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IGNITION est une exposition annuelle mettant en valeur le travail d’étudiant·e·s terminant leur maîtrise en Studio Arts et au doctorat en Humanities à l’Université Concordia. Cette manifestation est une occasion pour une génération d’artistes en devenir de présenter des œuvres ambitieuses et interdisciplinaires dans le contexte professionnel d’une galerie au profil national et international. Ces étudiant·e·s travaillent en collaboration avec l’équipe de la Galerie afin de produire une exposition qui rassemble des œuvres qui ont une dimension critique, innovatrice et expérimentale menant à une réflexion sur les médias et les pratiques artistiques. IGNITION est d’intérêt pour tous les étudiant·e·s et leurs enseignant·e·s, la communauté artistique et le grand public.

IGNITION 20
Mathieu Gagnon, Campement boisé, 2024. Avec l'aimable concours de l'artiste.
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1er mai – 31 mai 2025

Michelle Caron-Pawlowsky, Anne Dahl, Ioana Dragomir, Mathieu Gagnon, Charlotte Ghomeshi, M Gnanasihamany, Malik Mckoy, Antoine Racine, Saba Sharifi, Tyra Maria Trono et Anne-Sophie Vallée

Projets sélectionnés par Anne-Marie St-Jean Aubre, conservatrice de l’art contemporain québécois et canadien au Musée des beaux-arts de Montréal et Nicole Burisch, directrice de la GLBE.

Vernissage le jeudi 8 mai 2024, 17 h 30 à 19 h 30

Rencontre avec les artistes de 16 h 30 à 17 h 30 avant le vernissage

Événement
Communiqué de presse
Pistes de réflexion
Plan d’exposition
Projet satellite

Cette vingtième édition de l’exposition IGNITION regroupe onze artistes dont les pratiques artistiques ont en commun l’importance centrale qu’elles donnent aux émotions et aux sensations. Une majorité d’œuvres convoque la nature comme sujet ou comme support pour traiter du rituel et de son potentiel de transformation, de la résilience qui se manifeste sous la forme de processus de régénération ou de résistance et de la survivance par la mémoire matérielle. Les matériaux employés sont d’ailleurs évocateurs et participent, par leurs propriétés telle que la fragilité, la délicatesse, la dureté ou la friabilité, à la création de métaphores qui appellent de multiples réponses sensorielles. Les images du refuge et du sanctuaire, ancrées dans celles du jardin et de la friche, voisinent les végétaux et minéraux dans des œuvres qui invitent au recueillement et à la lenteur, à l’instar de la nature suivant imperturbablement son propre rythme.

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Formée en joaillerie, Anne Dahl incruste des pierres sensibles aux variations de température dans ses sculptures suspendues qui s’inspirent de techniques d’orfèvrerie pour travailler des surfaces de métal trouvé. L’usage de pierres d’humeur transforme sa proposition en une sculpture d’ambiance captant l’atmosphère d’un lieu sous la forme d’une couleur. L’œuvre tente de rendre visible une réalité autrement immatérielle, comme les photographies réalisées par Mathieu Gagnon dans une friche de l’Est de Montréal qui a pris les allures d’un boisé depuis une trentaine d’années. Ces images, dont certaines sont imprimées sur des surfaces de plâtre, témoignent d’une forme de résilience inspirante en révélant la capacité de régénération de la nature. Des citoyen·ne·s se sont uni·e·s pour affirmer leur attachement au boisé, menacé d’exploitation, dont la sauvegarde bénéficierait à tous·tes en contribuant à la qualité de vie du quartier. Les écrans tissés à partir de vues du ciel captées au-dessus du jardin de l’autrice anglaise Virginia Woolf, créés par Ioana Dragomir, posent aussi de manière oblique la question de la propriété privée de la nature. Le paysage céleste, dont l’étendue est impossible à circonscrire autrement que de manière artificielle par des effets de cadrages, semble imprenable et donc, inacquérable. Pourtant, ces vues servent à la fabrication de paravents visant à instaurer des espaces privés garantissant l’intimité dans un lieu public. La tension entre espace privé et public se retrouve explorée autrement par M. Gnanasihamany dans une installation qui met en scène des ouvertures vers un ailleurs restant à l’état de promesses. Intéressé·e par les idées de confinement et d’exclusion, l’artiste crée des possibilités d’évasion qui ne sont que des leurres : un puit de lumière inaccessible donnant sur une parcelle de ciel ou un écran de téléphone agissant comme un miroir et un outil de surveillance. Qui, ultimement, a droit à la liberté imagée notamment par les vastes étendues qui ne sont ici qu’entraperçues?

