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Shuvinai Ashoona
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Cartographier des univers
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Shuvinai Ashoona, Sans titre (femme donnant naissance au monde), 2010. Marqueur fin et crayon de couleur sur papier. Collection de John et Joyce Price, Seattle. Photo: Toni Hafkenscheid
Shuvinai Ashoona, Composition (Palourdes et globes), 2010. Marqueur fin et crayon de couleur sur papier. Avec l’aimable concours de John Cook. Photo: Toni Hafkenscheid
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Traduction : André Lamarre
Produit avec l’appui du Frederick and Mary Kay Lowy Art Education Fund.

Le titre Cartographier des univers peut être compris comme une description de la pratique du dessin par Ashoona, toujours en processus de régénération et d’expansion. Un processus de configuration peut aussi résulter de l’action de visiter l’exposition, alors que votre navigation parmi les œuvres jusque dans leurs détails peut produire une sorte de cartographie et vous guider vers des idées nouvelles à propos de l’art inuit, la vie dans le Nord, les mondes intérieurs et extérieurs, et susciter un sens de l’écologie à la fois enraciné dans l’actualité et nourri par l’imagination.

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À cet effet, les pistes de réflexion proposées à propos du travail d’Ashoona constituent autant une forme d’orientation qu’un exercice d’analyse critique. Quels chemins pouvez-vous identifier en traversant les mondes d’Ashoona ? D’où partez-vous ? Où pouvez-vous prendre pied dans ses terres concrètes et imaginaires ? Comment vous familiarisez-vous avec les personnes, les animaux, les entités et les communautés qui les peuplent ? Est-ce qu’une certaine désorientation peut faire partie de ce processus ?

Vous trouverez plus loin des suggestions de points d’ancrage dans le but d’ouvrir des chemins à travers les œuvres de l’exposition. Nous pouvons combiner ces indications avec les notes contextuelles et les textes substantiels des cartels rédigés par la commissaire, qui donnent des informations sur la production artistique à Kinngait, au Nunavut, et le contexte de la démarche d’Ashoona, ainsi qu’une lecture précise de trois œuvres majeures.

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Artiste

Shuvinai Ashoona

Shuvinai Ashoona est née en 1961 à Kinngait au Nunavut ou elle vit et travaille. Le travail d’Ashoona a fait l’objet de nombreuses expositions solos notamment au The Power Plant (2019); Nunatta Sunakkutaangit Museum, Iqaluit (2013); à la MacKenzie Art Gallery, Regina (2012); à la Carleton University Art Gallery, Ottawa (2009); et à l’Art Gallery of Alberta, Edmonton (2006). Elle a également participé a des expositions de groupe entre autres à la Esker Foundation, Calgary (2017); au Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto (2017); à Mercer Union, Toronto (2016); au Musée des beaux-arts du Canada. (2014) et à SITE Santa Fe (2014). Elle a reçu le Prix Gershon Iskowitz en 2018.

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Commissaire

Nancy Campbell

Nancy Campbell, Ph. D., est commissaire d’art contemporain depuis plus de vingt ans. Elle a occupé des fonctions au Musée des beaux-arts de l’Ontario, à l’Université de Guelph, à la Collection McMichael d’art canadien et à la Galerie d’art contemporain Power Plant. En 2006, elle a été commissaire d’une exposition consacrée à l’œuvre de l’artiste inuite Annie Pootoogook à la Power Plant, qui a bénéficié d’une circulation nationale et internationale. Il en résulta que Pootoogook fut invitée à la Documenta 12 et qu’elle obtint le Prix Sobey pour les arts en 2007. La collaboration de la commissaire Campbell avec Shuvinai Ashoona a débuté par une double exposition au Musée d’art de l’Université de Toronto, sous le titre Noise Ghost: Shuvinai Ashoona and Shary Boyle. Depuis, Campbell concentre sa pratique de commissaire sur l’art contemporain inuit et elle a présenté plusieurs expositions dans le but de rapprocher les Inuit.e.s de l’art contemporain.

