation 3D, la gravure) suscitent-ils différentes méthodes de reconstitution de ces environnements négligés ?

Comment la composition de ces images questionne-t-elle les notions de « friches » urbaines et d’espaces « inutilisés » ?

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Charlotte Ghomeshi

A Breeze from the Sea [Une brise de mer], 2025
Installation vidéo à deux canaux, couleur, son
4 min 30 s

Avec l’aimable concours de l’artiste

À travers la photographie et la vidéo, Charlotte Ghomeshi explore la mémoire, l’intime et les questions indicibles de la vie. Son travail entrelace les récits personnels et familiaux, réfléchissant sur les relations, la nature et la perte. Ancrée dans un processus thérapeutique, l’œuvre se déploie de façon intuitive, souvent par des mises en scène. Les recherches actuelles de l’artiste analysent comment son triple héritage iranien, québécois et italien module son identité.

A Breeze from the Sea honore la mémoire du grand-père de Ghomeshi, Siamack, qui, après avoir combattu le cancer pendant vingt ans, a refusé un rituel funéraire traditionnel, préférant que ses cendres soient dispersées dans l’eau. En réponse, l’artiste a créé un espace personnel consacré au deuil, réimaginant le jardin persan dans un paysage québécois comme un sanctuaire où l’esprit du défunt puisse perdurer. Ce projet répond à sa quête, celle de renouer avec ses origines en explorant la vie, la mort et les questions qui demeurent sans réponse au sujet de son aïeul et de leur héritage partagé.

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Observez comment, dans la vidéo, l’artiste fusionne paysage et culture pour rendre hommage à Siamack. Quels effets produit ce montage sur la temporalité et la spatialité ?

Quel rôle joue le son dans la construction d’atmosphères de réflexion ?

TRANSCRIPTION ET CRÉDITS

Ronevisi-ye do’â-ye Siamack Ghomeshi
Ay saahebe zamaan
Ay bakh-shandeye mehrabaan
Tan-haa toa raa mi-parastam va
Tan-haa toa raa be koamak mitalabam
Ma-raa beh raa-he raast hedaa-yat koan

Traduction française de la prière de Siamack Ghomeshi

Ô maître du temps
Ô souverain du temps bienveillant
Je ne vénère que toi et
Je te demande seulement de l’aide
Guide-moi vers le bon chemin

Musicien : Showan Tavakol
Directeur photo : Aziz Zoromba
Assistant vidéo : Romain Rabasa
Concepteur sonore : Ilyaa Ghafouri
Preneur de son : Andrés Solis
Coloriste : Samuel Chrétien

L’artiste tient à remercier le Conseil des arts du Canada pour son soutien

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M Gnanasihamany

As Above, No Fixed State [Comme ci-haut, sans état fixe], 2024
Cadre de bois, moniteur, GIF, 13 s (en boucle)
Dimensions variées

Views [Vues], 2024
Cadre de bois sur roues, fenêtres, corde tressée, iPhone, vidéo, 3 min (en boucle)
Dimensions variées

Avec l’aimable concours de l’artiste

À travers la sculpture, la vidéo, le textile et la poésie, M Gnanasihamany a recours au cadrage et au positionnement pour soutenir une réflexion collaborative sur ce que nous pouvons voir lorsque nous résistons aux instances de surveillance et d’incarcération ainsi qu’à l’impérialisme. Quels types de géographies, de paysages et de communautés deviennent possibles quand notre regard traverse les systèmes d’exclusion, d’abandon et de contrôle et qu’il arrive à voir au-delà ? Si nous nous libérions, comment pourrions-nous avoir accès à une vision différente ?

As Above, No Fixed State et Views documentent des recherches en cours sur les géographies carcérales, examinant comment nous les ressentons et comment nous leur résistons à travers les images, l’architecture et les politiques de l’espace. Il n’existe pas de vision neutre ou naturelle du paysage, qu’il s’agisse des ciels accidentellement captés par des caméras de surveillance ou de photos du soleil couchant prises par un cellulaire. En déstabilisant les façons de voir la territoire, l’espace et nous-mêmes, le regard se redirige vers des horizons libérateurs.