La polysémie est au cœur de l’installation Finishing Holds de Michelle Caron-Pawlowsky qui croise les figures du deuil et de la lutte professionnelle. Par le titre qui réfère autant aux derniers gestes posés auprès d’un·e mourant·e qu’aux prises de fin de combat, l’artiste s’intéresse aux rites funéraires qui ont traversé le temps, dont les jeux funéraires cherchant, dans la Grèce antique, à apaiser l’esprit des morts. Tout près, une œuvre picturale de Malik McKoy représentant une accolade entre hommes protégée par une pellicule plastique mêle humoristiquement plusieurs univers sémantiques en convoquant les images de viande fraîche, de violence, de fraternité et de gestes homoérotiques dont l’expression publique est menacée dans le contexte sociopolitique actuel. Charlotte Ghomeshi imagine de son côté un rituel funéraire à l’honneur de son grand-père Siamack mariant aux paysages québécois des pratiques culturelles iraniennes. Dans le diptyque vidéo, les sites naturels, marqués par le cycle des saisons — porteur de régénération et de transformations — évoquent symboliquement l’impermanence de la vie. Ils s’offrent malgré tout comme des refuges, synonymes de calme et de sérénité. Les petites architectures fabriquées à partir de poches de thé récupérées par Sharifi Saba traitent par métonymie de l’importance des rassemblements et des moments de partage garantissant la survivance par la mémoire. La modestie des bâtiments représentés et la fragilité de leur texture suggèrent l’intimité des confidences; pour permettre à la parole de se délier, il faut que les lieux soient propices à l’écoute et garantissent un sentiment de sécurité.

L’enjeu du care dirigé vers un monde naturel en pleine mutation, affecté notamment par la présence répandue de particules de plastique et autres substances non-organiques modifiant l’équilibre des écosystèmes, s’invite dans les sculptures de Anne-Sophie Vallée qui traitent de la perméabilité des corps vivants. Appelant une expérience haptique, des substances hybrides, tant naturelles qu’industrielles, sont mises à l’examen dans un environnement qui se veut aseptisé. Elles suscitent la curiosité et nous enjoignent à nous interroger sur la nature de notre propre corporalité, remettant en question une conception du monde fondée sur l’autonomie et une distinction ferme entre intériorité et extériorité. Parce que nous sommes en relation symbiotique avec l’environnement qui nous entoure, cette frontière paraît illusoire. La série infravivants d’Antoine Racine poursuit dans cette voie. Composée de cinq boîtes lumineuses, elle emprunte au memento mori en montrant des cultures microbiennes dormantes récoltées à l’été 2024 dans une autre friche post-industrielle de Montréal. En attirant le regard vers des formes de vie en apparences mineures, l’artiste décentre notre attention pour la porter vers des processus de décomposition qui sont nécessaires au cycle de la vie. En cultivant une appréciation plus fine de ces réalités qu’iel considère comme cocréatrices, l’artiste valorise leur rôle pour notre survivance. Ainsi, tour à tour, les propositions des artistes de cette exposition nous enjoignent à ralentir pour mieux observer et ressentir et à se laisser imprégner pour se rendre disponibles aux transformations.

— Anne-Marie St-Jean Aubre et Nicole Burisch, commissaires

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Cette année, la Galerie Leonard et Bina Ellen a le plaisir de présenter, en collaboration avec la Galerie FOFA, Just a Small Amount for Your Expenses [Qu’un petit montant pour vos dépenses] de Tyra Maria Trono, un projet satellite spécial dans le cadre d’IGNITION 20, exposé dans la cour extérieure de la Galerie FOFA, au 1515, rue Ste-Catherine Ouest, du 5 mai jusqu’à la mi-août 2025.

Anne-Marie St-Jean Aubre est conservatrice de l’art québécois et canadien contemporain (de 1945 à aujourd’hui) et titulaire de la Chaire Gail and Stephen A. Jarislowsky au Musée des beaux-arts de Montréal. À titre de conservatrice de l’art contemporain au Musée d’art de Joliette, où elle a travaillé de 2017 à 2023, elle a organisé de nombreuses expositions individuelles et collectives mettant en valeur des artistes femmes, des artistes autochtones et des artistes issu·e·s de diverses communautés culturelles.