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Mots Clés

Les globes et la régénération

Le terme « cartographier » n’est probablement nulle part ailleurs plus pertinent que dans la multitude de globes émergeant des dessins d’Ashoona. En tant que motif récurrent, chaque globe constitue une invitation à regarder de nouveau.

Marqués d’une infinie variété de continents, les globes d’Ashoona descendent la rue à la file dans À l’imprimerie (2013). Des globes reposent sur les fonds marins parmi des bancs de poissons alors que des hameçons et des lignes à pêche pendent d’en haut dans Sans titre (Poisson, fanon, globes, galets) (2018) et ils nagent parmi des palourdes dans la Composition (Palourdes et globes) (2010). Une immense créature à la peau de saumon engloutit des globes dans sa gueule aux dents aiguës alors que d’autres bouillonnent sous sa peau dans Sans titre (2017). Le ventre d’une femme enceinte se gonfle d’une nouvelle planète, pendant que des poissons, des outils, des maisons, des œufs et des fruits décorés gravitent autour de deux plus grands globes dans Sans titre (femme donnant naissance au monde) (2010). Des yeux regardent à travers, leurs iris remplacés par des globes.

Plutôt que des objets célestes, les globes d’Ashoona s’avèrent des participants actifs dans leurs mondes respectifs. Tendant à l’ubiquité, on les trouve sous les rochers, sous la peau, en dialogue avec les humains et les animaux. Ils forment des corps et naissent d’eux. Ils habitent des mondes autant qu’ils s’avèrent des mondes inhabitables.

De manière trompeuse, ils se réduisent aussi à de simples gestes de dessin : un cercle, des lignes pour les littoraux, du bleu pour l’eau, du vert et du brun pour la terre. Provisoire et spontanée, chaque composition ajoute une nouvelle variation. Leur ampleur représente la vitalité et l’ensemble des possibilités qu’ils promettent de tenir en tant que mondes, autant que le produit de l’acte contemplatif de dessiner.

EXPLOREZ

  • Examinez avec précision les différences d’échelle et les types d’existence terrestre : les globes, les structures construites, les paysages rocheux, les fonds marins, les crevasses et les mondes souterrains.
  • Étudiez les façons dont les globes interagissent avec les personnes, les animaux et les créatures.
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Photographie et temporalité

On peut voir des photographes qui voyagent dans les œuvres de cette exposition. Bien qu’il s’agisse de figures mineures dans la galerie de personnages qui ne cesse de se multiplier chez Ashoona, ils nous offrent une épaule sur laquelle s’appuyer pour obtenir un angle de vue différent.

Coincé sous la patte griffue d’un géant hirsute dans Composition (Attaque des monstres à tentacules) (2015), un photographe arrive à prendre la photo d’une petite créature bleue à tentacules tentant d’échapper à la folie générale. Assises au centre d’un amas d’os éparpillés dans Publier des os (2015), deux personnes dirigent leurs téléphones intelligents vers le squelette reconstitué d’un animal. Caméra en main, un personnage portant un casque et une lourde combinaison observe de derrière un rocher alors qu’une foule de créatures rampe sur un terrain rocheux dans Créatures (2015).

La photographie introduit ici un sens du temps, de l’histoire, et nous met en contact avec l’œuvre d’Ashoona. Il y a un avant et un après l’attaque, un rapport sur le rassemblement des créatures, le partage des photographies des os équilibrés avec soin. Parcourant des mondes densément peuplés et partagés, l’appareil photographique en tant qu’instrument d’objectivité joue le rôle de témoin de ces événements et de ces apparitions. En même temps, l’activité qui a lieu au sein des mondes d’Ashoona se poursuit sans tenir compte du regard de la caméra, car son échelle et sa portée sont trop vastes, trop vibrantes, trop vivantes pour être captées et maintenues dans un seul cadre.

EXPLOREZ

  • Empruntez le point de vue de l’objectif photographique. En quoi cette action réoriente-t-elle votre compréhension de la scène ? Quelles formes de vision la caméra ou le téléphone intelligent suscitent-ils?
  • Considérez les photographies comme des objets inclus dans les compositions d’Ashoona. Que décrivent-elles ? Comment fonctionnent-elles en relation avec le cadre global de l’œuvre? Quelle conception du temps révèlent-elles ?