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Contemplez la vue dans le faux puits de lumière. Comment l’œuvre met-elle en évidence la façon dont l’architecture discipline le corps et dicte l’accès aux ressources ?

Alors que vous observez l’œuvre, il semble que Views vous observe à son tour. Comment la sensation d’être sous surveillance modifie votre interaction avec l’œuvre ?

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Malik Mckoy

rinse with vinegar [rincer au vinaigre], 2025
Acrylique sur relief en bois
58,1 × 73,7 × 12,7 cm

Avec l’aimable concours de l’artiste

À travers la peinture et les médias numériques, Malik McKoy explore les thèmes de l’intimité et de l’expression de soi. Inspiré par les dessins animés et les graffitis, son travail de mark-making est vibrant et expressif. Grâce à son utilisation de la peinture au pistolet, ses tableaux se révèlent à la fois atmosphériques et assimilables au dessin, donnant aux objets des images à la fois précises et floues. McKoy espère contribuer à la diffusion de perspectives queer de la diaspora africaine en art contemporain.

À la base de ce projet est une image bidimensionnelle générée par ordinateur et offerte par l’artiste en cadeau d’adieu à une personne aimée avant son émigration à Montréal. L’œuvre célèbre ce que la relation a été et accueille ce qu’elle peut devenir à travers le temps. Alors que les années passent, l’œuvre évoque les difficultés à préserver des relations à distance malgré la multiplicité des moyens de communication disponibles.

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Notez la ressemblance de l’œuvre avec un emballage de viande en épicerie. Comment la tension de révélation des formes produite par l’abstraction et l’obscurcissement des détails suscite-t-elle une lecture queer de cette œuvre ?

Comment l’utilisation que fait l’œuvre de la texture et des couleurs communique-t-elle le sentiment de la nostalgie et la dynamique d’une relation changeante ?

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Antoine Racine

infravivants, 2025
Sucre, riz, cultures microbiennes dormantes et boîtes lumineuses
41 × 24 cm chacune

Avec l’aimable concours de l’artiste

Antoine Racine propose des systèmes éphémères orientés vers la vitalité des matières qui les composent. Qu’il s’agisse de moisissures, de variations atmosphériques, de bactéries, d’ondes radio, d’artéfacts piratés ou dematériaux résiduels, iel s’applique à déplacer notre attention vers ces formes d’existence dites « mineures », habituellement confinées à l’arrière-plan de nos vies.

infravivants explore la capacité de certains microbes à entrer dans un état de dormance, suite à leur immersion dans un mélange à haute pression osmotique. En affirmant leur présence au moyen de dispositifs lumineux, l’installation déplie un espace habité par des formes de vie liminales, ni complètement mortes, ni complètement vivantes. Un temps suspendu, hanté par la possibilité d’un réveil. Elle interroge ainsi la temporalité de ces êtres endormis — peut-être pour quelques jours, peut-être pour des millions d’années.

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Pensez au matériel biotique auquel l’artiste a recours pour créer cette installation. Comment la suspension du mouvement et de la croissance pose-t-elle dans l’œuvre la question de la temporalité et de l’action ?

Comparez les différentes boîtes lumineuses. Quelles similarités et quelles différences peuvent être identifiées dans les environnements microbiens fabriqués ?

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Saba Sharifi

Tea House [Salon de thé], 2024 – 2025
Sachets de thé et colle à l’amidon
Dimensions variées

Avec l’aimable concours de l’artiste

Née et ayant grandi à Téhéran en Iran, Saba Sharifi explore les thèmes de l’identité, de la diaspora, du langage et de l’immigration. Son travail actuel se concentre sur la création d’espaces collaboratifs afin de penser l’altérité et d’étudier l’imagerie traditionnelle. Au-delà de son travail d’atelier, elle cherche à mettre sur pied des espaces accessibles pour la collaboration et la réflexion collective sur la diaspora et l’identité à travers la lentille du travail commissarial.