 

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Tactilité et interconnexion

Plusieurs des compositions d’Ashoona sont réunies par l’acte du toucher. Il s’agit d’un contact qui met en lumière la densité de ses mondes ainsi que les associations et les connexions qu’elle établit au cours de son processus de dessin.

Son point le plus spectaculaire, on peut le voir Composition (Attaque des monstres à tentacules) (2015), à l’occasion de l’affrontement entre deux géants, un enchevêtrement de tentacules orange et grises, tandis qu’une main surgie hors du cadre agrippe un membre égaré, gesticulant (il en est de même dans Composition (Créature Invasions) (2017). Dans Créatures (2015), des figures élancées et colorées, à l’apparence de serpents, s’enroulent l’une à l’autre, une créature jaune maintient sous sa patte un voisin bleu recroquevillé, un être hybride à l’apparence de poisson nourrit deux petits, et, au centre, une jeune créature jette un regard depuis la capuche de l’amauti de sa gardienne. Dans Composition (Pieuvre à tête rouge) (2016), un ensemble de tentacules touchent le paysage rocheux et s’y fondent, pendant qu’un autre se déploie, reliant et encadrant un ensemble d’images de personnes et de mondes. Finalement, Portrait de famille (2014), montre des chaînes de communication intime à travers des bras drapés sur des épaules et enroulés autour des tailles.

Les tentacules, les doigts, les membres et les corps tracent tous leur chemin dans les dessins d’Ashoona. Ce sont des mouvements hésitants et latéraux — ils rampent sur la terre, ils accèdent à un espace entre les mondes et les êtres, ils attirent à eux les personnes et les créatures et les maintiennent près d’eux, comme si aucun être ne devait être abandonné. Par connexion et superposition, ils forment un filet, une tresse dense mettant en relief l’enchevêtrement et l’interconnexion qui donne forme à ses mondes.

EXPLOREZ

  • Où le contact s’arrête-t-il et où la métamorphose commence-t-elle ? Cherchez les zones floues où les personnes, les animaux, les créatures et le paysage commencent à se fondre.
  • Comment ces connexions sortent du cadre. Remarquez les moments où les figures se retournent vers vous, spectateur ou spectatrice.

 

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Lisibilité et intériorité

Des textes cryptés et disjonctifs, à la fois en inuktitut et en anglais, jouent un rôle important, bien que parfois discret, dans les compositions d’Ashoona. La lecture du travail d’Ashoona nous aide à bien sentir la place de l’intangible, constamment en formation dans ses œuvres.

Dans Sans titre (2017), onze personnes travaillent individuellement sur de grandes feuilles de papier. Une prise en plongée nous offre une vision globale sur leurs écrits : des listes de noms de cités bibliques mêlés à ceux des grandes villes canadiennes; des notes sur le film d’horreur L’Exorciste (un des films préférés d’Ashoona) et sur son actrice vedette, Linda Blair; des noms de superhéros; des dates et des prévisions budgétaires, ainsi que des notations personnelles. Dans Composition (Palourdes et globes) (2010), un texte à l’écriture resserrée encercle les longs siphons des palourdes, nervurés et protubérants. Au cœur de ces listes exhaustives en écriture syllabique, portant sur l’usage et les caractéristiques des palourdes, se trouve une phrase en anglais : INVISABLE [sic] CLAMS FOREVER AND FOREVER (invisibles palourdes toujours et toujours). Les textes se lisent sur des vêtements dans Portrait de famille (2014), se déploient sur des modes graphiques, déclaratifs et introspectifs, partageant des informations, des actions de nomination à moitié interrompues ainsi que des refrains intimes.

Cet usage conjoint de textes en inuktitut et en anglais pose des questions de lisibilité et de fragmentation : À qui cela s’adresse-t-il? Qui peut lire ceci? Toutefois, ce jeu sur l’accessibilité semble moins porter sur les frontières de la communication que sur une interaction ultérieure entre le visible et l’invisible. Portés par le corps sur les vêtements ou inscrits directement sur la peau ou encore sur une page, les textes transmettent des émotions et des états psychologiques, des préoccupations et des fascinations. Ils s’adressent aussi au spectateur, à la spectatrice. Un texte infime, à l’écriture resserrée, guide le regard vers la lecture, vers des récits attirants et fugitifs, et met en connexion avec des éléments absents du dessin.

EXPLOREZ

  • Comment Ashoona travaille les surfaces — le sol, la peau, les vêtements, les coquillages — comme des occasions de communication. À quel moment le texte apparaît-il ou agit-il comme un élément de la nature ? Où se présente-t-il comme commentaire, témoin ou témoignage? Joue-t-il toujours le rôle auquel on peut s’attendre lorsqu’il apparaît sur le tissu ou le papier ?
  • Comment décririez-vous ce que vous voyez? Comment raconteriez-vous les dessins d’Ashoona ?
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Oeuvres Phares

Composition (Personnes, animaux et la Terre se tenant par la main)

_HA_2386_WEBComposition (Personnes, animaux et la Terre se tenant par la main), 2007-2008
Marqueur fin et crayon de couleur sur papier
Avec l’aimable concours d’Edward J. Guarino

Qaujimajatuqangit est un ensemble de connaissances fondées sur la croyance dans les interrelations de la vie. Ce mode de pensée ressort très bien dans cette œuvre , une composition circulaire, expressive et désordonnée issue de l’esprit de Shuvinai Ashoona. Dans ce dessin, un groupe de personnages, main dans la main, forme un cercle autour d’un ours brun sur lequel se trouve un ours polaire, puis un phoque et finalement un omble chevalier.

Les figures humaines de la composition sont surtout des Inuit.e.s vêtu.e.s de façon traditionnelle ou contemporaine. À droite, une mère mi-Blanche, mi-Inuk allaite ses enfants pendant qu’un ancien la tient dans ses bras. À l’autre extrémité, un personnage agenouillé porte deux bébés dans le capuchon de sa parka amauti verte. Entre eux s’interposent un narval ailé, avec une nageoire et une main, et la déesse de la mer Sedna qui porte une botte kamik ; la planète Terre — munie de bras et de mains — ferme le cercle.

Shuvinai note à propos de cette composition : « Je les imaginais en réunion, une réunion internationale afin de discuter des phoques, des ours polaires […] occupés à repenser ce que pourrait être le monde pour les animaux. Je me suis dit que tous ces animaux seraient des amis, même certaines bêtes dangereuses que j’ai vues dans des films sont là. »

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Les transformations de la Terre

Untitled1LowLes transformations de la Terre, 2012
Crayon de couleur et Conté sur papier noir
Avec l’aimable concours de Martha Burns et Paul Gross

Les transformations de la Terre est l’une des nombreuses œuvres réalisées par Shuvinai Ashoona entre 2011 et 2014 dans lesquelles figure le motif du globe terrestre. La Terre y est représentée de multiples façons, notamment sous la forme d’amas de globes, de suites de planètes reliées par des harpons ou des éclairs, ou encore comme élément constitutif de visages et de corps humains. Bien qu’Ashoona ne cherche pas à reproduire les continents de manière géographiquement « fidèle », elle représente toujours les globes terrestres comme étant « semblables à la Terre et/ou propices à la vie. »

Le gros globe situé dans le coin supérieur gauche de l’œuvre montre une vue aérienne d’une communauté peuplée d’animaux sauvages : un morse, un caribou et un lemming y courent dans tous les sens. Ce globe semble s’ériger sur deux jambes humaines dont les pieds arborent du vernis à ongles bleu ciel. Des tentacules de pieuvre — mauve foncé avec le dessous bleu recouvert de ventouses — encerclent les jambes et s’étendent sur presque toute la moitié inférieure de la surface picturale. Les bras du personnage sont constitués d’une enfilade de globes terrestres aux mains munies de pinces qui semblent vouloir saisir quelque chose.