Tea House est une série de structures architecturales miniatures faites de sachets de thé usagés qui explore la relation poétique qui s’établit entre le thé et les espaces partagés. Développant son projet précédent, A Cup of Tea [Une tasse de thé], elle propose ici une réflexion sur la culture des rituels, des rassemblements et des récits. Les taches et les textures qui apparaissent sur les sachets de thé gardent la trace des conversations du passé, faisant allusion aux liens qui existent entre le thé, la communauté et la production de récits.

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Observez les structures de près et avec précision. Quelles formes d’architectures imaginaires se déploient et que peuvent- elles représenter ?

Le thé est un catalyseur courant des relations interpersonnelles. Qu’est-ce qui pourrait constituer un tel catalyseur dans vos réseaux ? Quel serait son potentiel artistique ?

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Tyra Maria Trono

Just a Small Amount for Your Expenses [Qu’un petit montant pour vos dépenses], 2024-2025
Impression numérique sur vinyle
312,42 x 492,86 cm

Tyra Maria Trono est une artiste dont le travail explore la mémoire, la diaspora et l’identité culturelle à travers les traces matérielles de la migration mondiale, de la main-d’œuvre et de l’héritage. S’intéressant aux objets du quotidien, aux rituels et à l’esthétique des magasins à un dollar, sa pratique étudie la manière dont les objets sentimentaux et jetables circulent à travers les frontières, façonnant ainsi un sentiment d’appartenance diasporique. Par le biais d’installations, elle examine la façon dont la mémoire culturelle est médiatisée par les systèmes économiques, soulignant les intersections complexes entre le soin, la marchandisation et les échanges transnationaux.

Just a Small Amount for Your Expenses est une installation qui mêle photographies, souvenirs et objets de magasin à rabais provenant des Philippines et de Montréal afin d’explorer la nostalgie diasporique et la transmission culturelle. Reflétant son engagement continu envers l’esthétique des magasins à un dollar, l’œuvre évoque les textures du retour au pays par des gestes inspirés du pasalubong. Elle invite les spectateur·trice·s à considérer comment la mémoire, la sentimentalité et l’identité culturelle sont négociées à travers des objets du quotidien façonnés par la migration, la nostalgie et le consumérisme.

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Anne-Sophie Vallée

Stretcher [Civière], 2025
Agar, glycérine, graphite, blé, acier, verre et bois
203,2 × 66,04 × 101,6 cm

Church Bed [Lit d’église], 2025
Agar, glycérine, mica métallisé, acier, verre, silicone et bois
182,88 × 66,04 × 96,52 cm

Tray Rack [Claie], 2025
Agar, glycérine, graphite, cuivre, laiton, mica métallisé, acier, verre, bois, poussière et compost
50,8 × 81,28 × 182,88 cm

Avec l’aimable concours de l’artiste

Le travail d’Anne-Sophie Vallée porte sur les relations symbiotiques entre le corps et l’environnement. Elle est préoccupée par l’insidieuse intrusion des substances synthétiques qui suintent dans nos corps et dans la nature à travers un contact épidermique quotidien. Vallée étudie le vitalisme et le nouveau féminisme matériel en incorporant des microparticules de métal et minérales qui se fondent dans une matière organique comme les plantes, le sucre et la gélatine.

Vallée s’inspire de la critique féministe de la théorie de l’objet dans la philosophie occidentale et des sensibilités traditionnellement associées au féminin telles que l’intériorité. Elle considère que la cloison entre l’intérieur et l’extérieur a été percée et que nous nous exposons constamment à de nouvelles contaminations matérielles. Du point de vue de l’écoféminisme, elle cherche de nouvelles façons de vivre avec (le being-with selon Haraway, Barad et Davis) puisque nous demeurons contraint·e·s par l’économie capitaliste à la dépendance pétrochimique.

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Examinez les divers matériaux utilisés dans la composition de ces œuvres. Comment ce mélange de matières fait-il référence à la porosité qui existe entre les corps naturels et les corps synthétiques ?

Quel est le rôle des dispositifs de présentation (civière, lit et claie) et comment la spécificité de chacun d’eux influence-t-elle la lecture des matériaux mis en scène ?

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