À l’extrême droite, un Inuit vêtu d’une parka traditionnelle et de bottes kamik tient un dessin (un thème qu’Ashoona a déjà exploré). Un des bras du personnage est aussi formé de globes terrestres et se termine par une main aux doigts griffus. Le dessin inséré dans l’œuvre représente un chasseur armé d’une carabine, agenouillé derrière une toile qui lui sert probablement d’écran pour se camoufler. Ashoona a ainsi créé une double mise en abime : l’homme situé à droite tient un tableau illustrant un chasseur qui tient lui aussi un tableau, lequel dépeint possiblement le même paysage de Kinngait que la première œuvre enchâssée.

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Composition (Attaque des monstres à tentacules)

_HA_2329LowComposition (Attaque des monstres à tentacules), 2013
Marqueur fin et crayon de couleur sur papier
Avec l’aimable concours de Paul et Mary Dailey Desmarais III

Composition (Attaque des monstres à tentacules) marque un jalon important dans l’évolution de la pratique de Shuvinai Ashoona. L’apparition d’éléments surréalistes témoigne d’un plus grand sentiment de liberté par la juxtaposition de monstres fantastiques, de créatures marines, de personnages et d’éléments de la culture populaire, le tout rendu dans une riche palette de couleurs.

À gauche se trouve une pieuvre orange aux pattes velues semblables à celles d’un loup et munies de grosses pinces rouges. Des yeux aux formes étranges disposés sur le pourtour de sa tête regardent dans toutes les directions. La bête donne la patte à une autre pieuvre grise, à droite, dont les tentacules s’entremêlent aux jambes d’un être humain de race blanche. Un anneau de visages humains encercle la tête de la pieuvre à la place des yeux. La variété des couleurs de peau et de cheveux qu’Ashoona a données à ces visages est caractéristique de sa manière de représenter l’humanité. Un Blanc aux cheveux blonds portant une parka verte claire se tient debout au milieu du dessin, les bras levés et la bouche grande ouverte, en panique. L’arrière-plan est occupé par un affleurement rocheux détaillé, typique du paysage arctique. Un photographe accroupi sous la grosse patte de l’un des monstres, à sa droite, semble inconscient du drame qui se joue au-dessus de lui et fixe plutôt son objectif sur les petites créatures qui dansent devant lui. Sur le bord gauche de l’œuvre, on voit un bras humain qui tente d’éloigner le monstre orangé. Ashoona fournit très peu d’explications sur le sens de ses élucubrations ; celles-ci émergent plutôt comme des histoires dramatiques qui la ravissent.

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Contexte

West Baffin Eskimo Cooperative et Dorset Fine Arts

« Comme le nombre de nos sculptures augmentait et qu’il y avait une collection de gravures rassemblée au sud, avec Joanasi Solomoni comme interprète, nous en avons appris de plus en plus sur les coopératives. J’ai commencé à penser qu’une coopérative vaudrait mieux que les marchands et, en m’informant davantage, j’ai déterminé que si nous avions une coopérative, nous pourrions avoir deux magasins ici et ce serait mieux, car les prix seraient plus bas. Une coopérative aiderait même notre communauté encore plus que la B.T.C [Baffin Trading Company] parce qu’alors, les gens ne seraient plus pauvres et pourraient vendre eux-mêmes leurs sculptures et leurs gravures par l’entremise de la coopérative. »

-Kanaginanak Pootoogook, membre du conseil et artiste, 1959

 

Au fil des années, la West Baffin Eskimo Cooperative a développé un réseau de marchands en Amérique du Nord et a créé la Dorset Fine Arts à Toronto pour agir en tant qu’intermédiaire entre la coopérative et les marchands. La coopérative organisait des visites communautaires pour les artistes du Sud qui se rendaient dans le Nord, ainsi que des programmes de beaux-arts destinés aux artistes de Kinngait (anciennement nommé Cape Dorset), y compris aux graveur.euse.s et aux sculpteur.trice.s. À ce jour, il s’agit du plus ancien atelier de gravure encore en activité au Canada. Shuvinai Ashoona est membre de la West Baffin Eskimo Cooperative et vit à Kinngait.

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Reconnaissance internationale

Les commissaires internationaux.ales ont mis longtemps à découvrir l’art inuit. Progressivement, grâce au travail d’artistes comme Shuvinai Ashoona, dont les dessins et gravures défient les conceptions esthétiques dépassées de l’art inuit, une attention croissante est accordée aux artistes inuit.e.s à l’international, au-delà du système marchand traditionnel. En 2013, des œuvres d’Ashoona ont été présentées dans l’exposition d’art canadien Oh, Canada au MASS MoCA (North Adams, Massachusetts), dont la commissaire était Denise Markonish, puis dans Unsettled Landscapes à SITElines, SITE Santa Fe (Nouveau-Mexique), une exposition de la commissaire Candice Hopkins qui s’est tenue de juillet 2014 à janvier 2015. Ces récentes présentations attestent de l’accessibilité accrue de l’art inuit en ligne et de son inclusion progressive dans les expositions d’art contemporain.

Ashoona figurait dans l’édition 2015 de la publication de Phaidon Vitamin D2: New Perspectives in Drawing, qui présente une nouvelle génération d’artistes abordant le dessin de manière innovatrice. L’art inuit évolue et s’adapte constamment, à l’instar de la culture inuite en général, et Ashoona joue un rôle clé dans ce changement. Shuvinai Ashoona : Cartographier des univers est sa première exposition individuelle d’envergure présentée dans un contexte muséal.

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RESSOURCES COMPLÉMENTAIRES

Bibliographie

Balzer, David. « An Interview with Shuvinai Ashoona ». The Believer (novembre/décembre 2011). https://believermag.com/an-interview-with-shuvinai-ashoona/

Blodgett, Jean, dir. Three Women, Three Generations: Drawings by Pitseolak Ashoona, Napatchie Pootoogook and Shuvinai Ashoona. Kleinburg, ON : McMichael Canadian Art Collection, 1999.

Boyd Ryan, Leslie, dir. Cape Dorset Prints: A Retrospective; Fifty Years of Printmaking at the Kinngait Studios. San Francisco : Pomegranate Communications, 2007.

Campbell, Nancy. Noise Ghost and Other Stories. Toronto : Justina M. Barnicke Gallery, 2016.

— — — — — . Shuvinai Ashoona : Sa vie et son œuvre. Toronto : Institute de l’art canadien, 2019. https://aci-iac.ca/francais/livres-dart/shuvinai-ashoona/biographie

Dyck, Sandra. Shuvinai Ashoona: Drawings. Ottawa : Carleton University Art Gallery, 2012.

Haraway, « Tentacular Thinking: Anthropocene, Capitalocene, Chthulucene ». e-flux journal no. 75 (2017). https://www.e-flux.com/journal/75/67125/tentacular-thinking-anthropocene-capitalocene-chthulucene/

Hunter, Andrew. The Polar World: Shuvinai Ashoona. Toronto : Art Gallery of Toronto, 2017.

Karetak, Joe, Frank Tester et Shirley Tagalik, dir. Inuit Qaujimajatuqangit What Inuit Have Always Known to Be True. Halifax : Fernwood, 2017.

Mitchell, Marybelle. From Talking Chiefs to a Native Corporate Elite: The Birth of Class and Nationalism Among Canadian Inuit. Montreal and Kingston : McGill-Queen’s University Press, 1996.

Saladin d’Anglure, Bernard. Être et renaître Inuit, homme, femme ou chamane. Paris : Gallimard, 2006.

Sanadler, Daniella. « Soft Shapes & Hard Mattresses: Sex and Desire in Contemporary Inuit Graphic Art and Film ». Inuit Art Quarterly 32, no 2 (été 2018) : 40-47. http://iaq.inuitartfoundation.org/erotic-inuit-art/

Sinclair, James. « Breaking New Ground: The Graphic Work of Shuvinai Ashoona, Janet Kigusiuq, Victoria Mamnguqsualuk, and Annie Pootoogook ». Inuit Art Quarterly 19, no 3/4 (automne/hiver 2004) : 58–61.

Stern, Pamela, et Lisa Stevenson, dir. Critical Inuit Studies: An Anthology of Contemporary Arctic Ethnography. Lincoln : University of Nebraska Press, 2006.

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